Elisa
Marie Stéphanie Adrienne Sonrel est née à Tours le 18 mai
1874. Elle était la fille ainée d’un médecin également peintre amateur. Son oncle, magistrat, devint conseiller à
la Cour de Bordeaux. « M. le conseiller GILLET charmait tous ses amis,
autant par son amabilité que par ses goûts artistiques : il était aquarelliste
de talent. Une de ses plus grandes joies était de voir son ravissant hôtel de
la place Foire-le-Roi abriter nos collections. La distinguée aquarelliste
Élisabeth Sonrel, née à Tours, était sa nièce. » nous apprend le Bulletin
de la société archéologique de Touraine. (1er janvier 1932, p.114)
C’est probablement sa famille qui a commencé l’instruction artistique de la jeune Elisa, dite Elisabeth, avant qu’elle parte à Paris poursuivre sa formation. L’Ecole des Beaux-Arts étant alors interdite aux femmes, elle s’inscrit à l’Académie Julian en 1891 et suit les cours de Jules Lefebvre, un peintre académique.
Ses premières aquarelles – son medium de prédilection - datent du début des années 1890. Elles annoncent l’atmosphère de son œuvre : personnages éthérés dans des paysages simples, religiosité. Une sensibilité symboliste qui fait immédiatement penser à Henri Martin…
Muse pensive au jardin - 1894
Huile sur toile - 65 x 49 cm
Musée Henri-Martin, Cahors
Elisabeth
apparaît pour la première fois au Salon des artistes français en 1893. Bien que
probablement encore à l’académie Julian, elle donne une adresse à Tours et
montre une Vierge au lavoir qui reçoit une mention honorable. Je ne l’ai
pas retrouvée mais on peut imaginer une inspiration proche de cette autre
aquarelle de la même année :
En 1894, elle expose au Salon une aquarelle intitulée Âmes errantes. Je montre le dessin ci-dessous dont j'ignore la datation mais qui aurait mérité de porter un titre comme celui-ci !
Craie noire, lavis, crayon, aquarelle
Le Sommeil de la Vierge est présenté à son troisième Salon, celui de 1895. Cette
année-là, elle s’est installée à Sceaux, avec ses parents. La version ci-dessous est vraisemblablement une
version d’étude de l’aquarelle du Salon, de dimensions supérieures. (ne pas hésiter à cliquer sur les images pour les agrandir)
Bien qu’elle n’ait pas eu l’honneur
d’être reproduite dans le catalogue illustré du Salon (où l'on trouve exclusivement des peintures et gravures), le succès de l’œuvre est
immédiat : Elisabeth reçoit le
« prix Henri Lehmann de l'Académie des Beaux-Arts », décerné tous les
trois ans pour récompenser l'excellence académique d'un artiste de moins de
vingt-cinq ans.
Acquise à titre privé par le président Félix Faure, l’œuvre est montrée à l’Exposition décennale des beaux-arts 1899-1900 dont le catalogue donne une illustration sensiblement différente, même si on ne doit pas écarter la possibilité qu’elle ait été reproduite à l’envers…
Le Temps du 9 juin 1895 signale dans ses
« Lettres au Salon », « une nouvelle venue, Mlle
Sonrel, [qui] peint le Sommeil de l’enfant Jésus [sic] dans le style des
anciens vitraux et des maîtres du quinzième siècle ; sur un dessin précis
et simplifié, sur des contours arrêtés, elle met une couleur fondue. »
L’année suivante, Gustave Haller indique que « Mlle Sonrel, dans un tableau important, présente Le Christ pleuré par les Saintes femmes. Au fond, des anges mêlent leur douleur à celle des humains. » (Le Salon, « Dix ans de peinture, Salon de 1896 », Tome 1, p.247)
On dispose encore des deux œuvres présentées par Elisabeth au Salon de 1897. Elles apparaissent aussi dans une photographie :
La
première est une aquarelle, actuellement conservée au musée de Mulhouse, Le
Cortège de Flore. Plus encore que dans ses œuvres précédentes, on décèle l’influence
de la Renaissance italienne qu’elle aurait découverte lors d’un voyage à Rome et à
Florence, en compagnie de son amie Jeanne Fourcade-Cancellé, elle-même
céramiste et qui aurait pu, selon certaines sources contemporaines, avoir
régulièrement servi de modèle à Elisabeth. Elles ont aussi exposé ensemble,
dans les années 20.
