dimanche 17 septembre 2023

Gwen John (1876-1939)

 

Portrait of the Artist– vers 1900
Huile sur toile, 61 x 37,8 cm
National Portrait Gallery, Londres

Gwendolen Mary John est née le 22 juin 1876 à Haverfordwest, au Pays de Galles, deuxième enfant d’un père avocat et d’une mère aquarelliste amateur. Thornton, Gwen, Augustus et la petite Winifred perdent leur mère très jeunes et sont élevés dans une ambiance assez sombre, par des gouvernantes puis dans diverses pensions.

Mais Augusta, leur mère, avait vécu assez longtemps pour encourager les efforts artistiques de ses enfants. Après sa mort, la famille déménage dans une petite station balnéaire du Pays de Galles, Tenby. Là, Gwen et Augustus commencent à dessiner avec passion. Augustus étudie brièvement à la Tenby School of Art puis, en 1895, Gwen et Augustus partent à Londres pour intégrer la prestigieuse Slade School of Fine Art, la seule école d’art britannique qui acceptait les jeunes femmes.

Tous deux suivent les cours d’Henry Tonks, l’un des premiers peintres anglais à avoir été influencé par l’impressionnisme français.

 

Henry Tonks (1862-1937)
Portrait of a Girl with Her Wrists Crossed – sans date
Huile sur toile, 63,1 x 50,8 cm
University of Hull Art Collection


Frère et sœur habitent ensemble par mesure d’économie et se nourrissent comme ils le peuvent, souvent de noix et de fruits secs… A Slade, Gwen noue une relation étroite avec quatre de ses condisciples, futures peintres comme elle, Gwen Salmond (1877-1958), Edna Clarke Hall (1879-1979), Ida Nettleship (1877-1907) et Ursula Tyrwhitt (1878-1966).


Les règles de l’atelier sont strictes et les élèves encouragés à copier les maîtres anciens. Gwen va travailler à la National Gallery et s’initie à la technique du glacis en copiant ce tableau de Metsu :

 

Gabriel Metsu (1629-1667)
Femme assise à table tandis qu’un homme accorde son violon – vers 1658
Huile sur toile, 43 x 37,5 cm
National Gallery, Londres


Un des premiers tableaux connus de Gwen est cette vue de la plage de Tenby, un des très rares paysages qu’elle a peints. Les contrastes sont un peu rudes, les personnages ressemblent à des âmes errantes mais le tableau annonce déjà le goût de Gwen pour une certaine économie de moyens.

 

Landscape at Tenby with Figures – 1896
Huile sur panneau, 46 x 57 cm
Tenby Museum & Art Gallery

En 1898, Gwen part quelques mois à Paris pour suivre les cours de James McNeill Whistler à l’académie Carmen. Whistler conçoit la peinture comme une discipline : « Je n’enseigne pas l’art, j’enseigne l’application scientifique de la peinture et des pinceaux ».

Son enseignement a une profonde influence sur Gwen qui adopte dès cette époque une technicité rigoureuse. Elle prépare ses toiles elle-même, selon sa propre méthode, développe un système numérique pour classer les valeurs tonales et applique la peinture en petites touches épaisses pour faire scintiller la surface de la toile. Augustus est vaguement inquiet et se demande si lui-même ne va pas devoir « fermer boutique » devant la rigueur de sa sœur.

A Augustus qui fait remarquer à Whistler que le travail de Gwen a du caractère, celui-ci aurait répondu « Caractère ? Qu'est-ce que c'est, le caractère ? C'est le ton qui compte. Votre sœur a le sens du ton. »


Young woman with a violin (Grace Westray) – 1897
Huile sur toile, 41 x 41 cm
Collection particulière


Mrs. Atkinson – 1897/1898
Huile sur bois, 30,5 x 31 cm
The Metropolitan Museum of Art, New York


En 1900, Gwen rentre à Londres et expose pour la première fois au New English Art Club, le lieu d’exposition habituel des élèves de Slade. Elle se fait remarquer avec son Portrait de l’artiste (voir supra) où percent son assurance et sa détermination, à peine dissimulées par une gravité distanciée et la douceur de la palette.

