Autoportrait -1885
Huile sur toile 61 x 50 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
(photographié au musée)
Si j’avais trouvé un
autre autoportrait de Berthe, je n’aurais pas choisi celui-là, parce que sa
fille Julie a raconté dans son Journal que sa mère
l’avait roulé et rangé au fond d’une armoire. Ce n’est pas l’idée que je me
fais d’un « autoportrait de postérité », même s’il a été présenté à la
première exposition posthume de Berthe, un an après sa mort. Mais voilà, tous
les autres la représentent avec sa fille. Et puis cet autoportrait est
fort : Berthe nous regarde avec détermination et elle tient à la main,
dans un tourbillon, les attributs de son art, palette et pinceaux !
Lorsque
naît Berthe Morisot, le 14 janvier 1841, son père, Edme Tiburce Morisot, architecte de
formation, est préfet du Cher. Autant dire que son milieu d’origine ne la
prédestine pas particulièrement à tenir les pinceaux ! La famille suit les
affectations du père : Calvados, Ille-et-Vilaine puis Paris où il finit
par être nommé conseiller à la Cour des comptes en 1852.
Berthe
a 11 ans, elle effectue sa scolarité, comme ses deux sœurs ainées, au cours Désir et,
pour parfaire leur éducation, on leur fait étudier dessin et piano. Seules Edma
et Berthe s’intéressent à la peinture et demandent à rejoindre le cours de
Joseph Guichard, élève d’Ingres et de Delacroix. Celui-ci prévient leurs
parents que leurs filles sont douées et qu’elles ne se satisferont pas d’une
pratique en dilettante. Les parents laissent faire, ce qui n’est pas rien.
Berthe
et Edma s’inscrivent au Louvre en 1858, en tant qu’élève de Guichard et copient
des grands maîtres, Véronèse (1528-1588) et Titien (1485 – 1576).
Grâce
à Guichard, Edma et Berthe, qui souhaitent peindre en plein air, rencontrent
Camille Corot. Elles travaillent avec lui puis avec son élève et ami, Achille
Oudinot. Tous trouvent qu’Edma est la plus douée mais Berthe s’accroche. Elle
écrit dans son journal : « Plus on veut, mieux on veut, au moral comme
au physique. J’ai toujours eu la sensation du gouffre ; gouffre de l’action, du
rêve, des souvenirs, du désir, etc… du beau […] il est grandement temps d’agir,
de considérer la minute présente comme la plus importante des minutes, et de
faire ma perpétuelle volupté de mon tourment ordinaire, c’est-à-dire du
travail. »
Jean-Baptiste-Camille Corot (1796-1875)
Souvenir de Mortefontaine – vers 1864
Huile sur toile, 65 x 89 cm
Le Louvre, Paris
Berthe Morisot (1841-1895)
Vieux Chemin d'Auvers - 1863
Huile sur toile, 45 x 23cm
Collection particulière
En
1864, Berthe et Edma présentent chacune deux toiles au Salon de Paris, en tant
qu’élèves de Guichard et Oudinot. C’est à nouveau Edma qui est la plus remarquée
par la critique. C’est cette année-là, aussi, que Berthe rencontre la
sculptrice Adèle d’Affry (Marcello, voir sa notice) dont elle deviendra l’amie
et qui exécutera un buste d’elle puis un portrait à l’huile quelques années
plus tard.
La
même année, la famille Morisot s’installe au 16 de la rue Franklin, à Passy, en face de leur
précédente adresse. Dans cette maison, les
Morisot reçoivent, tous les mardis, des artistes comme Corot, Carolus-Duran et
Degas mais aussi Jules Ferry puis, plus tard, Emile Zola. Et aussi le peintre belge Alfred Stevens qui fera de Berthe ce portrait qu'il offrira à ensuite à Edouard Manet :
Alfred Stevens (1823-1906)
Portait d’une jeune femme (Berthe Morisot) – 1868
Huile sur panneau, 55 x 39 cm
National Gallery of Ireland, Dublin
C’est
là aussi que leur père fait construire pour ses filles un atelier dans le
jardin. Les Morisot resteront une dizaine d’années à cette adresse et Berthe y
peindra plusieurs œuvres, comme Femmes et enfant au balcon (1872) où l’on
voit les jardins du Trocadéro, le Champ-de-Mars et le dôme des Invalides.
Femme et enfant au balcon - 1872
Huile sur toile, 60 x 50 cm
Artizon Museum, Tokyo
Il est probable que la jeune femme présentée sur le tableau
est Yves, la sœur aînée de Berthe née en 1838, avec sa fille Paule Gobillard,
surnommée Bichette. C’est l’époque où Berthe est en relation étroite avec Edouard
Manet qui l’influence visiblement.