« Le
Cortège de Flore par Mlle Sonrel est une gracieuse composition, ornée de
décors d’une fraîcheur exceptionnelle : tout un charmant cortège aux couleurs
vives et brillantes accompagne Flore, richement parée, dans une campagne
verdoyante ; cette aquarelle fait honneur à l’imagination de l’artiste et au
talent du peintre. » (Eugène Hoffmann, Journal des artistes, 13
juin 1897, p.1899)
La
seconde œuvre montrée au Salon est une huile, Les Rameaux, qui est reproduite dans le catalogue illustré (p.44).
Huile sur toile - 55 x 105 cm
Collection particulière
L’Ashmolean Museum d’Oxford, a
récemment acquis une version à l’aquarelle de cette œuvre qui représente probablement
une mère et sa fille participant à la procession des Rameaux, dans une tenue évoquant
la Renaissance dans les pays d’Europe du nord, comme on peut en voir sur le dessin
d’Holbein le Jeune, ci-dessous. Une représentation féminine rassurante et
pieuse…
En
1898, Elisabeth participe à l’Exposition organisée par l’Union des femmes
peintres et sculpteurs (UFPS), dont Virginie Demont-Breton est alors présidente
(voir sa notice). Elle y présente au moins trois aquarelles qui retiennent
l’attention de la critique :
Paul Dupray, dans le Journal des Artistes, évoque « une dame rousse de Mlle Sorel en distinguée posture de buveuse de thé » (13 mars 1898, p.2211).
« Mentionnons d'une façon spéciale les aquarelles de Mlle Elisabeth Sonrel qui paraissent de véritables tableaux. Je ne sais ce qu'il faut préférer de La Vierge consolée, heureux pastiche Botticellien avec une fine expression des têtes et des regards, ou de ce Pensionnat en 1830, cette échappée de fillettes à la promenade, cueillant l'iris et la jonquille dans les prairies vertes, et qui se composent d'une façon si ironiquement attrayante dans leur costume quelque peu démodé. » (Boyer d’Agen, « L’Exposition des femmes peintres et sculpteurs » L’Œuvre d’Art, 15 mars 1898, p.34).
« De Mlle Sonrel, nous avons dit déjà, dans cette Revue, les qualités de décorateur ; le motif important qu’elle expose cette fois, la Sainte Vierge consolée, nous permet de mettre en relief ses autres aptitudes, ses dons d’interprète expressive. L’artiste ne réussit pas seulement à créer des harmonies évocatrices au moyen des lignes, elle sait aussi traduire, dans ses multiples nuances, le langage des physionomies et des attitudes. C’est en effet par le naturel de leurs visages et de leurs poses que valent les Anges qui s’empressent, compatissants, auprès de la Sainte Vierge, ou se tiennent en prière, si respectueux, si fervents ; et dans les yeux de la Mère du Sauveur quelle douleur et quelle résignation ! Il n’est pas jusqu’au paysage qui ne soit affectif par son contour et par ses teintes. (Alphonse Germain, « Exposition de l’UFPS », Revue pour jeunes filles, 1er mars 1898, p.164-165)
Une prose un peu trop édifiante ? Mais souvenons-nous à quel point la période est religieuse : les processions, les pèlerinages à Lourdes, les « rangs » de jeunes filles encadrées par des nonnes à cornettes, tout cela a survécu jusque dans les années 1950...
La même année, Elisabeth présente au Salon L’Offrande à la Vierge, « théorie religieuse aux longs voiles blancs portant le lys mystique d’un grand caractère, très évocatrice et d'une blondeur de ton charmante », selon L’Œuvre d’Art du 1er mai 1898 (p.69) ; « une Offrande à la Vierge, prise dans le style du quatorzième siècle et du caractère mystique le plus attrayant, longue procession de nones de tout âge, toutes vêtues de blanc, robes et cornettes, toutes avec une expression de foi d’une rare intensité, œuvre remarquable de tous points », pour Eugène Hoffmann du Journal des Artistes (10 juillet 1898, p.2348)
L’année suivante, elle présente à nouveau deux aquarelles, La petite ramasseuse d’herbes et Les Esprits de l’abîme, reproduite dans L’Œuvre d’Art sans commentaire particulier.