On comprend aussi le « sens du ton » que lui reconnaissait Whistler, dans ce petit portrait de sa sœur, peint à la même époque (et particulièrement mal photographié…)

 

Winifred John – vers 1900
Huile sur toile, 25 x 20 cm
Tenby Museum & Art Gallery

 

Toujours à la même époque, un de ses amis de Slade, Ambrose McEvoy, fait d’elle ce portrait où l’on sent l’influence de Gwen dans l’utilisation des valeurs tonales.

 

Ambrose McEvoy (1877-1927)
Gwen John – 1901
Huile sur toile, 68,7 x 51 cm
National Museum Wales, Cardiff

 

Gwen a aussi fait bénéficier de ses conseils son amie Edna Clarke Hall, qui l’a raconté plus tard. On pense que le tableau d’Edna, Nature morte au panier sur une chaise, a été peint sous sa direction, avec des accessoires - le chapeau de paille et le panier en osier - qu’on retrouve dans des tableaux postérieurs de Gwen.

 

Edna Clarke Hall (1879-1979)
Still Life of a Basket on a Chair – 1900
Huile sur toile, 55,8 x 40,6 cm
Tate Britain, Londres


En 1903, Gwen doit exposer avec Augustus à la galerie Carfax & Compagny mais elle travaille lentement et ne montre que trois toiles à côté des quarante-cinq de son frère dont la personnalité hors du commun – il est alors considéré comme le meilleur peintre de sa génération - commence à lui faire de l’ombre. Bien que se sachant talentueuse, elle sait qu’on attend principalement d’elle qu’elle se marie… 

Pourtant, le second Autoportrait de Gwen…

 

Self-Portrait – 1902
Huile sur toile, 44,8 x 34,9 cm
 Tate Britain, Londres

… est salué par la critique et immédiatement acheté par un professeur de Slade, Frederick Brown, qui le reproduira dans son propre Portrait de l’Artiste, en 1926 (juste au-dessus de l’épaule droite du peintre).

 

Frederick Brown (1851-1941)
Portrait of the Artist – 1926
Huile sur toile, 97,5 x 66 cm
Ferens Art Gallery, Kingston upon Hull


Gwen décide de partir, en compagnie de son amie Dorelia McNeill dont son frère, marié depuis 1901 avec la peintre Ida Nettleship, est tombé amoureux. L’idée des deux jeunes femmes est de se rendre à Rome à pied.



Elles embarquent dans un paquebot sur la Tamise, arrivent à Bordeaux et commencent à remonter la Garonne à pied, se nourrissant de fruits, dormant dans les champs, dessinant des portraits pour assurer leur subsistance.

Arrivées à Toulouse, les deux jeunes femmes font halte et Gwen peint trois portraits de Dorelia.

 

Dorelia in Black Dress – vers 1903
Huile sur toile, 73 x 48,9 cm
Tate Britain, Londres


Deux d’entre eux se comprennent aujourd’hui comme un manifeste à double signification. Une jeune fille qualifiée « d’étudiante » dans un monde qui ne valorise pas l’étude pour les filles …

 

The Student – 1903
Huile sur toile, 56 x 33 cm

… qui observe puis lit « La Russie » (1839), célèbre ouvrage du marquis de Custine dont la réputation a été perdue par une cabale l’ayant accusé d’homosexualité, licite mais encore mal acceptée socialement en France (où la sodomie a été dépénalisée en septembre 1791) et toujours considérée comme un crime en Angleterre. Livre célèbre, aussi, parce que Custine y fustige le despotisme des tsars.