Berthe
et Edma ont rencontré Edouard Manet au Louvre, par l’intermédiaire de leur ami Henri
Fantin-Latour (1836-1904). Berthe est impressionnée par le génie de Manet et
lui par la personnalité de Berthe, qui accepte de poser pour Le Balcon, qui fut reçu plutôt fraîchement par la critique du Salon de 1869. Les frères Manet sont régulièrement invités aux « mardis » de madame Morisot et Edouard peindra une dizaine de portraits de Berthe au cours des années suivantes, dont
le somptueux Portrait au bouquet de violettes.
Édouard Manet (1832-1883)
Berthe Morisot au bouquet de violettes - 1872
Huile sur toile, 55 x 38 cm
Musée d’Orsay, Paris
© Musée d’Orsay, RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
A
propos de ce portrait, Paul Valery écrira : « Je ne mets rien, dans
l’œuvre de Manet, au-dessus d’un certain portrait de Berthe Morisot, daté de
1872. Je puis dire à présent que le portrait dont je parle est poème. Par
l’harmonie étrange des couleurs, par la dissonance de leurs forces ; par
l’opposition du détail futile et éphémère d’une coiffure de jadis avec je ne
sais quoi d’assez tragique dans l’expression de la figure. Manet fait résonner
son œuvre, compose du mystère à la fermeté de son art. Il combine la
ressemblance physique du modèle, l’accord unique qui convient à une personne
singulière, et fixe fortement le charme distinct et abstrait de Berthe Morisot.
» (Préface du catalogue de l’exposition marquant les cent ans de la naissance
d’Edouard Manet)
En
cette année 1869, les sœurs Morisot ne participent pas au Salon qui commence en
mai : au mois de mars précédent, Edma a épousé Adolphe Pontillon,
lieutenant de vaisseau, stationné à Lorient. La carrière de peintre d’Edma va
s’arrêter là. L’été suivant, Berthe va rejoindre sa sœur et peint ce lumineux
tableau que Manet qualifiera de chef-d’œuvre.
Le port de Lorient – 1869
Huile sur toile, 43,5 x 73 cm
National Gallery of Art - Washington D.C.
Elle peint aussi ce portrait de sa sœur qu’elle présentera au Salon de 1870 – où
il fera sensation – avec un autre tableau intitulé La Lecture, que Manet
avait jugé approprié de « réviser » (c’est-à-dire qu’il intervint dessus),
à la grande fureur de Berthe.
Jeune femme à la fenêtre – 1870
Huile sur toile, 54,8 x 46,3 cm
National Gallery of Art – Washington D.C.
Ce portrait où Edma jeune mariée un peu désœuvrée, assise à côté
d’une fenêtre qui paraît ouvrir sur un balcon, reste l’œil perdu sur son éventail
comme si elle y retrouvait des joies révolues, exprime peut-être ce que ressent
sa sœur, après l’avoir vue abandonner sa carrière artistique ?
Puis
vient la guerre et le siège de Paris, Berthe se réfugie à nouveau chez sa sœur.
A son retour, elle présente seulement un pastel au Salon, son autre toile ayant
été refusée. Elle commence à vendre un peu, bien peu, par l’intermédiaire du
marchand d’art Durand-Ruel et en ressent une grande frustration.
La robe rose (Portrait d’Albertie-Marguerite Carré) – vers 1970
Huile sur toile, 54,6 x 67,3 cm
The Metropolitan Museum of Art, New York
Jeune femme – 1871
Huile sur toile, 54,6 x 46 cm
The Museum of Fine Art, Houston, Texas
En
dépit de ses maigres succès et de l’insistance de sa mère qui commence à
trouver qu’il serait séant qu’elle se mariât, Berthe travaille avec passion et peint
cette année-là l’un de ses tableaux les plus célèbres, Le Berceau.
Le Berceau – 1872
Huile sur toile, 56 x 46,5 cm
Musée d’Orsay, Paris
© Musée d’Orsay, RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
A
nouveau, aucune des toiles de Berthe n’est retenue pour le Salon, ni cette année-là,
ni la suivante. Tout juste la laisse-t-on montrer des pastels, jugés sans doute
plus appropriés à sa féminité.
La
mort de son père, en janvier 1874, la persuade qu’elle doit se marier pour ne
plus être une charge pour sa famille.
C’est
alors qu’elle décide de répondre à la proposition de Degas de participer à
la première exposition de la « Société anonyme coopérative des artistes
peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes » (l’exposition où est
présentée Impression, soleil levant) qui se tient dans les anciens
ateliers du photographe Nadar. Elle est la seule femme à y figurer cette année-là et, ce
faisant, renonce définitivement à exposer au Salon officiel. Elle y présente
neuf œuvres, dont La Lecture …
La Lecture – 1873
Huile sur toile, 46 x 71,8 cm
The Cleveland Museum of Art, Ohio
… et Cache-cache, où l'on trouve déjà toutes les
caractéristiques de l’impressionnisme : palette claire, contours fondus et
inscription des personnages dans un paysage lumineux.