La
feuille, ou une autre version, datait probablement d’avant 1895 puisqu’elle
figurait, avec une autre intitulée Âmes errantes, dans la vente aux
enchères, organisée à la galerie Georges Petit en mars 1896, des collections de
feu Alexandre Dumas fils. La cote
d’Elisabeth n’est pas mauvaise puisque Âmes errantes atteint 1.020 F, alors
qu’un pastel de Fragonard est vendu à 2000 F et deux pastels de Giuseppe de
Nittis, moins de 300 chacun. (Gazette des ventes, 7 mars 1896, p.336)
En 1900, Elisabeth travaille pour la maison Mame, un éditeur de Tours spécialisé dans l’édition religieuse. Elle doit le faire de façon régulière puisque, dans son compte rendu de l’Exposition décennale des beaux-arts 1899-1900, La Revue Mame (revue du même éditeur) l'évoque en ces termes : « Et puis je veux aussi citer les noms sympathiques de nos collaborateurs Alfred Paris, Zier, Élisabeth Sonrel » (Henri Guerlin, « L’exposition de peinture », La Revue Mame, journal hebdomadaire de la famille, 28 octobre 1900, p.67).
Mame était un éditeur connu qui a aussi fait travailler Alfons Mucha.
C’est probablement au titre de cette « collaboration » qu'Elisabeth illustre le Missel des Saintes femmes de France, dont voici des images trouvées sur un site de vente. Elisabeth apporte, dans ses interprétations, une iconographie médiévale et une sensibilité symboliste assez nouvelles pour l’époque.
Elisabeth
participe à des expositions en province, invitée par des Sociétés d’amis des
arts, et présente aussi deux œuvres au Salon, dont ces béguines :
Dans
les premières années du siècle, Elisabeth présente au moins deux peintures et
une aquarelle à chaque Salon. Ils n’ont pas été reproduits mais on voit passer
quelques commentaires de la critique : « La Sybille de Mlle
Sonrel, dans son accentuation de traits et de colorations, n’est peut-être pas
encore assez caractérisée, mais elle reste quand même excellemment fantaisiste. »
(Eugène
Hoffmann, « Le Salon de 1902 », Journal des Artistes, 1er
juin 1902, p.3816)
Et aussi quelques illustrations de magazines qui laissent penser qu'elle travaille plus ou moins régulièrement pour la presse… (son nom figure sous l’illustration).
Parfois, la critique des Salons est
un peu acide : « Mlle Elisabeth Sonrel, associant l’antique et le
moderne, peint avec le même correction sans éclat, une danse de Terpsichore et
une « Princesse lointaine » inspirée par le répertoire de M.
Rostand. » (Camille Le Senne, « La musique et le théâtre au Salon du
Grand Palais », Le Ménestrel, 31 mai 1903, p.173)
Mais la même année, la Société des amis des arts de Seine et Oise fait l’acquisition de quatre aquarelles représentant Les Saisons. Ces deux images, qu’on retrouve en poster sur le net, dans des encadrements art nouveau, en sont peut-être des reproductions (ou des travaux effectués à la même époque, dans un objectif alimentaire).
Probablement de la même période, cette Jeune femme qui a servi d’illustration à un calendrier :
On
retrouve les mêmes commentaires contrastés lors du Salon de
l’année suivante : celui du Ménestrel se laisse finalement séduire « on
y rencontre l’Ariel de Mlle Elisa Sonrel, un gracieux dessin
pastellisé. » (Camille Le Senne, « La musique et le théâtre au Salon
du Grand Palais », Le Ménestrel, 12 juin 1904, p.189) tandis que
d’autres résistent : « Mlle Sonrel verse dans l’excessive manie
légendaire » (Martial Teneo, « Les Salons de 1904 » Le Monde
artistique, 12 juin 1904, p. 374)
On suppose que cet agacement s’adresse à Ligeia, une de ses œuvres les plus emblématiques, un personnage de la nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, publiée en 1838 et traduite en français par Charles Baudelaire en 1856.
La Ligeia d’Elisabeth n’est
pas celle de Poe, aux cheveux et aux yeux « plus noirs que les ailes de
minuit, l’heure au plumage de corbeau ». Mais, derrière son regard
impénétrable, on imagine tout de même que pourraient se déchirer « les
tumultueux vautours de la cruelle passion. »
Elisabeth paraît se détacher de la vision édifiante de la Vierge pour approcher les héroïnes de légende, celles de l’univers féérique médiéval cher aux préraphaélites.
