Huile sur toile, 61 x 52,5 cm
Diana di Rosa est probablement née à Naples en 1602. On sait qu’elle était la fille d’un peintre, Tommaso di Rosa et que sa mère s’appelait Caterina di Mauro. Elle avait un jeune frère, Franscesco, dit Pacecco, né en 1606.
On dispose de peu d’informations fiables concernant celle qu’on a longtemps appelée Annella di Massimo, sur la foi d’un chapitre du tome 3 du Vite dei Pittori, Scultori, ed Architetti Napolitani (Google Book, p.259), intitulé « Vita di Anna di Rosa, dette Annella di Massimo pittrice », de Bernardo De Dominici (1683-1759), un historien d’art spécialiste du baroque napolitain qui ne manquait pas d’imagination.
Je
ne développe pas, sauf pour préciser que ce prénom d’Annella vient probablement
du surnom « Daniella », mal compris par le biographe.
L’année de la naissance de Diana, son père, Tommaso, avait accueilli dans son atelier un certain Gaspare Del Popolo, lequel épouse en 1610 la sœur de Caterina, Isabella di Mauro. La même année, Tommaso meurt ; Caterina se remarie deux ans plus tard avec Filippo Vitale (1585-1650), peintre caravagiste napolitain. J’ai trouvé ces informations dans une étude précise et documentée. (Giuseppe Porzio, « Ordine teatino e contesto artistico napoletano nel Seicento : Gaspare Del Popolo e una nota su Diana Di Rosa », Chierici regolari teatini le colonne del decumano, p.595-622)
Diana avait dix ans lors du remariage de sa mère, il n’est donc pas incongru de penser que c’est avec Filippo Vitale qu’elle a accompli sa première formation, tout comme son frère Pacecco, un peu plus tard.
Mais
elle connaissait aussi, depuis son enfance, le peintre Gaspare Del Popolo, mari
de sa tante. Et celui-ci l’embauche, par contrat, pour travailler dans son
atelier, en novembre 1621.
En janvier de la même année, Del Popolo a également recruté un jeune homme, âgé de quatorze ans, Agostino Beltrano, lequel avait commencé sa formation chez Filippo Vitale. Autrement dit, Agostino et Diana se connaissaient probablement depuis longtemps.
Pendant ce temps, le frère de Diana, Pacecco, quitte lui aussi l’atelier de Vitale pour celui de Massimo Stanzione.
Judith avec la tête d’Holopherne – vers 1640
On
comprend que Bernardo De Dominici, le « Vasari napolitain » né trente ans après la mort de Diana, se soit
un peu emmêlé les idées entre tous ces oncles, frères, beaux-frères et professeurs…
Mais revenons à Diana. En 1626, elle se marie avec son jeune confrère, Agostino Beltrano. Le maître Del Popolo contribue pour deux cents ducats à la dot de Diana, ce qui laisse supposer qu’il était satisfait de la contribution de sa nièce à la bonne marche de son atelier.
Le nom de Gaspare Del Popolo n’apparaît nulle part sur le Net. La seule œuvre que je lui connais est reproduite dans l’étude citée plus haut mais je n’en ai trouvé aucune autre trace :
Seconde
indication de la bienveillance de Gaspare à l’égard de Diana, il l’inscrit
dans son testament pour le versement d’une rente.
Il est probable qu’ensuite, Diana ait exercé son art dans le même atelier que son mari, Agostino. Lui non plus n’est guère connu, même s’il bénéficie de quelques lignes dans Wikipédia. Il participe à de grands programmes dans les églises de Naples, comme Santa Maria della Sanità, où l’on trouve aussi son beau-frère, Pacecco, et un groupe de peintres choisis pour leur proximité stylistique avec Massimo Stanzione.
Eglise Santa Maria della Sanità, Naples
Je n’ai pas trouvé l’œuvre, intitulée Saint Thomas d'Aquin recevant la ceinture de chasteté, que Pacceco a peint pour cette église. J’en place ici une autre, conservée au musée historique de Vienne, avec une belle série d'œuvres de ce peintre.
Diana participe aussi à des programmes de peintures religieuses :
la Contre-Réforme bat son plein. Deux œuvres lui sont traditionnellement attribuées,
elles se trouvent aujourd’hui sur les côtés de l’autel de l'église de la Pietà
dei Turchini à Naples.
Le musée diocésain de
Naples conserve aussi deux autres œuvres de Diana dans le même registre
religieux. Comme beaucoup de musées italiens, ce musée ne montre pas ses
collections en ligne, ce qui me conduit à utiliser une reproduction assez peu
valorisante de ce Mariage de la Vierge …
…
et de la Sainte Famille, reproduite dans l’étude précitée …
Wikipédia montre un petit détail de l'œuvre qui confirme que Jésus n’apprécie que
très moyennement d’être assigné au balayage !
Et
puisque nous sommes sur le thème de la Sainte Famille, j’ajoute ici un autre
tableau conservé en collection particulière, dont je n’ai trouvé aucune autre représentation. On ne dispose pas des mesures mais la composition
suggère qu’il s’agit plutôt d’une petite toile de dévotion privée.
Dans la catégorie des tableaux de dévotion, l’étude énumère plusieurs autres toiles. L’une d’entre elles a été acquise récemment par un musée américain, une composition séduisante où l’on retrouve la délicate palette jaune et grise de la Sainte Agathe que j’ai placée en exergue, le même dessin des mains, les joues légèrement rosées, la fine écharpe torsadée autour du décolleté.
Huile sur toile – 97,5 x 76,5 cm
Museum of Fine Arts, Boston
Il
existerait deux autres toiles de « petite sainte » :
Et
des compositions plus complexes…
…
dont cette Annonciation que j’ai bien trouvée dans le catalogue (en noir & blanc !) du
patrimoine cultuel italien mais attribuée à Pacecco di Rosa.
Et trois œuvres qui ne sont pas citées dans l’article mais dont la composition et
les visages féminins laissent penser qu’elles pourraient relever du corpus de
Diana :
Huile sur toile, 101 x 155,5 cm
Je termine avec les toiles d’inspiration historique ou mythologique. Giuseppe Porzio en signale une qui, lors de son passage sur le marché de l’art, a été attribuée à son frère, Pacecco di Rosa, ce qui confirme les difficultés d’attribution.
Et pour finir, trois grands tableaux d'histoire qui ne me convainquent pas vraiment. Ils auraient été
peints à la fin de la carrière de Diana. Je les montre sous réserve mais, même sans y ajouter ces trois toiles,
l’œuvre de Diana témoigne assez de son habileté et de son talent.
Enfin, pour en finir avec la légende racontée par Bernardo De Dominici : non, Diana n’a pas été tuée par son mari jaloux de la proximité de son épouse avec le peintre Massimo Stanzione, avec lequel rien ne prouve qu’elle ait jamais travaillé, sauf peut-être comme modèle car sa beauté est restée dans les annales. Toutes ses « petites saintes » paraissent avoir le même visage, c'était peut-être le sien.
Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'on a retrouvé l'acte de décès de Diana, qui précise qu'elle est morte de maladie, à Naples, le 7 décembre 1643.
Quant à Massimo Stanzione, Pacecco di Rosa et Agostino Beltrano, tous trois sont morts en 1656, année funeste de la grande peste de Naples qui décima plus de la moitié de la population de la ville.
*
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