Cache-cache – 1873
Huile sur toile, 45 x 55 cm
Collection particulière
L’été
suivant, le frère d’Edouard, Eugène Manet, la courtise. Berthe l’épouse le 22
décembre 1874, en dépit des réticences de son jeune frère, Tiburce, qui lui
conseille de n’épouser personne et d’adopter plutôt « la liberté d’allure
d’une veuve honnête ». Sur l’acte de mariage, les deux époux sont déclarés
« sans profession » mais ils sont à l’abri des soucis matériels. Pour
autant, Berthe ne renonce pas à son art et continuera à signer ses œuvres de
son nom, exemple rare en son temps. Quant à Eugène, il ne manquera jamais de
promouvoir avec ardeur la carrière de sa femme.
En
mars de l’année suivante, elle se joint à Renoir, Monet et Sisley qui
organisent une vente aux enchères de leurs œuvres à Drouot, soutenue par Durand-Ruel.
Berthe y propose 5 toiles, quelques pastels et des aquarelles. C’est une œuvre
de Berthe qui atteint le prix le plus élevé. Cependant, la vente est considérée
comme un échec collectif, les enchères n’ayant pas été suivies.
Les
nouveaux époux partent en voyage de noce en Angleterre. Berthe y peint son
premier portrait d’Eugène, prétexte à la représentation du jardin et du port vus à travers la fenêtre et dont elle restitue admirablement la luminosité grise où
éclatent quelques points colorés.
Eugène Manet à l’ile de Wight – 1875
Huile sur toile, 38 x 46
Musée Marmottan Monet, Paris
En
avril suivant, s’ouvre la deuxième exposition des impressionnistes. Cette fois,
Berthe y présente vingt œuvres, dont Au Bal, pour lequel elle a fait
poser un modèle dans son salon puisqu’elle n’a pas d’atelier.
Au Bal – 1875
Huile sur toile, 62 x 52 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
La façon un peu raide dont la jeune femme tient
son éventail est surprenante. J’imagine qu’il s’agit de montrer ce qu’il représente,
visiblement une scène galante dans l’esprit du XVIIIe siècle, que Berthe appréciait particulièrement. On croit reconnaître l'éventail ci-dessous qui a fait partie de la collection personnelle de l'artiste.
La Bergère et l’Oiseleur – vers 1760/1780
Ivoire sculpté, gouache et or sur papier
Musée Marmottan-Monet
« L’œuvre
appartient à un groupe de portraits de jeune fille en toilette de bal. […]
L’intérêt de l’artiste se porte sur le rendu de la robe et des accessoires. La
mousseline du corsage, les gants et l’éventail à dominante blanche contrastent
avec la chevelure, le regard et certaines fleurs sombres. Des touches de jaune,
rouge, bleu et vert égayent l’œuvre et complètent sa palette restreinte
caractéristique de l’année 1875. » (Extrait de la notice du musée)
Petite pause pour montrer deux beaux portraits d'Edma de la même époque :
Portrait de femme – 1872/1875
Huile sur toile, 85,6 x 56 cm
The Courtauld, Londres
Ce portrait se caractérise par une sincérité non idéalisée qui implique que la
peintre connaît très bien le modèle. Cela a conduit penser qu’il pourrait
s’agir de sa sœur, Edma.
Portrait de Madame Edma Petillon, née Morisot – 1876
Pastel sur papier
Musée d’Orsay, Paris
(Photographié dans l’exposition « Pastel de Millet à Redon », musée d’Orsay, mai 2023)
Berthe réalise ce portrait de sa sœur alors que celle-ci est
confinée, attendant son deuxième enfant. Il s’agirait de son deuxième pastel
sur environ 200 et montre son degré d’aisance et sa
capacité à en varier les effets. Elle l’utilise ici mouillé, en épaisseur pour
le visage et à la brosse pour les motifs fleuris du canapé. Le fond est traité
en aplats de pigments gris pâle, un procédé qu’affectionne particulièrement
Manet. (Extrait de la notice de l'exposition)
Encore
Edma, probablement, cette jeune femme sur une terrasse qui conjugue scène d’intérieur et peinture du paysage. L’arrière-plan, rendu comme à la hâte,
est particulièrement évocateur de la lumière parisienne, changeante et légèrement
brumeuse.
Jeune femme arrosant un arbuste - 1876
Huile sur toile, 40 x 31,7 cm
Virginia Museum of Fine Art, Richmond, Virginie
Revenons à l'exposition des impressionnistes. Pour en restituer la réception critique, citons simplement le
journaliste Albert Wolff, qui assène, dans Le Figaro du 3 avril, qu’il a vu les
travaux de « cinq ou six aliénés, dont une femme » …
Qu’importe.
En 1877, à la troisième exposition impressionniste organisée par Gustave
Caillebotte, c’est douze œuvres que présente Berthe, dont La Psyché, son
tableau le mieux reçu par la critique, Jeune femme à sa toilette et Tête de jeune fille.