 

Dorelia by Lamplight, Toulouse – 1903
Huile sur toile, 54,6 x 31,8 cm
Collection particulière


Dans les deux tableaux, la grande ombre révèle l'intensité de la lumière…

Le séjour à Toulouse a été trop long, Gwen et Dorelia prennent finalement le train pour Paris.

Dorelia part à Bruges avec un ami peintre et Gwen s’installe boulevard Edgar-Quinet. Elle adopte un petit chat écaille de tortue qu’elle baptise Edgar-Quinet et portraiture de nombreuses fois. Ses couleurs sont très proches de la palette préférée de sa maîtresse. 

 

Cat – 1904
Aquarelle sur papier brun, 12 x 16 cm
Tate Britain, Londres


Cat – 1904
Graphite et aquarelle sur papier, 11 x 13,7 cm
Tate Britain, Londres


Chat (Edgar Quinet) – vers 1904
Aquarelle sur papier, 22,9 x 15,9 cm
Musée Rodin, Paris


Elle saisit les occasions des passages à Paris de ses amies de Slade, comme Mary Katharine Constance Lloyd (1884-1974) pour les faire poser.

 

Mary Katharine Constance Lloyd – 1905
Huile sur toile, 36.5 x 44 cm
National Library of Wales, Aberystwyth

 

Pour gagner sa vie, Gwen pose comme modèle, notamment pour Rodin qu’elle rencontre par l’intermédiaire d’une sculptrice finlandaise, Hilda Flodin (1877-1958). Rodin lui trouve un « corps admirable » et prend l’habitude de la garder le soir, après le départ des autres assistants. Gwen tombe éperdument amoureuse et lui écrit des lettres (plus de deux mille) dès qu’elle est seule. Des lettres parfois accompagnées de dessin, comme le laisse supposer cet autoportrait conservé au musée Rodin.

 

Autoportrait à la lettre – vers 1907/1909
Aquarelle et crayon graphite sur papier, 22,1 x 16,1 cm
Musée Rodin, Paris


En 1907, elle s’installe dans une chambre mansardée, 85 rue du Cherche-Midi, où elle peint des intérieurs le plus souvent vides de toute présence humaine, mais qu’on ressent cependant « habités ». Aujourd'hui, ils sont souvent associés à des citations de Virginia Woolf. Des œuvres représentatives de son premier style, une peinture fluide accumulée en couches fines sur un fond blanc, sans marques de pinceaux, surface lisse et brillante.

 

A Corner of the Artist's Room in Paris – 1907/1909
Huile sur toile, 31,7 x 26,7 cm
Museums Sheffield


Corner of the Artist's Room in Paris (with open Window) – 1907/1909
Huile sur toile marouflée sur panneau, 31,2 x 24,8 cm
National Museum Wales, Cardiff


La même fenêtre, le même fauteuil où dort le même chat et parfois une femme qui est probablement Gwen elle-même… Une pratique analytique, qui revient plusieurs fois sur le même sujet avec des variations subtiles de tons.

 

La Chambre sur la cour – 1907/1908
Huile sur toile, 31,8 x 21,6 cm
Yale Center for British Art, New Haven, Connecticut


Ces images laissent imaginer une vie assez solitaire mais en fait, ce n'est qu'à moitié vrai. Dans l’atelier de Rodin, elle se lie avec Rainer Maria Rilke qui est alors le secrétaire du maître et rencontre plusieurs artistes de Montparnasse, Brancusi, Matisse, Picasso.

Quant à son style épuré, presque impersonnel, il n’est pas très loin des recherches des peintres modernes, notamment dans ses portraits, comme celui de Chloe Boughton-Leigh (1868-1947), une autre étudiante de Slade qui venait régulièrement à Paris et prenait elle-même Gwen comme modèle.

