lundi 23 mai 2022

Lotte Laserstein (1898-1993)

 

Autoportrait dans l’atelier de la Friedrichsruher Strasse - vers 1927
Huile sur toile, 32 x 42 cm
Collection particulière

Lotte Laserstein est née le 28 novembre 1898 à Preussisch Holland, une petite ville de Prusse orientale (aujourd’hui Pelsak en Pologne), dans une famille aisée. Hugo, son père, est pharmacien ; sa mère, Meta, est pianiste et peintre sur porcelaine.

En raison du décès de son père en 1902, elle a grandi à Danzig, dans un environnement féminin : sa mère, sa sœur Käthe, sa grand-mère, sa tante Elsa Birnbaum qui dirige une école de peinture où Lotte, qui a décidé très jeune de devenir artiste, reçoit son premier enseignement artistique. En 1912, sa famille déménage à Berlin.

Les deux sœurs font des études. Lotte s'inscrit en 1918 à l'Université Friedrich Wilhelm de Berlin pour étudier la philosophie et l'histoire de l'art et fréquente également une école d'imprimerie appliquée, puis elle suit une formation privée avec le peintre Leo von König (1871-1944). Mais la situation financière familiale devient difficile, en raison de l’hyperinflation qui sévit en Allemagne. Lotte doit prendre des emplois temporaires d’illustratrice.

En 1921, elle fait partie de la première génération de femmes à être admise à l’Académie des Arts (Preußische Akademie der Künste) de Berlin. Elle étudie avec Erich Wolfsfeld (1884-1956), peintre de genre et portraitiste qui la désigne en 1925 comme sa meilleure élève, ce qui lui permet de disposer de son propre atelier.

 

Erich Wolfsfeld (1884-1956)
Portrait de Sir William Goscombe John – vers 1944
Huile sur panneau, 60 x 39,4 cm
National Portrait Gallery, Londres


Selbstporträt mit weissem Kragen (Autoportrait au col blanc) - vers 1923
Huile sur papier, 32 x 24 cm
Collection particulière

Pour situer Lotte dans la scène artistique de son temps – elle peint à la même époque que le groupe expressionniste Die Brücke - on peut dire que son style est clairement plus académique qu’avant-gardiste.

 

In Andacht (En dévotion) – 1925
Huile sur toile, 65 x 45,7 cm
Collection particulière (vente 2017)

Elle reçoit la médaille d’or de l’Académie en 1925 et rencontre cette année-là Gertrud Süssenbach, surnommée Traute et connue sous le nom de Traute Rose après son mariage en 1933 avec l’écrivain Ernst Rose. Athlète confirmée, formée à la gymnastique dansée et accessoirement entraîneuse de tennis, elle devient son modèle préféré. Traute sera photographe dans les années 30, monitrice de ski pendant une partie de la guerre, puis à nouveau photographe indépendante. Elle restera amie avec Lotte – et simplement amie selon toutes probabilités - pendant près de cinquante ans.

 

 

Photographe inconnu
Traute Rose – vers 1934
Collection particulière

 

Joueuse de tennis (Traute Rose) – 1929
Huile sur bois, 110 x 95,5 cm
Collection particulière

Dès l’obtention de son diplôme en 1927, Lotte crée son propre atelier, 33, Friedrichsruher Strasse dans le quartier berlinois de Wilmersdorf, où elle dirige également une école privée de peinture, la Zeichen und Malschule Lotte Laserstein.

La peinture de Lotte est aujourd’hui généralement classée dans le mouvement de la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité), aux côtés de ses contemporains masculins Otto Dix, George Grosz et Christian Schad, mais ses tableaux sont dépourvus de satire politique. Ses modèles préférés de l’époque sont souvent des femmes, des « garçonnes » aux cheveux courts, saisies dans des activités de la vie moderne.