La même année, le Journal des Artistes (24 avril 1904, p.4411) signale que la Société des amis des arts d’Angers a acquis pour le musée de l’Hôtel Pincé, un panneau de quatre sujets décoratifs à l’aquarelle, les Oiseaux symboliques : Les Colombes (tendresse), Le Cygne (innocence), Le Paon (fierté), Les Hirondelles (fidélité) dont voici peut-être une version en affiche :
Du Salon de 1905, il reste deux traces, elles aussi assez contrastées : une peinture de style art nouveau.
Le
critique du Monde Artistique tombe enfin sous le charme : « la
Cordelia de Mlle Sonrel accuse un progrès constant » (Martial Teneo, « Les Salons de
1905 » Le Monde artistique, 21 mai 1905, p.328).
Et le Figaro Mode reproduit en couverture une autre des œuvres présentées au Salon, une aquarelle un peu moins convaincante …
En
1906, Elisabeth ne montre au Salon qu’une seule huile, Le Fil de la
Vierge mais sa notoriété se confirme. Elle est l’une des artistes, avec
Mary Cassatt, à être sollicitée pour le supplément de Noël de La Vie
Heureuse, pour réaliser une estampe originale distribuée en couleur dans le
magazine « Ces belles estampes, toutes prêtes à être encadrées, feront la
plus originale et la plus gracieuse parure du home » (c’est là qu'on constate que
l’anglophilie maniaque de la prose journalistique ne date pas d’hier !)
Pas de chance – ou indice de son succès – l’estampe d’Elisabeth est manquante dans ledit supplément de Noël, sur le site RetroNews de la BNF mais vous pouvez aller voir celle de Mary dans sa notice.
La Beatrix, ci-dessous est peut-être Le Laurier d’Or, présenté au Salon de 1909…
… et ce triptyque pourrait être celui du même Salon, puisque, dans son compte rendu, Eugène Hoffmann signale « un intéressant triptyque de Mlle Sonrel, Dante et Béatrix » (Journal des Artistes du 13 juin 1909, p.6113). Beatrix pourrait donc être, aussi, un personnage de la Vita Nuova de Dante Alighieri qui a inspiré Dante Rossetti trente ans auparavant.
Et on peut supposer que cette Yseut, que je n'ai trouvée dans aucun catalogue, date de la même période.
On
retrouve, dans les œuvres d’Elisabeth, l’inspiration mystique et les références à
la Renaissance de plusieurs peintres symbolistes de son époque, comme Edgar
Maxence, dans cette Solitude acquise en 2020 par le Petit Palais…
Huile sur panneau, cadre d'origine exécuté sous la direction de l'artiste, 110 x 145 cm
…
et parfois même, l’atmosphère mystérieuse des
œuvres de Fernand Khnopff :
fusain, pastel et gouache, 32,3 x 23,5cm
A
partir de 1910, Elisabeth passe ses vacances d’été en Bretagne avec son amie
Jeanne Fourcade-Cancellé. Elle en rapporte de nombreux paysages et évocations
de la vie bretonne, toujours des jeunes filles et des enfants… On les retrouve
au Salon de 1910, en voici quelques exemples sur lesquels je passe rapidement
car ce n’est pas la partie que je trouve la plus intéressante de son
inspiration.
Toutefois,
elles ont un succès certain en Bretagne où le tableau ci-dessous, peint en 1910, a fait
l’affiche de l’exposition « Un
siècle de peinture au Faouët » qui s’est tenue de juin à octobre 2003 au
musée du Faouët et il était aussi reproduit en couverture d'un guide
touristique de 2013.
Les
scènes bretonnes sont accompagnées, au Salon de 1910, d’une Jeanne d’Arc,
sur laquelle Camille Le Senne du Ménestrel énonce ce jugement,
assez habituel s’agissant d’une femme : « Mlle Sonrel qui a gardé les
traditions de l’école de M. Jules Lefebvre en y ajoutant le charme discret
d’une émotion très féminine, évoque la bonne Lorraine dans un décor
poétique. » (28
mai 1910, p.172)
Dans le catalogue, Elisabeth a changé d’adresse : 53 rue du Chêneaux « le grand pavillon que vient de faire construire la famille, avec deux vastes ateliers de peintre, pour le service de Mlle Elisabeth Sonrel » indique l’album de souvenir de la ville de Sceaux (Sceaux depuis trente ans, 1882-1912, Imprimerie Charaire, p.249)
En
1912, Elisabeth aborde un symbolisme onirique avec cette Fée de la forêt qu’on regrette de ne pas pouvoir admirer en couleurs, surtout si elles s’apparentent à celles
des Sirènes en-dessous, dont la palette rappelle celle d’Odilon
Redon !
