lundi 11 octobre 2021

Hortense Haudebourt - Lescot (1784-1845)

 

Autoportrait - 1825
Huile sur toile, 74 x 60 cm
Musée du Louvre, Paris

N.B. : Je n’ai pas respecté la datation qui figure sur le site du Louvre (1800), puisqu’à cette date, Hortense avait 16 ans. J’ai trouvé mentionné plusieurs fois celle de 1825 qui me paraît être beaucoup plus raisonnable.


Antoinette Hortense Cécile Viel est née le 14 décembre 1784. Son père, parfumeur et bourgeois de Paris, meurt alors que la fillette n’a que deux ans. Sa mère épouse alors l’apothicaire Jean Louis Lescot, installé 14 rue de Grammont, dont on se souviendra longtemps : la devanture de son officine a été réinstallée dans la salle des enseignes du musée Carnavalet !

Si l’on s’en tient aux termes de sa nécrologie, parue quelques jours après son décès, elle aurait été une jeune fille adulée : « A l’âge de 14 ou 15 ans, elle entra dans le monde et devint une femme à la mode. Le nom de mademoiselle Lescot était déjà connu partout. […] Quelques-uns des élégants de cette époque, qui subsistent encore çà et là, se souviennent des triomphes de mademoiselle Lescot et de l’encens brûlé en son honneur dans les salons du directoire et du consulat. » (L’Illustration, Journal Universel n° 99 du samedi 18 janvier 1845, p.520)

C’est en effet sous le nom de son beau-père qu’elle est alors connue et signera plus tard ses premières toiles, car « Je serais trop heureuse de donner quelque célébrité à son nom : le plaisir qu’il y trouve ne serait que la récompense de ce que je lui dois. » (Ibid.)

 

Enseigne de l’apothicaire Jean Louis Lescot
Musée Carnavalet, Paris

Hortense reçoit sa formation artistique dans l’atelier d’un ami de sa famille, le peintre Guillaume Guillon-Lethière (1760-1832), lequel est nommé en 1808 directeur de l’Académie de France à Rome. Par une chance inespérée pour une femme, à l’époque où le Prix de Rome n’est ouvert qu’aux hommes, Hortense l’accompagne et réside à Rome jusqu’en 1816. Bien sûr, son arrivée fait grincer quelques dents mal intentionnées, auxquelles Guillon-Lethière fait ravaler leur fiel :

« J’ai beaucoup d’envieux. (…) Leur grand prétexte est la présence d’une de mes élèves à Rome, l’enfant d’excellents amis, (…) la multitude recueille volontiers les sottises et les grossit, je sais qu’on a débité à Paris que mon élève demeurait à l’Académie de France comme si (…) j’eusse assez peu de jugement pour exposer une jeune personne au milieu de vingt-cinq jeunes gens ? L’intérêt que je lui porte est celui d’un père et d’un maître qui se plaît à cultiver un talent qui vous étonnera un jour. »

Et, en effet, dès 1810 alors qu’elle est toujours à Rome, elle envoie au Salon du Louvre huit toiles représentant des scènes italiennes (Guincaro, un mendiant, une Prédication dans l’église Saint-Laurent) et reçoit une médaille de 2è classe.

Le commentaire de Charles Landon est élogieux : « Mademoiselle Lescot a envoyé de Rome plusieurs tableaux de scènes familières, parmi lesquels on distingue une prédication dans l’église Saint-Laurent-hors-des murs. Composition, dessin, caractère, costumes, architecture, accessoires de divers genre, tout y est traité avec esprit et facilité. Si, comme il n’est pas permis d’en douter, mademoiselle Lescot a exécuté seule tant d’objets d’espèces différentes, on ne peut lui refuser un talent très-étendu, et surtout une étonnante flexibilité de pinceau. » (Annales des musées et de l’école moderne des beaux-arts, Salon de 1810, Paris, Bureau des Annales du musée, p.104)

A la même époque, elle peint cette toile à laquelle je trouve beaucoup de charme et qui pourrait bien être une évocation de ses propres habitudes :

Portrait de femme dessinant en plein air –vers 1810
Huile sur toile, 40,5 x 32,4 cm
National Museum, Stockholm

Au Salon de 1812, elle récidive en montrant cinq toiles, dont un grand format intitulé Le baisement des pieds dans la basilique Saint-Pierre à Rome, et une scène de genre située à l’entrée d’un jardin italien, Le jeu de la main chaude.