Aujourd’hui, le livret de cette exposition paraît idéal : entre autres
chefs-d’œuvre, Caillebotte présente Paris, par temps de pluie, Degas sa Répétition
de ballet, Cézanne une Etude de Paysage, Pissarro ses vues de
Pontoise et Monet sa fameuse Arrivée de train gare Saint-Lazare…
La Psyché – 1876
Huile sur toile, 65 x 54 cm
Museo national Thyssen-Bornemisza, Madrid
Jeune femme à sa toilette - vers 1875
Huile sur toile, 60,3 x 80,4 cm
The Art Institute, Chicago, Illinois
A propos de ce tableau, Emile Zola écrit qu'il est illuminé « comme une véritable perle […] les gris et les blancs des étoffes jouent une symphonie très délicate.»
Je
ne résiste pas au plaisir d’ajouter ici ce tableau exactement contemporain de
Manet dont chacun sait « qu’il n’était pas impressionniste. » (!)
Édouard Manet (1832-1883)
Devant le miroir - 1876
Huile sur toile, 93 x 71,6 cm
Salomon R. Guggenheim Museum, New York
Tête de jeune fille - 1876
Huile sur toile
Collection particulière
Peut-on exprimer plus clairement l’ennui profond que ressent
cette jeune-fille, posée sur son canapé, attendant que « cela » se
termine d’une façon ou d’une autre ?
La
Tête de Jeune fille (Femme à l’éventail) de Berthe est comparée au
« ton et l’allure les recherches de M. Stevens », grâce à sa touche
« libre et précise ». C’est assez étonnant quand on pense aux œuvres aux contours bien plus précis de Stevens. En fait, Berthe est en train de développer une
« esthétique de l’ébauche » qui plait (ou déplait) mais s’impose
comme un style qui lui est propre.
Alfred Stevens (1823-1906)
Rêverie - vers 1878
Huile sur toile, 56.2 x 41.3 cm
Collection particulière (vente 1998)
On
voit aussi se mettre en place, progressivement, les thèmes récurrents de l’œuvre de Berthe : des personnages - on disait à l’époque des
« figures » - saisis dans la nature ou installés dans un salon et/ou
devant une fenêtre, le plus souvent des femmes dans leur intimité ou en tenue
d’apparat. Une femme de son milieu doit chercher ses modèles dans son entourage familial ou social, ce qui n'empêche pas Berthe, comme les autres impressionnistes, de représenter ponctuellement les femmes qui travaillent autour d'elle, femmes de chambres, lingères, cuisinières, qui sont nombreuses à intervenir dans les foyers de la bourgeoisie aisée.
L’année
suivante, Berthe met au monde sa fille unique, Julie, le 14 novembre 1878.
Cette année-là, elle n’ira pas à l’exposition impressionniste à laquelle participent pour
la première fois deux autres femmes, Marie Bracquemond et Mary Cassatt avec
laquelle Berthe a des relations un peu distantes. Cette année-là, aussi, meurt
de tuberculose son amie sculptrice, Adèle-Marcello.
Berthe
participe aux expositions impressionnistes de 1880 et 1881 qui commencent à
attirer un nombre significatif de visiteurs. Elle y montre des aquarelles et
des pastels et une quinzaine d’huiles, dont Le lac du bois de Boulogne
et Jeune fille en toilette de bal. La critique devient
dithyrambique (« Madame Berthe Morisot est Française par la
distinction, l’élégance, la gaieté, l’insouciance » et « manie la
palette et le pinceau avec une délicatesse vraiment surprenante ») mais
reste convaincue du caractère « féminin » de son travail, au grand agacement de Berthe.
Le lac du bois de Boulogne (Jour d’été) - 1879
Huile sur toile, 45.7 x 75.2 cm
National Gallery, Londres
Je pense qu'on peut placer ici cette scène non datée où semblent apparaître les mêmes protagonistes, dans la même tenue.
Au
bois de Boulogne –
sans date
Huile sur toile - 61 x 73,5 cm
Nationalmuseum, Stockholm
Jeune femme en toilette de bal - 1879
Huile sur toile, 71,5 x 54,0 cm
Musée d’Orsay, Paris
(Photographié au musée)
Jeune femme en toilette de bal (détail)
Mallarmé admirait ce tableau où la toilette, avec ses touches
de blanc et de vert, fait écho aux fleurs placées derrière le modèle et
souligne la résonnance entre la figure et le fond. C’est lui qui le fit acquérir
par l’Etat, quelques années plus tard, car le tableau avait été retenu avant même l’ouverture
de l’exposition.
A
l’exposition impressionniste de 1880, figurent Eté et Hiver, représentations
de la Parisienne moderne.
Eté (Jeune femme devant une fenêtre) - 1879
Huile sur toile, 76 x 61 cm
Musée Fabre, Montpellier
Le
critique Paul-Armand Silvestre s'extasie devant l’Hiver : « avec sa
figure, si courageusement moderne, de la Parisienne bravant le froid dans ses
fourrures ».