Les œuvres d’Elisabeth présentées aux Salons des années
suivantes s’attirent des critiques assez négatives. Ainsi, en 1913, son
triptyque Princesse florentine ne serait « guère
que des prétextes à déballage d’oripeaux versicolores. » (Camille Le
Senne, « La musique et le théâtre au Salon du Grand Palais », Le
Ménestrel, 24 mai 1913, p.162)
Il est vrai que les reproductions
qu’on trouve dans les catalogues laissent craindre un pastiche de ses
meilleures toiles…
Ce qui n'empêche pas le succès…
Les titres de ses peintures des
Salons (généralement accompagnées d’une ou deux aquarelles), Le Jardin
mélancolique (1921), Le roman de chevalerie (1922), Le
brûle-parfums (1924), Fleurs de mai (1925) évoquent la même veine
répétitive.
Mais certains y trouvent leur compte : « Admirons une bien jolie tête de jeune fille, perdue au milieu des fleurs printanières Fleurs de mai par Mlle Sonrel » (Eugène Hoffmann, « Le Salon de 1925, La Revue des Beaux-Arts, 1er mai 1925, p.5
Elisabeth est membre de la Société des Aquarellistes qui expose régulièrement à la galerie Georges Petit. Elle est rarement citée par la critique, mais de façon plutôt positive : « Elisabeth Sonrel s'avère une portraitiste de valeur il est difficile de mieux exprimer des têtes d'enfants. » (Jean Revers, « Société des Aquarellistes français chez Georges Petit », La revue des Beaux-Arts, 1er février 1925, p.6)
En 1926, Camille le Senne concède que « Mlle Sonrel expose une Vierge aux orangers d’un style assez délicat. » (Le Ménestrel, 28 mai 1926, p.247). Il ne s'agit certainement pas de l'aquarelle ci-dessous : Elisabeth n'aurait probablement pas représenté la Vierge en jaune et le motif des oranges est récurrent puisqu'on le voit déjà dans L'Eté de 1901.
En revanche, selon le catalogue que j'ai consulté, aucune Rêverie n'était présentée au Salon de 1924, contrairement à ce que laisse entendre le site de vente…
Vue aujourd’hui, sa production paraît de plus en plus anachronique pour l'époque. Toutefois, « pour dissiper
quelque peu une mélancolie et un charme peut-être dissolvants, il faut nous
arrêter longuement devant les figures presque médiévales d’Elisabeth Sonrel et
en détailler les finesses de pinceau. Elle crée ainsi des princesses de
légendes qui captivent nos imaginations broyées par le réalisme
quotidien. » (Jacques Faneuse, Exposition des aquarellistes, La Volonté
nationale, 19 février 1927). Ceci
expliquant peut-être cela…
En
1932, pour son Annaïk, « on remarquera avec quelle vérité et quel
tact Elisabeth Sonrel peint une femme de Plougastel-Daoulas, où le naturel est
rendu sans vulgarité. » (Eugène Soubeyre, « Les Salons de 1932, La
Nouvelle Revue, 1er mai 1932, p.229)
Le dernier Salon d’Elisabeth dont j’ai trouvé une trace illustrée est celui de 1936, où elle a présenté ce Soir de mai.
En
1937, elle présentait un « portrait au dessin rehaussé » et, en 1939,
une Marienka, « un séduisant portrait aux crayons de couleur qui a toute
la distinction et l'élégante finition des travaux sérieux et probes d'Elisabeth
Sonrel. » (Eugène Soubeyre, « Les Salons de 1939 », La
Nouvelle Revue, 1er mai 1939, p.210)
Ce sera son dernier Salon des artistes français, où elle aura été présente sans discontinuer, pendant quarante-six ans !
Dans ses meilleures années, Elisabeth a connu une célébrité relative, probablement bridée par son état de femme célibataire, peu susceptible de fréquenter les groupes d’artistes, eux-mêmes bien peu attentifs à un art considéré comme « féminin ». Elle avait donc peu d'opportunités pour faire décoller sa carrière et a pourtant vendu quelques toiles aux Etats-Unis.
Pourtant, bien qu'exclusivement consacré à l’iconographie féminine à travers la figure de la Vierge, comme archétype féminin idéal, l’œuvre d’Elisabeth a approché, par les références successives qu’elle a su renouveler au cours de sa carrière, les influences symbolistes et préraphaélistes de son temps.
Elisabeth Sonrel est morte le 9 février 1953, à Sceaux.
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