 

Le baisement des pieds dans la basilique Saint-Pierre à Rome 1812
Huile sur toile - 1,48 m x 1,96 m
Musée du Louvre, Paris

Cette cérémonie de trois jours commençait pour la Saint Pierre. Une statue en bronze de l’apôtre était revêtue des ornements pontificaux, assise sur le trône pontifical et la population défilait pour lui baiser les pieds.

 La critique est globalement positive :

 « Mlle Lescot continue à se distinguer : elle semble même vouloir dépasser la proportion qui convient à ces sortes de sujets. Son principal tableau représente le baisement de pieds… […] Ce sujet convenait aux pinceaux de cette artiste, elle l’a traité avec tout le mérite qu’on lui connaît ; cependant on pourrait lui conseiller de ne pas agrandir davantage le cadre de ses tableaux. […] L’effet perspectif du fond n’est pas aussi heureux que celui de l’un de ses premiers tableaux représentant la basilique de S. Laurent et il ne donne pas une idée assez exacte de l’immensité de l’édifice. […] Au reste, cette composition, très-bien disposée pour les lignes et les effets, offre des groupes charmants, pleins de vérité, de finesse et d’esprit.

La scène du Jeu de la main chaude, aussi par Mlle Lescot, est exécutée avec fermeté, adroitement composée, et d’une bonne entente d’effet et de couleur. » (Anonyme, Le Moniteur, n° 69, 10 mars 1813, p.257). 

Le jeu de la main chaude 1812
Huile sur toile, 75 x 100 cm
Musée des Beaux-Arts de Tours

Un des joueur, désigné comme victime, doit se courber sur les genoux d’un autre joueur, les yeux fermés et tendre sa main ouverte derrière lui. Un des autres joueurs lui tape dans la main, la victime doit trouver quel est le joueur qui lui a tapé dans la main.

En 1814, elle propose de nouvelles scènes italiennes, comme La confirmation par un évêque grec dans la basilique de Sainte-Agnès, hors des murs, à Rome ou Un épisode de la foire de Grotta-Ferrata, pris sur nature, scène de genre populaire : les deux facettes de son travail d’observation des coutumes flamboyantes des Italiens, qui comble le goût du pittoresque du public de l’époque.

Charles Landon apprécie : « Ces morceaux, bien composés, présentent de beaux fonds d’architecture, des groupes bien ajustés, une couleur peu brillante mais assez harmonieuse. » (Annales des musées et de l’école moderne des beaux-arts, Salon de 1814, Paris, Bureau des Annales du musée, p.111)

 

Vendeur de reliques à Rome – sans date
Huile sur toile - 74,2 x 62,5 cm
Galleria del Laocoonte, Rome


La confirmation par un évêque grec dans la basilique Sainte- Agnès-hors-les-murs, à Rome - 1814
Huile sur toile, 149,5 x 201 cm
Musée des Beaux-Arts, Rouen

En 1817, le Salon reçoit de sa part sept tableaux, aux titres évocateurs : Une Frascane en prière devant une Madone et Vœu à la Madone pendant un orage

Vœu à la Madone pendant un orage
Reproduit dans Charles Landon, Annales des musées
et de l’école moderne des beaux-arts, Salon de 1817, Planche 57
Source : Gallica / Bibliothèque nationale de France

« Ce groupe de femmes et d'enfans prosternés devant une image de la Vierge au moment où le tonnère [sic] gronde, et où la foudre vient d'éclater, est disposé et rendu avec une vérité d'expression et une vivacité de pinceau remarquables. » (Charles Landon, Annales… Salon de 1817, p.86)


Après son retour en France sa productivité n’a pas faibli, puisque ce n’est pas moins de douze toiles qu’elle présente au Salon de 1819, dont Le meunier, son fils et l’âne, tiré d’une fable de la Fontaine traitant de la difficulté de contenter tout le monde :

[…] L'enfant met pied à terre, et puis le Vieillard monte,
Quand, trois filles passant, l'une dit : C'est grand honte
Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils,
Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis,
Fait le veau sur son Âne et pense être bien sage.
Il n'est, dit le Meunier, plus de veaux à mon âge.
Passez votre chemin, la Fille, et m'en croyez.
Après maints quolibets coup sur coup renvoyés,
L'Homme crut avoir tort et mit son Fils en croupe […]

Le Meunier, son fils et l’âne 1819
Huile sur toile, 46 x 54 cm
Musée Fabre, Montpellier