Hiver - 1880
Huile sur toile, 74,9 x 51,6 cm
Dallas Museum of Art, Texas
Hiver (détail)
(Photographié au musée Marmottan en décembre 2023)
Les
Manet-Morisot achètent un terrain sis 40 rue de Villejust (aujourd’hui rue
Paul-Valéry), près du bois de Boulogne, et lancent la construction d’un petit hôtel
particulier. Ils passent tous les étés à Bougival, où ils louent une propriété avec un jardin qui inspire à Berthe de nombreuses compositions, où Julie figure très souvent en compagnie de la jeune servante de la famille.
Eugène Manet et sa fille dans le jardin de Bougival – 1881
Huile sur toile, 73 x 92 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
La chaise panier – 1882
Huile sur toile, 61,3 x 75,5 cm
The Museum of Fine Art, Houston, Texas
Femme et enfant dans un pré à Bougival – 1882
Huile sur toile, 60,1 x 73,3 cm
National Museum Wales, Cardiff
La Fable – 1883
Huile sur toile, 39,6 x 31,6 cm
Collection particulière
(photographié au musée Marmottan en décembre 2023)
La leçon de couture - 1884
Huile sur toile, 59 x 71,1 cm
Minneapolis Institute of Art, Minnesota
La
septième exposition impressionniste (1882) est un succès, on y compte plus de
300 visiteurs par jour, et Berthe figure aussi dans une exposition londonienne.
Après l’été, pendant lequel Berthe et Mary Cassatt se rendent ponctuellement
visite, les Manet-Morisot restent à Bougival pour l’hiver car leur maison n’est
pas terminée.
Au
mois d’avril 1883, Edouard Manet meurt brutalement, des suites de la syphilis.
À
l’automne, Durand-Ruel monte une exposition impressionniste à Londres, Paintings,
Drawings, and Pastels by Members of La Société des Impressionnistes où
Berthe est représentée par trois peintures. Pendant l’hiver, le couple Manet s’installe enfin dans sa nouvelle maison. C’est le salon qui sert d’atelier à
Berthe. Depuis l’atelier construit par ses parents, elle n’a jamais eu d’espace personnel pour peindre. On est encore loin d’une « chambre à soi »...
Avec
Suzanne Leenhoff, la veuve d’Edouard, la famille Manet prépare son exposition
rétrospective qui aura lieu à l’Ecole des Beaux-Arts avec 179 œuvres et un
catalogue préfacé par Emile Zola. Le salon de la rue de Villejust devient, tous
les jeudis soir, le quartier général de leurs amis, Degas, Mallarmé (qui, très
impressionné par la personnalité de Berthe, l’appelle « l’amicale
méduse »), Monet, Renoir, mais aussi Puvis de Chavannes, James Abbott
McNeill Whistler et Gustave Caillebotte.
L’été
1884 sera la dernière année de Bougival. Berthe y peint cet extraordinaire Jardin,
explosion de couleurs lumineuses où les détails sont à peine esquissés, comme saisis
dans l’instant. Il sera présenté à la huitième et dernière exposition impressionniste
de 1886, avec la Petite servante, Roses trémières et Au bain, toile
largement saluée par la critique mais qui ne sera pas vendue et sera finalement
achetée par Claude Monet.
Le jardin à Bougival – 1884
Huile sur toile, 73 x 92 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Devant cette toile, on pense à ce que Mallarmé disait des œuvres de Berthe : « dans un tel milieu de joie,
de fête et en fleur », chaque toile fixe « un suspens de perpétuité
chatoyante. » (« Berthe
Morisot » in Quelques médaillons et portraits en pieds, Divagations,
OC II, p. 151/152)
Pour
autant, Berthe est rarement satisfaite de son travail. Elle exprime souvent les
doutes que ses recherches lui inspirent : « … j’ai pensé tout le
temps à ce qu’Édouard en ferait ; cela naturellement me fait trouver mon essai
d’autant plus laid. » (Lettre à Eugène, 1882)
Roses trémières – 1884
Huile sur toile, 65 x 54 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Jeune femme au divan – 1885
Huile sur toile, 61 x 50 cm
Tate Britain, Londres
Jeune femme au divan (détail)
« La femme représentée est certainement un
modèle, sinon professionnel, du moins qui posait de temps à autre contre
rémunération. Elle n'est ni une parente ni une amie et ma mère ne
connaissait pas son nom. » (Denis Rouard, petit-fils de Berthe, 9 octobre
1969)
La petite servante – 1886
Huile sur toile, 71 x 44 cm
Collection particulière
Au bain – 1885/86
Huile sur toile, 92,1 x 73,3 cm
The Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts
L’été suivant, les Manet-Morisot partent en villégiature à Jersey. Berthe y peint l’Intérieur
de cottage, où l'on voit Julie jouer à la poupée devant une fenêtre donnant
sur un jardin, au-dessus d’un petit port. C’est au retour de Jersey qu’Eugène
contracte une maladie respiratoire dont il ne se remettra jamais vraiment.