Le plus souvent, elle travaille avec une base de couleurs vert-brun et peint alla prima, une technique de peinture à l’huile dans laquelle l’aspect final du tableau est obtenu par l’application d’une seule couche de peinture. Et elle reste fidèle au réalisme de Wolfsfeld mais en l’inscrivant résolument dans la modernité.

 

Im Gasthaus (Au restaurant) – 1927
Huile sur bois, 54 x 46 cm
Collection particulière

Elle participe à une vingtaine d’expositions ; son tableau, Im Gasthaus, est acheté en 1928 par la ville de Berlin et on peut voir sa Joueuse de tennis dans les magazines grand public…

 

Magazine Der Bazar numéro 19, 1930


Comme ses consœurs artistes de la même époque, elle multiplie les autoportraits, où elle porte souvent sa blouse de peintre, devant une fenêtre surplombant un paysage urbain.

 

Autoportrait au chat – 1928
Huile sur panneau, 61 x 51 cm
Leicester Museum & Art Gallery, Leicester

Sa collaboration avec Traute est égalitaire, comme on le voit dans le tableau des Deux jeunes femmes de 1927 où Traute regarde par-dessus son épaule avec un œil critique. J’aime beaucoup cette composition, à la fois naturelle et expressive, double portrait de deux femmes modernes et insouciantes des années trente, mais je ne suis pas parvenue à découvrir où elle peut bien être conservée, sans doute en collection privée…

 

Zwei Mächen (Deux jeunes filles) – 1927


Malerin und Modell (Peintre et modèle) – 1929
Huile sur panneau, 49,5x 69,5 cm
Collection particulière

En comparant ces deux toiles, on se demande à quel moment Lotte a utilisé un double miroir, puisqu’elle paraît droitière dans l’une et gauchère dans l’autre…

La confiance entre la peintre et son modèle permet à Lotte d’expérimenter des compositions complexes, comme ici, où l’image représentée est entièrement inversée par le jeu du miroir.

 

 

In meinem Atelier (Dans mon atelier) – 1928
Huile sur panneau, 46 x 73 cm
Collection particulière

Le modèle n’est pas dans la bonne position par rapport à la peintre, qui ne peut pas la voir de face puisqu’elle lui tourne le dos. Elle peint donc son modèle d’après ce qu’elle voit dans la glace. Autre petite chose curieuse : Lotte se représente en train de peindre une toile, alors que le tableau qu’on regarde a été peint sur un panneau de bois !

 

La même année, Lotte est finaliste du « concours du plus beau portrait de femme allemande », organisé par la société de cosmétiques Elida. En fait, son modèle était la fille des locataires russes de sa famille…et encore le jeu du miroir.


Russisches Mädchen mit Puderdose (Jeune fille russe au poudrier) – 1928
Huile sur panneau de bois, 31,7 x 41 cm
Städel Museum, Francfort-sur-le-Main
(Photographié dans l'exposition du Musée national d'Art moderne, 
"Allemagne Années 1920, Nouvelle Objectivité"
mai - septembre 2022)


De fait, elle paraît avoir trouvé de nombreux modèles parmi les exilés russes :

 

Russisches Mädchen (Jeune femme russe) – vers 1928
Huile sur panneau, 32 x 23 cm
Collection particulière


Mongol - 1927
Huile sur panneau, 27,1 x 21,8 cm
Collection particulière

En 1929, Lotte devient membre de l’Association des femmes artistes de Berlin (Verein der Berliner Künstlerinnen).

 

Der Motorradfahrer (Le motocycliste) – 1929
Huile sur bois, 71,4 x 43,8 cm
Deutsches Historisches Museum
© Photo : VG Bild-Kunst, Bonn 2019

Avec ce beau travail des matériaux, le cuir et le métal, Lotte démontre sa technicité. Et la société allemande qu’elle met en scène est Moderne par conviction !

