lundi 6 septembre 2021

Plautilla ’Nelli (1524-1588)

 

Buste de jeune femme
Galerie des Office, Florence
Ce n’est pas l’autoportrait de Plautilla mais le dessin est de sa main, alors quelle importance ?

Pulisena Margherita 'Nelli est née à la fin de l’année 1524 et a été baptisée à Florence le 29 janvier 1525. Elle est issue d’une famille aisée de la bourgeoisie marchande florentine. Son père, Piero Luca Nelli, était un marchand de tissus prospère dont la famille était bien connue à Florence. Une rue porte aujourd’hui son nom, la via del Canto de 'Nelli.

Pulisena entre à l’âge de quatorze ans au couvent Santa Caterina da Siena, situé place San Marco à Florence, et prend alors le nom de sœur Plautilla. Ce couvent était dirigé par les dominicains qui subissaient encore à cette époque l’influence de Savonarole (1452-1498), moine et prédicateur dominicain, qui avait réussi à prendre le contrôle politique de Florence entre 1494 et 1498 et y avait institué une dictature théocratique. On se souvient que sous son emprise, un bûcher des Vanités avait été dressé en 1497 sur la Piazza della Signoria pour y brûler des livres, des tableaux et objets jugés licencieux.

Le prédicateur fanatique avait également imposé aux religieuses de peindre des scènes édifiantes pour ne pas se laisser aller à la paresse. Le couvent Santa Caterina da Siena devint ainsi un véritable foyer d’artistes féminines.

Selon Giorgio Vasari (1511-1574), auteur d’un ouvrage intitulé « Vie des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », sœur Plautilla « débuta par copier des tableaux des grands maîtres et finit par faire elle-même de véritables chefs-d’œuvre qui émerveillèrent les artistes. »

En réalité, les religieuses ne pouvant sortir que rarement du couvent, Plautilla a dû s’inspirer de copies qui circulaient à Florence. Les comparaisons qui ont été montrées lors d’une exposition organisée par la Galerie de Offices à Florence, en 2017, indiquent qu’elle s’est notamment inspirée du travail de Fra Bartolomeo (vers 1472-1517). Et même si ce dessin est, à l’évidence, d’une facture moins aboutie que celui de Bartolomeo, son buste de jeune femme (ci-dessus) révèle, en revanche, un style beaucoup plus personnel.

 

A gauche : Fra Bartolomeo, Vierge à l’enfant – vers 1510
A droite : Plautilla ‘Nelli, Madonna dell Latte
Galerie des Office, Florence, Cabinet des dessins et estampes


Plautilla n’était pas seulement une artiste : elle fut élue à plusieurs reprises prieure du couvent où elle passa toute sa vie. Elle se trouvait donc à la tête d’un atelier important dont les productions étaient vendues non seulement aux ecclésiastiques mais également aux aristocrates et à la haute bourgeoisie. Il est probable que l’atelier a été la source principale des revenus du couvent.

Il est donc difficile de déterminer ce qui, dans cette production, relève exclusivement de la main de Plautilla mais cela n’a rien d’étonnant. Tous les peintres anciens ont eu des ateliers et confiaient à leurs élèves les travaux qu’ils jugeaient les moins intéressants.

L’essentiel de la production de Plautilla ‘Nelli peut être rattaché à la période 1550-1588, mais les dates exactes restent incertaines.

En tout cas, Plautilla est la première femme peintre de Florence dont on connait les œuvres autonomes !

 

Sainte Catherine de Sienne
Museo del Cenacolo d’Andrea del Sarto, Florence

Mater Dolorosa
Museo del Cenacolo d’Andrea del Sarto, Florence

Annonciation – vers 1550
Galerie des Offices, Florence

Lamentation des Saints – vers 1550
Museo de San Marco, Florence


La Cène (Le dernier Souper) – vers 1560
Musée Santa Maria Novella, Florence

La Cène (détail)

La Cène (deux détails)

Sauf erreur de ma part, Plautilla est aussi la première femme à avoir peint le dernier repas du Christ…

Un peu plus anecdotique, cette lettrine (majuscule dans un manuscrit) serait également de sa main…

Lettrine A : Présentation de Jésus au Temple avec deux religieuses – vers 1545-1557
Tempera, feuille d'or et encre sur parchemin, 58,7 x 41,4 cm
Musée San Marco, Florence

Giorgio Vasari fut particulièrement élogieux à propos de Plautilla 'Nelli :

 « Une nativité du Christ, quelle fit d’après le Bronzino, montre à quelle hauteur elle se serait élevée, si, comme tous les peintres, elle eût eu la faculté d’étudier d’après nature. On peut s’en convaincre facilement du reste, par ses propres ouvrages où les têtes de femmes, qu’il lui était permis d’étudier à loisir, sont bien supérieures aux têtes d’hommes qu’elle était obligée d’imaginer. Elle a souvent reproduit dans ses tableaux les traits de Madonna Cistanza de’ Doni, et avec une telle perfection que l’on ne saurait désirer rien de mieux. » 

Il suffit de regarder sa Mater Dolorosa pour s'en convaincre !



*

 

N.B : Pour voir d’autres notices de ce blog, si elles n’apparaissent pas sur la droite, vous pouvez cliquer sur « Afficher la version Web » en bas de cette page. 





 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire