Etonnée
par l’autoportrait de cette jeune femme inconnue, conservé à la Galerie des
Offices, j’ai fait quelques recherches
Elisa est née à Florence le 16 novembre 1812.
Son père, Salomon-Guillaume Counis (1785-1859), né à Genève, a été l’élève de Girodet à Paris et s’est rapidement spécialisé dans la miniature sur email. Il écrira du reste deux ouvrages sur le sujet, une Dissertation sur la peinture en émail, sur la peinture en porcelaine et de leur usage et un Petit traité à l'usage du peintre en émail.
Remarqué par Elisa Bonaparte, grande-duchesse de Toscane qui le choisit comme peintre émailleur personnel en 1811, il la suit en Italie et s’installe à Florence. C’est probablement à cette époque qu’il fait la connaissance de Jean Bernard Sancholle-Henraux, ex-officier devenu négociant, chargé de superviser l’achat de marbre de Carrare pour les monuments français et qui fut, à ce titre, reçu par la grande-duchesse. Salomon restera proche de la famille Sancholle-Henraux.
Le 1er avril 1812, il épouse Elisabeth Harmand, une française assurant la charge de chambriste à la cour de la grande-duchesse, laquelle sera la marraine de leur fille aînée, Elisa. Une seconde fille naît en 1817, Judith, qui meurt dans sa première année.
En 1815, alors que son père quitte Florence, Elisa rejoint son père à Genève. C’est lui qui prend en charge son éducation musicale et artistique. Elle retourne avec son père en Toscane en 1830.
Elisa
peint alors son autoportrait, seule œuvre à l’huile qui soit apparemment restée d’elle.
Elle a vingt-sept ans et porte un camée qui représente Elisa Bonaparte, de laquelle
elle tient probablement son prénom.
Le 16 septembre 1844, Elisa épouse à Florence le marchand genevois François-Louis Le Comte. Elle eut de lui une fille, Lisina, dont on sait seulement qu’elle fut élevée par ses grands-parents maternels.
Elisa meurt 5 décembre 1847, peu de temps après la naissance de sa fille.
C’est son père, désespéré par sa disparition, qui offrit son autoportrait aux Offices de Florence. Il a été présenté une fois dans une exposition intitulée : « Autorittrate artiste di capriccioso e destrssimo ingengo » (« Artistes de fantaisie et d'ingéniosité » du 17 décembre 2010 au 30 janvier 2011), une exposition qui visait à faire connaître les nombreux autoportraits féminins, historiques ou contemporains, conservés dans les vastes collections des Offices.
Outre cet autoportrait, j’ai trouvé un paysage assez peu convaincant dans les collections en ligne des musées suisses (on notera la taille des petits personnages de gauche qui sont là pour donner l'échelle, je suppose…) :
Enfin,
elle est l’auteur du dessin ci-dessous, probablement à la mine de plomb, du neveu de l'ami évoqué plus haut.
On attribue à Elisa d’autres œuvres dont je n’ai pu trouver aucune représentation :
- Deux
paysages des Apennins à l’aquarelle, datés de 1835 et 1838 (un troisième similaire
date de 1843), qui seraient conservées dans la collection Guillermin à
Genève.
- Un
dessin représentant son père de profil dans la vieillesse, assis sur un
fauteuil, dans la collection Maillart-Gosse à Genève.
- Sa dernière œuvre serait le portrait (fictif, car le personnage a vécu au milieu des années 1700) de GM Caglieri, un bienfaiteur de l’Hôpital des Innocents de Florence, qui fait partie d’une série de portraits réalisés par divers artistes florentins entre 1845 et 1849 et serait toujours conservé sur place.
Les informations ci-dessus sont issues pour
la plupart du Dictionnaire Biographique des Italiens - Volume 30 (1984), notice
concernant son père, Salomon-Guillaume Counis.
A titre d’illustration, j’ajoute ici quelques portraits exécutés par son père. Le dernier souligne le fait qu’Elisa n’aurait probablement pas démérité de l'enseignement de son père, en tant que portraitiste…
Voilà,
il arrive parfois que la quête reste vaine.
Mais
un autoportrait des Offices méritait bien de figurer dans ce blog !
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