 

Eine moderne Frau aus Überzeugung, Polly Tieck (Une femme moderne par conviction) – 1929
Huile sur toile
Collection particulière


C’est cependant avec Traute, la sportive qui peut tenir, pendant des heures, des poses qu’on imagine douloureuses pour n’importe qui, que Lotte exprime le plus clairement sa vision de la nouvelle femme.

 

Toilette du matin – 1930
Huile sur panneau, 99,6 x 65 cm
National Museum of Women in the Arts, Washington D.C.

« Dans son style franc, sobre et peu flatteur, cette œuvre est typique du réalisme allemand. Bien qu’il présente la figure nue grandeur nature d’une femme à sa toilette – un thème vénérable de l’art occidental et japonais –Toilette du matin montre peu de la sensualité ou de la grâce généralement associées à ce sujet.

Laserstein dépeint la neue Frau (nouvelle femme) : physiquement puissante et indépendante. Le lien de Traute Rose avec le monde des années 1930 est évident à travers des détails comme ses cheveux coupés en rond et jusqu’au menton, dont plusieurs mèches pendent à côté de son visage. Elle est également liée à la réalité par les chaussons bien usés et le bassin d’eau à moitié plein, au bord inférieur de la toile. » (Extrait de la notice du musée).

Pour la petite histoire, ce tableau de Lotte est le tout premier à être entré dans les collections du National Museum of Women in the Arts, juste avant l’ouverture en 1987 de ce musée exclusivement consacré aux artistes féminines.

 

Deux ans après Dans mon atelier, Lotte renouvelle la « mise en miroir » qu’elle affectionne pour montrer le corps de Traute de face et de dos en même temps…et se représente elle-même grâce au second miroir ! 

 

Vor dem Spiegel (Devant le miroir) - 1930/31
Huile sur toile
Collection particulière

 

C'est aussi en 1930 que Lotte peint son œuvre la plus célèbre (cliquer pour agrandir) :

 

Abend über Potsdam (Soirée au-dessus de Potsdam) – 1930
Huile sur panneau, 110 x 205,5 cm
Staatliche Museen zu Berlin
© photo : bpk/ SMB - Roman Mars

Le tableau représente cinq de ses amis à la fin d’un repas, au-dessus de la très conservatrice Potsdam - juste à côté de Berlin - où on reconnaît les églises St. Nikolai, Peter und Paul et la Garnisonkirche. Une vue qui n’existe plus aujourd’hui car la plupart de ces monuments ont été bombardés et leurs ruines dynamitées dans les années 1960.

Qui sont les protagonistes ? D’après Lutz Hübner, qui a écrit une pièce de théâtre d’après le tableau de Lotte, en plus de Traute, debout à gauche, on voit, de dos à gauche, le dramaturge à succès Ernst Rose (mari de Traute) avec son chien couché à ses pieds puis Maria Goldmann, de face, une jeune réfugiée qui travaille ponctuellement comme mannequin et aimerait mieux porter un nom à consonnance allemande. Assis près d’elle le journaliste Bodo Imhoff, en difficulté professionnelle, qui a dû accepter la proposition d’emploi du journal nazi Völkischer Beobachter, et enfin Lise Henkel, de dos à droite qui, elle aussi, a de nouveaux amis proches des nazis. Mais que savait et pensait Lotte de tout cela quand elle a peint le tableau ?

Ils ne parlent pas, chacun paraît perdu dans ses pensées. On sent une angoisse diffuse, peut-être est-ce ce « mal d’Europe » décrit par Annemarie Schwarzenbach à la même époque, qui étreint les convives ? Ou peut-être la honte de ce qu'ils doivent accepter pour survivre. L’impression d’enfermement est accentuée par le cadrage serré du tableau qui impose aux figures debout de baisser la tête. Les Années Folles sont bel et bien terminées…

 

Abend über Potsdam (détail)

Abend über Potsdam (détail)


Abend über Potsdam (détail)

Traute Rose a raconté ensuite que les figures n’ont été qu’esquissées sur le toit-terrasse où le reste a été peint et que la logistique de production a été un brin délicate quand il a fallu transporter le panneau par le S-Bahn (train aérien) de Berlin pour rejoindre l’atelier de Lotte !

