dimanche 5 septembre 2021

Properzia de ’Rossi (1490-1530)

 



Née en 1490, probablement à Bologne, Properzia de ’Rossi a été formée au dessin et à la peinture par Marc Antonio Raimondi mais c’est en tant que sculptrice qu’elle a été active dans la période et à ce titre que son nom a été gardé en mémoire.

Elle est la seule femme à laquelle Giogio Vasari consacre une biographie, dans le premier tome de son ouvrage Vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550), ce qui est en soi remarquable, en dépit de la façon un peu cavalière dont il exprime son intérêt : « Les femmes n’ont pas eu honte de mettre leurs tendres mains blanches dans des choses mécaniques, au milieu de la grossièreté du marbre et la rugosité du fer, pour suivre leurs désirs et gagner la gloire, tout comme notre Properzia de ’Rossi, une jeune femme douée non seulement dans les affaires ménagères mais aussi pour des formes infinies de connaissance qui font l’envie des hommes comme des femmes. »

C’est dans le même article qu’il précise que « les femmes ont brillés dans toutes les sciences et tous les arts qu’elles ont voulu cultiver » (le voilà donc pardonné).

Properzia avait une spécialité un peu bizarre, mais remarquable : elle sculptait de minuscules figures dans des noyaux !

Alors que beaucoup de ses œuvres ne lui sont probablement plus attribuées aujourd'hui, en raison de l’absence de signature, les Armoiries de la famille Grassi justifieraient à elles seules notre admiration : renonçant à la taille-douce habituelle de pierres semi-précieuses, elle a gravé des martyrs et des vierges avec leurs caractéristiques iconographiques précises dans onze noyaux de pêche, de prune et de cerisier, qu'elle a ensuite insérés dans une monture en filigrane d'argent. 

Armoiries de la famille Grassi - vers 1510-30
Noyaux de pêche, de prune et de cerisier, ferronnerie en filigrane d'argent
Université de Bologne

Armoiries de la famille Grassi
Détail d'un noyau de prune sculpté 


Sa créativité et son exquise minutie lui ont valu la notoriété au sein de l'élite de la société italienne. Son noyau de cerisier (ci-dessous), où sont sculptées 100 têtes différentes, serti dans un pendentif en or émaillé, a appartenu au grand-duc Francesco de Medici. Il est aujourd’hui conservé au Palais Pitti.

Pendentif du grand-duc Francesco de Medici
Or, diamants, émail, perles et noyau de cerise
Museo degli Argenti, Palazzo Pitti, Florence

Elle fut aussi la seule artiste féminine impliquée, pour une commande de sculpture, dans la conception de la basilique de San Petronio de Bologne : elle aurait été sollicitée pour terminer les relief du portail que Giacomo della Quercia avait laissé inachevé mais elle n’est citée nulle part dans les articles concernant ce portail.

Toutefois, comme elle semble avoir eu quelques déboires avec Amico Aspertini, également auteur de certains panneaux, ceci explique peut-être cela. Ce qui est certain, c’est qu’elle a sculpté deux bas-reliefs représentant Salomon recevant la reine de Saba (à gauche ci-dessous) et L’épouse de Joseph et Putiphar (à droite) qui sont conservés au musée.

 

Salomon recevant la reine de Saba                               L’épouse de Joseph et de Putiphar – vers 1526
Marbre
Museo de San Petronio, Bologne

J’ai également lu qu’elle aurait exécuté le buste en marbre du comte Guido Pepoli qui se trouverait dans la sacristie de la basilique mais je n’en ai trouvé aucune représentation non plus… contrairement à cette Annonciation qui est présentée au musée médiéval de Bologne.

 

L’annonciation – vers 1510/1540
Museo civico medievale, Bologne


Enfin, Properzia serait morte de la peste, à l’âge de 40 ans….



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