Cette fois, une partie de la critique renâcle : « Vous vous rappelez, sans doute, les jolis tableaux que Mlle Lescot, élève de M. le Thiers, envoya de Rome, et qui furent exposés dans les précédens salons. Ils nous offrirent un genre neuf et piquant : le costume des femmes italiennes, dont Mlle Lescot a su tirer le plus gracieux parti, de jolis épisodes, des effets pittoresques, une couleur vigoureuse, en voilà plus qu'il n'en faut pour acquérir la réputation de talent dont elle jouit. Eh bien ! croiriez-vous qu'elle semble vouloir renoncer à cette gloire acquise ? Conseillée, ou par des jaloux de ses succès ou par de vieux amateurs du siècle de Boucher, elle vient de faire un petit tableau d'une fable de Lafontaine : le Meunier, son Fils et l'Ane, qui sort tout-à-fait de sa manière accoutumée. Quoique les jeunes filles aient le gracieux costume italien, le blanc, le rose, le vert d'un ton bien léger, un fond de paysage négligé, donnent à cette composition une apparence de porcelaine, qui n'est point digne du talent qui l'a produit. Heureusement que la tête du Meunier, qui est très-bien étudiée, rachète ces défauts qui sont nouveaux pour l'artiste. » (V.F., Lettres à David, sur le Salon de 1819, par quelques élèves de son école, Cinquième lettre, Paris, Pillet aîné, 1819, p.33-34).

Cette toile voisine, dans le même Salon, avec d’autres œuvres. Cette scène historique un peu étonnante :

Diane de Poitiers demande à François 1er la grâce de son père - 1819
Musée national du château de Fontainebleau

François Ier accorde à Diane de Poitiers la grâce de Saint-Vallier, son père, qui avait été condamné à mort. A gauche François Ier debout devant son fauteuil relève Diane agenouillée devant lui.

Ou cette autre qui rencontre un succès mitigé :

Un condamné exhorté par un capucin, au moment de partir pour le supplice
Reproduit dans Charles Landon, Annales des musées
et de l’école moderne des beaux-arts, Salon de 1819, Planche 49
Source : Gallica / Bibliothèque nationale de France

Landon, comme à son habitude, souffre de voir une femme sortir des sujets qu’on attend d’elle : « Nous l'avons dit déjà cette artiste ferait bien de se renfermer, dans les sujets légers et gracieux ; ceux qui réclament un trait austère et prononcé lui conviennent beaucoup moins. La physionomie du capucin qui exhorte le condamné a peu d'onction et le regard du misérable qui va recevoir le châtiment de son crime, au lieu d'annoncer le repentir et la résignation, décèle évidemment la fourberie, l’hypocrisie, l'intention de commettre encore quelque mauvaise action et de tromper s'il lui était possible, le religieux même qui l'assiste dans ses derniers momens. Ce tableau est bien disposé mais l'expression en est manquée. » (Charles Landon, Annales… Salon de 1819, p.73)

D’autres n’ont pas la même réserve : « La tête du condamné est vraiment remarquable ; à travers les formes abjectes de ses traits, l'espoir se peint dans son regard, fixé sur celui qui l'a ranimé, et ce rayon de jour qui l'éclaire ne laisse rien perdre de l'expression de sa physionomie. La tête du vieil ecclésiastique se détache en ombre, et n'est éclairée qu'à sa superficie. Ces pénitens, quoique voilés de la tête aux pieds, ont une expression d'attitude qui ajoute de l'intérêt à cette lugubre scène. Ce tableau est plein d'effet, il est vraiment digne de l'auteur. » (V.F., Lettres à David, sur le Salon de 1819, par quelques élèves de son école, Cinquième lettre, Paris, Pillet aîné, 1819, p.33-34).

Mais, en dépit des réticences, Hortense rencontre l'adhésion du public : « Ses tableaux que les amateurs les plus éclairés se disputaient à l’envi, qui ornaient les galeries du Luxembourg et les galeries particulières […] furent reproduits par la gravure et se répandirent partout. » (L’Illustration, Journal Universel n° 99 du samedi 18 janvier 1845, p.520)

Ce qui ne l’empêche visiblement pas de répondre aussi à des commandes de portraits :

 

Lise Aubin de Fougerais – 1817
Huile sur toile, 41 x 32 cm
Musée du Louvre, Paris

Elle épouse l’année suivante l’architecte Louis Pierre Haudebourt dont elle aura un fils, Pierre. Le couple d’installe dans la Nouvelle Athènes, le tout nouveau quartier qui correspond à l’actuel 9e arrondissement, où converge l’élite intellectuelle et artistique de la capitale - comme Ari Scheffer dont l’ancien hôtel particulier est devenu aujourd’hui le musée de la Vie romantique - qu’elle reçoit brillamment.

« Elle joignit à l’influence de l’artiste toute l’influence de la femme du monde. Son salon était aussi célèbre que son atelier […] Ce salon, où se réunissaient toutes les réputations artistiques, littéraires, aristocratiques, où nous avons vu Talma rencontrer Scribe et Rossini, Horace Vernet, Granet, Picot, Drölling, David d’Angers fraterniser avec tout ce que la cour et la ville comptaient de plus noble et de plus brillant – était un rendez-vous d’élite où l’on ambitionnait d’être admis. [...] si c’était une faveur de paraître dans son salon, c’était une mode de passer dans son atelier à titre d’élève. » (L’Illustration, Journal Universel n° 99 du samedi 18 janvier 1845, p.520)

Sa carrière est lancée : certaines de ses œuvres sont achetées par la duchesse de Berry (belle-fille du roi Charles X) et figurent dans l’ouvrage de Féréol Bonnemaison, peintre et conservateur de la galerie de peintures de la duchesseGalerie de son altesse royale Madame la duchesse de Berry, publié en 1822. Elle s’y trouve, entre autres, en compagnie d’Hubert Robert, Elisabeth Vigée-Le Brun, Boilly, Drölling, van Spaendonck, Prud’hon, Vernet et Marguerite Gérard.

 

Des Piferari devant une Madone – présenté au Salon de 1814

« A l'époque où l'église célèbre l'anniversaire de la naissance du Sauveur du monde, les Piferari quittent en foule leurs montagnes. Ils laissent leurs troupeaux, et, rappelant en quelque sorte l'adoration des bergers de l'Orient, ils font résonner tous les lieux où se trouvent des madones du bruit de leurs pipeaux rustiques.

Ils parcourent Rome et les autres villes de l'Italie, allant de maison en maison, de palais en palais, partout enfin où l'image de la Vierge se rencontre, et faisant, pour ceux dont la foi est vive, la croyance profonde, des neuvaines dont le prix leur est payé en proportion du bien qu'on en attend. Lorsqu'ils ont échangé contre quelques pièces d'argent leurs pieux et monotones concerts et des ustensiles de bois grossièrement façonnés par eux, satisfaits du produit de leur excursion momentanée, ils retournent, quinze jours après les fêtes de Noël, vers leurs paisibles demeures. » (Notice de l’ouvrage précité)

L’écrivain public – présenté au Salon de 1817

Une intention fine, toujours délicatement exprimée, un sentiment exquis des convenances, Voilà ce qui imprime aux ouvrages de madame Haudebourt-Lescot un caractère particulier qui les fait distinguer plus encore que le choix des sujets qu'elle aime à traiter, et la physionomie des personnages qu'elle met en scène.

Ces qualités si précieuses, et qui ajoutent tant de charme à la science du peintre et du coloriste, se font aisément remarquer dans l'Écrivain public.

Quel touchant embarras, quelle naïveté dans l'air, le maintien de cette jolie Frascatane, qui, craignant que son amant absent ne l'oublie, vient, le cœur plein d'inquiétude, lui faire écrire, par une main étrangère, une lettre dont elle vôudroit bien pourtant cacher tous les secrets ! Sa bouche n'articule qu'avec hésitation les mots que sa tendresse lui inspire. Elle tremble, elle balbutie, et près d'elle, son amie, plus vive, plus familiarisée peut-être avec les mystères et les tourments de l'amour, rit de son trouble et de ses craintes. (Notice de l’ouvrage précité)

Quant à sa production de scènes de genre, elle ne faiblit visiblement pas !

 

Scène dans une auberge de campagne italienne – 1821/25
Huile sur toile, 61 x 51 cm
The Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts



Un théâtre de marionnettes sur la place du Panthéon, à Rome
Reproduit dans Charles Landon, Annales des musées et de l’école moderne des beaux-arts
Salon de 1822, Planche 23

« L'artiste […] a réuni dans cette composition tout ce qui peut égayer une scène grotesque et populaire. En face du théâtre est l'étalage d'un marchand de rafraîchissemens. On aperçoit dans le fond la façade du temple magnifique élevé par Agrippa en l'honneur de tous les dieux du paganisme, et consacré maintenant au culte de la vraie religion. Les personnes qui ont visité l'Italie retrouvent dans ce joli tableau le costume et la physionomie des habitans de différentes classes. Ce morceau, le plus important de ceux que M.me Haudebourt a exposés au salon, appartient à M. de Lapeyrière, l'un de nos amateurs les plus zélés. » (Charles Landon, Annales… Salon de 1822, p.41)


Le succès d’Hortense devient si grand qu’elle est, dit-on, la seule artiste féminine à figurer dans l’œuvre monumentale de François-Joseph Heim, Charles X distribuant des récompenses aux artistes du Salon de 1824. Effectivement, si elle n’est pas la seule femme à figurer sur le tableau, il est indubitable qu’elle s’y trouve !