Au moment de la première réception de l’œuvre, la critique y a vu une référence à La dernière Cène de Léonard de Vinci, notamment à cause du mouvement de la nappe, soulevée par le dos du chien. En tout état de cause, s’exprime ici l’attachement de Lotte pour la tradition de la peinture classique.

 

Léonard de Vinci (1452-1519)
L’Ultima Cena – 1495/98
Tempera sur gesso, 460 x 880
Réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie, Milan

Wanda von Debschitz-Kunowski (1870-1935)
Lotte Laserstein devant le tableau Abend über Potsdam
Berlinische Galerie - Landesmuseum für Moderne Kunst, Fotografie und Architektur


L’année suivante, Lotte bénéficie de sa première exposition personnelle dans la célèbre galerie berlinoise de Fritz Gurlitt et le Berliner Tageblatt la qualifie « d’étoile montante, l'une des meilleures de la jeune génération de peintres ».

Elle continue à peindre les femmes de sa génération, sûres d’elles-mêmes et indépendantes.

 

Liegendes Mädchen auf Blau (Jeune fille couchée sur du bleu) - vers 1931
Huile sur papier, 69,5 x 93 cm
Collection particulière

Femme en rouge - vers 1931
Graphite, pastel, gouache et huile, 65 x 50 cm
Berlinische Galerie, Berlin


Traute Rose mit weißen Handschuhen (Traute Rose avec des gants blancs) – vers 1931
Huile sur papier, 76 × 54 cm
Collection particulière

Mais Abend über Potsdam était prémonitoire : deux ans après qu’il a été terminé et bien qu’ayant été baptisée enfant selon le rite protestant, Lotte est considérée, en vertu des nouvelles lois raciales, comme « trois quarts juive ». Elle est interdite d’exposition et son tableau Im Gasthaus est décroché des cimaises du musée de Berlin.

Elle continue néanmoins à peindre, principalement des portraits et des autoportraits, de plus en plus inquiétants…

 

Mackie Messer und ich (Mackie Messer et moi) – vers 1932
Huile sur bois, 53,5 × 43,7 cm
Collection particulière

Le personnage de Mackie Messer fait référence à la chanson Die Moritat von Mackie Messer (La complainte de Mackie), écrite par Bertholt Brecht pour la comédie musicale L’Opéra de quat’sous, dont la première a eu lieu à Berlin en 1928. Le redoutable « Mackie le Surineur » est un bandit, méchant et cruel, un prototype d’anti-héros… 

Ses portraits aussi renferment des significations cachées même quand elle répond à des commandes.

 

Junge mit Kasper-Puppe (Wolfgang Karger) 1933
Huile sur panneau, 46 cm de haut
Städel Museum, Francfort-sur-le-Main

À première vue, ce Petit garçon avec une marionnette Kasper est simplement un portrait d’enfant qui tient deux marionnettes, Kasper, dont le nom vient d’un mot persan qui signifie « gardien du trésor » - une marionnette sympathique aussi célèbre en Allemagne que notre Guignol - et son ennemi juré, le diable.

La date « novembre 1933 » bien en évidence en haut à gauche révèle un autre niveau de signification, beaucoup plus sombre. Le portrait a été commandé par Anna Karger, une amie juive que Lotte avait portraiturée quelques années auparavant. Au moment où le portrait de l’enfant a été commandé, le mari d’Anna, avocat, venait de perdre son droit d’exercer.