Intérieur de cottage - 1886
Huile sur toile, 50 x 60 cm
Musée d’Ixelles, Bruxelles
Bateaux à quai - 1886
Huile sur toile - 49,8 x 59 cm
Collection particulière (vente 2021)
En
1887, Berthe participe à plusieurs expositions, dont celle de La Revue
indépendante, où des œuvres de Manet, Pissarro et Georges Seurat figurent
aussi, et l'exposition annuelle des XX organisée au
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles où elle présente cinq œuvres, dont l’Intérieur
de cottage, qui y sera très apprécié.
Mallarmé
aurait un jour déclaré à Berthe : « une chose dont je suis heureux,
c’est de vivre à la même époque que Monet ». Il tenta de réunir ses amis
autour d’un projet d’illustration d’une anthologie intitulée Le Tiroir de Laque, auquel
il proposa à Monet mais aussi à Berthe, Renoir, Degas et John Lewis Brown (1829- 1890) de
collaborer. Le projet n’aboutit pas et Mallarmé sollicita Berthe pour illustrer
un autre de ses poème, « Nénuphar blanc ». Elle réalisa plusieurs
pointes sèches (que je ne suis hélas pas parvenue à retrouver…) pour ce projet qui n'aboutit pas non plus et lui laissa de grands regrets car elle avait l'impression qu'il lui aurait permis d'avoir fait « quelque chose pour laquelle on se souviendrait d'elle ».
L'anthologie paraîtra finalement en 1891 sous le titre Pages, avec une eau-forte de Renoir en frontispice.
Renoir-Mallarmé
Pages
Grand in-8 broché
Bruxelles, Edmond Denan, 1891, 192 p., 325 exemplaires
Collection particulière
Berthe travaille aussi beaucoup au pastel qu’elle pratique depuis sa jeunesse, notamment
pour portraiturer Julie.
La fille au jersey bleu – 1886
Pastel sur toile, 100 x 81 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Le travail du visage montre qu’elle maîtrise parfaitement la
pratique « classique » du pastel. Le traitement du décors et du vêtement
est d’une facture beaucoup plus moderne, comme l'est aussi celle de ce portrait de la cousine d'Edouard et Eugène Manet :
Mlle Marie de Vaissière – 1887
Pastel sur papier
Collection particulière
(Photographié au musée Marmottan)
C’est
à cette époque que Berthe se rapproche de Renoir dont elle a visité l’atelier l’année
précédente. Elle lui commande un portrait de Julie avec son chat :
Auguste Renoir (1841-1919)
Julie Manet - 1887
Huile sur toile, 65,5 x 53,5 cm
Musée d’Orsay, Paris
© Musée d’Orsay, RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Le
nouveau style de Renoir ne convainc pas ses proches et Degas en aurait fait un
commentaire assez caustique : « A force de faire des figures rondes,
Renoir fait des pots de fleurs ». Mais Berthe est très sensible à cette nouvelle manière qui rejoint ses propres recherches.
Berthe
s’occupe parallèlement de sa nièce, fille de sa sœur aînée, qui souhaite
devenir artiste. Elle l’inscrit au Louvre comme copiste, supervise son travail
et la peint devant son chevalet, dans le salon familial.
Paule Gobillard peignant – 1887
Huile sur toile, 86 x 94 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Paule Gobillard peignant (détail)
Dans un décor resté flou, seul le visage de la jeune fille est
vraiment terminé. Le « double bras » figure le mouvement du pinceau entre la toile et la
palette…
Paule Gobillard en robe de bal – 1887
Huile sur toile
Collection particulière
Photographié dans l'exposition "Berthe Morisot et l'art du XVIIIe siècle"
au musée Marmottan-Monet en décembre 2023
Paule Gobillard en robe de bal (détail)
Paule Gobillard en robe de bal (détail)
Berthe
expose régulièrement, grâce à Durand-Ruel qui ouvre une succursale de sa galerie à New
York où il montre ses œuvres, ainsi qu’à l’exposition impressionniste qu’il
organise dans sa galerie parisienne. Il exposera ce portrait de Louise Riesener où apparaît le goût de Berthe pour le XVIIIe siècle, notamment dans la table en marqueterie et la délicieuse petite nature morte qui s'y trouve.
Portrait de Louise Riesener – 1888
Huile sur toile, 73,3 x 92 cm
Musée des Beaux-Arts de Limoges
(photographié au musée)
Portrait de Louise Riesener (détail)
À
l’automne, la famille part à Cimiez, près de Nice et y reste jusqu’au printemps
1888. Ils y louent la villa Ratti. C’est
peut-être là que Berthe peint cette charmante lectrice. Le travail de la
lumière qui devait entrer à flot par la fenêtre ouverte y est particulièrement
sensible.
La Lecture – 1888
Huile sur toile, 74,3 × 92,7 cm
Museum of Fine Arts, St. Petersburg, Floride
Berthe dessine la végétation
méditerranéenne.
Les Aloès, villa Ratti – 1889
Mine de plomb, 29 x 23 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Berthe
a un rapport difficile avec le dessin dont son tout premier professeur l’a un
peu dégoutée. Elle ne pratique que des esquisses rapides. Elle retrouvera le plaisir de dessiner en travaillant avec
Renoir, au début des années 1890.
Les Aloès, Cimiez – 1889
Huile sur toile, 69 x 50 cm
Collection particulière (vente 2021)
Cueillette d’orange - 1889
Huile sur toile
Collection particulière
De
retour à Paris, Berthe aide Monet à lancer une souscription pour décider l’Etat
à acquérir l’Olympia de Manet, propriété de sa veuve et convoitée par un
américain. Ayant réuni 97 % de la somme demandée, Monet offre officiellement le
tableau à l’Etat qui le refuse pour le Louvre mais finalement accepte de
l’accueillir au musée du Luxembourg…
Il
ne semble pas que Berthe et Mary Cassatt aient été très intimes même si cette
dernière a visiblement fait quelque effort pour se rapprocher de Berthe. Elle
la recommande en 1890 à l’exposition du Woman’s Art Club de New York et les
deux peintres iront ensemble découvrir « les merveilleux Japonais »
de l’exposition sur la gravure japonaise organisée par l’École des Beaux-Arts de Paris. Sur
ce plan, Mary est beaucoup plus expérimentée que Berthe ; elle a déjà exécuté
plus d’une centaine de gravures alors que Berthe commence à peine à s'initier à la pointe sèche et à l’eau-forte.
La leçon de dessin (autoportrait avec Julie) – 1888/1889
Pointe sèche, 35,4 x 27,8 cm
Source Gallica / Bibliothèque nationale de France
Fillette au chat (Julie Manet) – vers 1889
Pointe sèche, 15 x 11,8 cm
Collection particulière
L’année
suivante, une nouvelle exposition impressionniste est organisée par
Durand-Ruel. Berthe y montre onze œuvres. Berthe et Eugène louent une propriété
à Mézy ; Berthe et Renoir travaillent ensemble d’après nature pendant l’été. Il arrivait aussi à Berthe de peindre en compagnie d'Eugène mais probablement pas dans la complicité artistique qu'elle avait connue avec sa sœur. Peindre avec Renoir, qu'elle admirait tout en le considérant comme son égal (ils avaient le même âge), ravivait sans doute le souvenir de cette complicité.
Auguste Renoir (1841-1919)
Jeunes filles dans le jardin de Mézy – 1891
Huile sur toile, 55,5 x 46 cm
Collection particulière
Berthe Morisot (1841-1895)
Foin à Mézy – 1891
Huile sur toile, 50 x 61 cm
Collection particulière
Berthe
commence à Mézy sa série des Cerisiers, pour laquelle elle fait poser
Julie et sa cousine Jeannie Gobillard.
L’œuvre
ne sera jamais exposée au public du vivant de Berthe.
Le Cerisier- 1891
Huile sur toile 154 x 84 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Elle peint cette Bergère couchée la même année :
Bergère couchée – 1891
Huile sur toile
Musée Marmottan-Monet, Paris
Photographiée dans l'exposition "Le décor impressionniste, aux sources des Nymphéas"
musée de l'Orangerie, juillet 2022
Au
cours d’une randonnée, en octobre, Eugène et Berthe découvrent puis achètent, un
château du XVIIe siècle, Le Mesnil, près de Mantes. Eugène meurt le 13 avril
suivant, Berthe se retire un mois au Mesnil puis prépare sa première exposition
personnelle, déjà organisée par Eugène juste avant son décès.
La
première exposition monographique de Berthe se tient du 25 mai au 2 juin 1892 à
la galerie Boussod, Valadon et Cie, 19 boulevard Montmartre, avec
quarante-trois œuvres. Les ventes sont peu nombreuses.
Avec Julie, Berthe
s’installe dans un appartement en location rue Weber et se fait aménager
un atelier dans les chambres de bonne. Pendant l’été, elles séjournent avec
Mallarmé à Valvins dans une petite auberge en bord de Seine. C’est là que
Julie commence à rédiger son Journal (1893-1899). Sa mère continue à la prendre régulièrement comme modèle :
Jeune fille au divan – 1893
Huile sur toile, 45,9 x 55,1 cm
Musée Léon-Dierx, Saint Denis de la Réunion
Julie Manet et sa levrette Laërte – 1893
Huile sur toile, 73 x 94,5 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Julie, en robe de deuil, pose dans l’appartement de la rue
Weber. Sa chienne lui a été offerte par Mallarmé que Berthe a déjà désigné par
testament comme son tuteur légal. L’œuvre tiendra une place centrale dans l’exposition
posthume de Berthe et sera achetée par Claude Monet en mémoire de son amie.