 

François-Joseph Heim (1787-1865)
Charles X distribuant des récompenses aux artistes du Salon de 1824 
Huile sur toile, 173 x 256 cm
Œuvre exposée au Salon de 1825
Musée du Louvre, Paris

Détail (en bas à gauche)

François-Joseph Heim (1787-1865)
Mme Haudebourt-Lescot, peintre, à mi-corps, de profil - 1825
Etude pour le tableau Charles X distribuant des récompenses aux artistes du Salon de 1824
Pierre noire et mine de plomb, 18,2 x 16,7 cm
Musée du Louvre, Paris

S’en suit une période pendant laquelle « les grandes dames, les reines de la mode et du bon ton, voulaient ajouter à leur élégance le charme poétique des arts et elles s’adressaient en foule à madame Haudebourt », qu’évoque assez bien ce tableau, passé en vente récemment :

 

Portrait d’enfant – 1832 
Huile sur toile, 166 x 125 cm
Collection particulière (vente 2021)



Ou cette jeune fille des années 1830 :

 

Jeune fille assise à l'ombre d'un arbre - vers 1830
Huile sur toile, 170 x 115,5 cm
National Museum of Women in the Arts, Washington, DC

Sa renommée finit par atteindre Louis-Philippe qui veut, dans son nouveau Musée de l’Histoire de France de Versailles, célébrer « toutes les gloires de la France ». Il lui adresse plusieurs commandes, en 1835 et 1837.  Hortense adapte habilement son style à chaque commande, passant d’un classicisme de bon ton pour les portraits Grand Siècle, à une veine plus romantique pour la peinture d’histoire.

Claude, comte de Choiseul, Maréchal de France (1632-1711) 
Huile sur toile, 71 x 55 cm
Commande de Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles en 1835
Musée national des Châteaux de Versailles et du Trianon

Portrait posthume de Maria Fortunata d'Este, princesse de Conti (1731-1803) - 1836
Huile sur toile, 55 x 44 cm
Copie d’après un original, jadis conservé au château d’Eu, commandée par Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles en 1835
Musée national des Châteaux de Versailles et du Trianon



François de Lorraine, duc de Guise, recevant la reddition des troupes espagnoles 
après la prise de Thionville, le 23 juin 1558 - 1837
Huile sur toile, 85 x 117 cm
Commande de Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles en 1837
Musée national des Châteaux de Versailles et du Trianon

Lors de son décès, en 1845, Hortense est saluée dans la presse pour « L’influence incontestable qu’elle semble […] avoir exercée sur la direction et la forme de l’art à une certaine époque, influence que l’on n’a peut-être pas encore assez remarquée, nous paraît devoir être l’objet d’un examen sérieux, et d’une étude qui ne sera peut-être pas sans intérêt, comme souvenir historique d’une époque encore bien près de nous, mais que cependant nous avons presqu’oubliée comme si elle était déjà bien loin. »

« Jusqu’alors, et sous la direction de David, toutes les préoccupations s’étaient portées vers les grandes toiles, vers la peinture historique, vers le portrait monumental. La route que suivit mademoiselle Lescot était toute différente et toute nouvelle. Le charme que l’on trouva dans ces gracieux petits cadres étincelants de couleur et d’esprit attira la foule, qui déserta les grandes pages mythologiques […] qui n’étaient plus en harmonie avec une société renouvelée. […] Elle était seule au début : maintenant qu’est devenue la peinture héroïque ? Et quelle fortune n’a pas faite la peinture dite de genre, qui semblait morte avec Greuze, que madame Haudebourt-Lescot a si bien ressuscitée et qui règne aujourd’hui presque sans partage ? » (Nécrologie d’Hortense Haudebourt-Lescot parue dans L’Illustration, 18 janvier 1845, p.520.)

 

Voilà : pas plus, peut-être, mais pas moins non plus !

 

Pierre-Jean David d’Anger (1788-1856)

A Madame Haudebourt-Lescot – 1829
Médaillon en plâtre, diamètre 15 cm
Musée du Louvre, Paris


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