 

Portrait d’Anna Karger – vers 1930
Huile sur panneau, 39,4 x 29,2 cm
Collection particulière (vente 2014)


Certaines de ses œuvres prennent une résonnance de critique sociale, comme ce Couple dans la bruyère, qui a surtout l’air désespéré et affamé…

 

Paar auf der Heide (Couple dans la bruyère) – 1933
Huile sur panneau, 79,8 x 110 cm
Collection particulière (vente 2014)


Ou cet enfant, visiblement mal nourri également.

 

Bauernsohn (Fils de fermier) – sans date
Huile sur panneau, 63,5 x 48,2
Collection particulière

Et il y a aussi cette Discussion où l’on retrouve le chien couché et accablé mais la belle terrasse avec vue est devenue une sombre soupente dans laquelle trois amis de Lotte se sont retrouvés pour discuter.

Die Unterhaltung (La Discussion) – vers 1934
Collection particulière


A propos de chien et pour préciser la distance stylistique entre Lotte et les peintres de sa génération, voyons le portrait d’un photographe mondain de l’époque, ami du peintre Otto Dix. Celui-ci l’a représenté en utilisant les références formelles et compositionnelles du portrait allemand, le rideau, le fond bleu vif et… la présence d’un chien. Mais ce chien, justement, n’a pas l’aspect calme et fatigué de celui de Lotte. Il exprime la tension dans laquelle la société allemande est en train de se décomposer…


Otto Dix (1891-1969)
Hugo Erfuth avec son chien Ajax – 1926
Tempera et huile sur panneau, 80 x 100 cm
Museo National Thyssen-Bornemisza, Madrid


En 1935, Lotte doit fermer son atelier et travailler comme professeur d’art dans une école juive.

 

 

Autoportrait – 1934/35
Huile sur toile, 33 x 31 cm
Collection particulière


En 1937, une invitation à exposer à la Galleri Modern de Stockholm lui permet d’envoyer opportunément ses toiles principales à l’étranger et de quitter l’Allemagne en prétextant devoir en surveiller le décrochage. Ses autres œuvres sont confiées à la garde de Traute qui fera tous ses efforts pour les sauvegarder pendant dix ans.

Mais même en Suède, les émigrants ne sont pas protégés de l’hostilité antisémite. Lotte doit cacher aux autorités suédoises qu’elle a été persécutée en Allemagne en tant que juive. Elle reçoit l’aide de la communauté juive et contracte un mariage de complaisance avec un de ses membres, Sven Jakob Marcus, afin d’obtenir la nationalité suédoise.

 

Selbstbildnis an der Staffelei (Autoportrait au chevalet) – 1938
Huile sur contreplaqué,127,60 cm x 47,00 cm
 Stadtmuseum, Berlin

J’ai lu qu’elle aurait participé à l’Exposition internationale de Paris de 1937 mais je n’ai pas trouvé son nom dans la liste des peintres exposés. Elle ne faisait pas partie non plus de « l’Exposition des femmes artistes d’Europe » de février 1937, au Jeu de Paume.

Elle est sans doute bien trop occupée à tenter vainement de faire venir en Suède sa mère et sa sœur. Käte se cache à Berlin, survit à la guerre et la rejoindra en 1946 mais Meta Laserstein sera déportée et mourra à Ravensbrück en 1942.

Pendant les années de guerre, Lotte apprend le suédois et rejoint le groupe d’entraide à Stockholm. Ainsi, elle entre en contact avec d’autres émigrés dont elle réalise les portraits, mais aussi avec l’aristocratie suédoise par l’intermédiaire d’une galeriste et de la communauté juive de Stockholm.