L’année
suivante, c’est Gustave Caillebotte, peintre, mécène et organisateur des quatre
premières expositions impressionnistes, qui disparaît. Il a légué toute sa
collection de peinture (qui ne comporte aucun tableau de Berthe) au musée du Luxembourg
qui n’en accepte qu’une moitié, soit une trentaine. Lui aussi restera méconnu
en France pendant près d’un siècle…
Quelques
temps plus tard, sur l’intervention de Mallarmé, le musée du Luxembourg achète Jeune
femme en toilette de bal, (voir supra) premier tableau de Berthe à figurer dans une
collection publique.
L’été
suivant, Berthe et Julie parcourent la Bretagne puis au début de l’année 1895,
Berthe participe à l’exposition du Woman’s Art Club de New York. Julie tombe
malade, probablement d’une grippe que Berthe contracte en la soignant.
Berthe Morisot meurt
le 2 mars 1895, dans l’appartement de la rue Weber.
Photographie d’Edgar Degas
Paule Gobillard, Jeannie Gobillard, Julie Manet et Geneviève Mallarmé – 1895
Tirage argentique à la gélatine
The Metropolitan Museum of Art, New York
Degas
a photographié la fille de Mallarmé, Geneviève, et « les petites filles Manet »
- Julie Manet et ses cousines Paule et Jeannie Gobillard, toutes trois
orphelines, que les artistes avaient pris sous leur aile. Assises face à Degas, dont l'appareil se reflète dans le miroir, les jeunes femmes sont jointes
l'une à l'autre par la noirceur continue de leurs robes, toile de fond du doux
rythme de leurs mains. (Extrait de la notice du musée)
Pendant
le reste de l’année, Mallarmé, Renoir, Degas et Monet préparent avec Julie - qui a dix-sept ans et raconte ces préparatifs avec passion dans son Journal - une
exposition en mémoire de leur amie. Elle ouvrira le 5 mars 1896 à la galerie
Durand-Ruel avec trois cent quatre-vingts œuvres. Le catalogue porte en frontispice le Portrait de Berthe Morisot (1873) par Manet et s'ouvre sur une préface de Mallarmé qui se termine
par ces mots :
« Rappeler,
indépendamment des sortilèges, la magicienne, tout à l’heure obéit à un souhait,
de concordance, qu'elle même choya, d’être perçue par autrui comme elle le
pressentit : on peut dire que jamais elle ne manqua d’admiration ni de solitude.
Plus, pourquoi – il faut regarder des murs – au sujet de celle dont l’éloge courant
veut que son talent dénote la Femme – encore, aussi qu’un Maître : son œuvre,
achevé, selon l’estimation de quelques grands originaux qui la comptèrent comme
camarade de lutte, vaut, à côté d’aucun, produit par un d’eux et se lie, exquisément, à l’histoire de la peinture, pendant une époque du siècle. »
Edouard Manet (1832-1883)
Portrait de Berthe Morisot – 1873
Huile sur toile, 26 x 34 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
*
En
dépit de l’œuvre considérable qu’elle a laissé – plus de 420 huiles, 181
pastels et 240 aquarelles, Berthe est rapidement classée par les critiques d’art
comme un peintre mineur du mouvement impressionniste voire simplement évoquée comme
modèle de Manet.
Une
première exposition rétrospective est montrée au Mount Holyoke College Art
Museum (Massachusetts) en 1987 puis à la National Gallery of Art de
Washington. Le musée Marmottan-Monet qui lui rendit
son premier hommage parisien en 2012, dix ans après le musée des Beaux-Arts de Lille.
Enfin, l’exposition « Berthe Morisot, femme impressionniste », monographie
coproduite par le Musée national des Beaux-Arts du Québec, la Fondation Barnes,
le Dallas Museum of Art et le musée d’Orsay, a été présentée à Paris en 2019.
La
place de Berthe Morisot, cofondatrice de l’impressionnisme, est enfin redevenue
ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être.
*
Je termine avec quelques petites natures mortes. Berthe en composa très peu, ce
qui les rend encore plus attachantes !
Pivoines – vers 1869
Huile sur toile, 40,8 x 33 cm
National Gallery of Art, Washington D.C.
Pomme coupée au pichet – 1876
Huile sur toile, 32 x 41 cm
Musée Marmottan Monet, Paris
Nature morte avec soupière et pomme – 1877
Huile sur toile, 46 x 56,2 cm
Denver Art Museum, Colorado
Bouquet de fleurs sur une cheminée
Aquarelle
Collection particulière
Fleurs blanches dans un bol – 1885
Huile sur toile, 46 x 55 cm
The Museum of Fine Art, Boston, Massachusetts
La Cage – 1885
Huile sur toile, 50,3 x 38 cm
National Museum of Women in the Arts, Washington D.C.
Et dernier clin d'œil, avant de quitter Berthe…
Chien au ballon – sans date
Huile sur toile, 45 x 41 cm
Collection particulière (vente 2020)
*
N.B : Pour
voir d’autres notices de ce blog, si elles n’apparaissent pas, vous pouvez
cliquer sur « Afficher la version Web » en bas de cette page.