Son talent de portraitiste est rapidement reconnu et cela lui permet de gagner sa vie. Mais sa peinture devient conventionnelle. « Brisée en deux par l’exil », obligée de produire pour répondre à la commande, Lotte n’a plus jamais retrouvé le loisir de « se développer sur le plan artistique. »

 

Freifrau Alice Lagerbielke- 1938
Huile sur toile
Collection particulière



Frau im Café (Lotte Fischler) – 1939
Huile sur papier sur bois, 81,5 x 53,5 cm
Leicester Museum & Art Gallery, Leicester



Portrait de femme - 1940
Pastel sur papier, 42,3 x 34,4 cm
Collection particulière (vente 2016)

 

Sir Ernst Chain – 1945
Huile sur toile, 65,4 x 80,3 cm
National Portrait Gallery, Londres


En 1946, Lotte retrouve enfin le contact avec Traute Rose et son mari.

 

Die Malerin et Traute Rose (Autoportrait avec Traute) – 1963
Pastel sur papier, 48 x 62,3 cm
Collection particulière (vente 2018)

En 1952, elle s’installe à Kalmar dans la province méridionale de Småland et, au cours des années cinquante et soixante, entreprend de longs voyages en France, en Italie, en Espagne et des séjours en Suisse et aux États-Unis, souvent en compagnie d’une peintre suédoise, Elsa Backlund-Celsing. (1880-1974), avec laquelle elle s’est liée d’amitié.

 

Flica en Provence – 1951
Huile sur toile, 36 x 49 cm
Collection particulière (vente 2021)

Der spanische Kellner (le serveur espagnol) – 1958
Huile sur toile, 73 x 60 cm
Collection particulière


En 1963, elle rejoint la Konstnärernas Riksorganisation, l'association des artistes suédois et reçoit en 1977 le prix culturel de Kalmar mais, en Suède, on ne connaît pas vraiment son travail d’avant-guerre.

 

Autoportrait en rose – 1950
Huile sur toile
Collection particulière

 

C’est à Londres qu’elle est redécouverte lors d’une exposition « German Art in the 20th Century » à la Royal Academy of Arts.


Affiche de l’exposition
Source : Royal Academy


Puis elle sera exposée par deux galeries londoniennes en 1987 et 1990. Mais plus personne ne pense à Lotte en Allemagne, où elle n’a jamais voulu retourner.

 

Lotte Laserstein est décédée le 21 janvier 1993.

Lorsque la Nouvelle Objectivité a été redécouverte en République fédérale d’Allemagne dans les années 1970, les grandes expositions collectives sur le thème de l’art et de la société sous la République de Weimar se déroulent sans que son nom apparaisse. 

Depuis le début des années 2000, grâce aux travaux de l’historienne de l’art Anna-Carola Krausse, son œuvre a bénéficié d’un nouvelle attention. En 2003, l’exposition « Lotte Laserstein, ma seule réalité » a été présentée au Museum Ephraim Palais de Berlin, accompagnée d’une monographie et les musées allemands ont commencé à acquérir ses œuvres. Ainsi cet Autoportrait, acheté par le musée de la ville de Potsdam où l’on voit son œuvre la plus connue, inversée par le miroir…

 

Selbstporträt vor Abend über Potsdam (Autoportrait devant Soir sur Potsdam) – 1950
Huile sur toile, 55 x 65 cm
Stadtmuseum, Potsdam
© Photo : Lotte-Laserstein-Archiv Krausse, Berlin


Abend über Potsdam, Lotte l’avait conservé toute sa vie. Elle le considérait comme son œuvre la plus importante. « Ainsi, tu as toujours été près de moi » a-t-elle dit à Traute… Elle ne s’en est séparée que six ans avant sa mort, en la vendant à une galerie londonienne. Elle fut achetée par un collectionneur privé puis par la Galerie nationale de Berlin, en 2010, lorsqu’elle est réapparue sur le marché…

La Berlinische Galerie et le Städel Museum de Francfort lui ont consacré une grande exposition début 2019.

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Il aura fallu quatre-vingt-dix ans pour que les œuvres de Lotte retrouvent avec éclat les cimaises berlinoises…

 

 

Apfelbaum (Pommier) – 1935
Huile sur panneau, 50 x 42,5 cm
Collection particulière (vente 2020)

 

 


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