 

Chloe Boughton-Leigh – 1908
Huile sur toile, 58,4 x 38,1 cm
Tate Britain, Londres

« Chloe Boughton-Leigh représente une femme assise tournée vers l'avant. Sa tête est inclinée vers le bas et à sa gauche, et elle regarde hors de la toile au-delà du spectateur. Ses bras pendent librement et ses mains reposent sur ses genoux, sa main gauche tenant légèrement un morceau de papier. La femme porte une robe grise à carreaux avec une encolure dégagée, une taille haute et des manches larges, qui dévoilent ses poignets élégants et accentuent ses mains. Autour de son cou, elle porte un médaillon en or orné de pendentifs en perles assortis à ses boucles d'oreilles. Ses cheveux noirs tombent lâchement autour de ses épaules et sont attachés avec un ruban noir. L'espace autour d'elle est dénudé en dehors d'une peinture dans un cadre noir accroché au mur. La palette de couleurs est subtile et atténuée, avec des bruns sableux, des gris clairs et des noirs soutenus. Ce portrait a probablement été peint dans la chambre mansardée, rue du Cherche-Midi à Paris. » (Extrait de la notice en ligne du musée)

Le Portrait de Chloe Boughton-Leigh est présenté au New English Art Club et salué par la critique.

Elle peint aussi d’après modèle, mettant toujours en œuvre son regard distancié.


A gauche ; Nude Girl – 1909
Huile sur toile, 44, 5 x 27,9 cm
Tate Britain, Londres

A droite : Girl with Bare Shoulders – 1909
Huile sur toile, 43,4 x 26 cm
Museum of Modern Art, New York

« Bien que sans nom dans le titre, le sujet est Fenella Lovell, un modèle d'artiste que John a peint plusieurs fois. La pose rigide et la légère déformation de la figure suggèrent une tension, et le regard direct défie les attentes du nu féminin passif. Cela peut refléter la propre expérience de John en tant que modèle ou son aversion connue pour Lovell. » (Extrait de la notice de la Tate Britain)

Et encore Chloe…

Chloe Boughton-Leigh – 1910/1914
Huile sur toile, 60,3 x 38,6 cm
Leeds Museum & Galleries


Avec Rodin, elle participe comme modèle à l’élaboration d’un monument à James Abbott McNeill Whistler.  Après sa mort, en 1903, le Whistler Memorial Committee avait commandé à Rodin un monument à sa mémoire.

Pour évoquer l’art et les intuitions de Whistler, Rodin avait l’idée de représenter non pas le peintre lui-même mais sa muse inspiratrice et c’est Gwen qu’il choisit pour la personnifier.

 

Auguste Rodin (1840-1917)
Etude pour une muse (Gwen John) – vers 1904
Plâtre coulé, 10,2 cm de haut
The Metropolitan Museum of Art, New York


La Muse Whistler drapée, grand modèle est le dernier état d’une réflexion inachevée :

 

La Muse Whistler drapée, grand modèle – 1914/1918
Plâtre, épreuves issues de moules à bon-creux et assemblées,
retravaillées au plâtre et à la pâte à modeler,  H. 238 cm ; L. 115 cm ; P. 128 cm
Musée Rodin, Paris

« La muse offre un aspect déroutant – les bras joints après coup sont bizarrement proportionnés – mais majestueux. La pose et le drapé trahissent le souvenir de la Vénus de Milo (150-130 av. J.-C.), mais ce tribut à l’antique, confirmé par le moulage d’un petit autel de la collection personnelle de Rodin, ne suffit pas à convaincre le comité, qui refuse le projet en 1918. » (Extrait de la notice du musée Rodin).

Une version en bronze, la Muse grimpant la montagne de la Renommée, est aujourd’hui visible devant le musée Rodin. Elle a été présentée en 1908 au Salon de la société nationale des beaux-arts.

 


En 1911, Gwen déménage à Meudon, rue Serre-Neuve, et garde sa chambre parisienne comme atelier. Elle a quitté Rodin mais ils resteront en contact jusqu’à la mort du sculpteur.

Par l’intermédiaire d’Augustus, elle fait la connaissance du collectionneur d’art américain John Quinn qui lui assure une rente régulière et lui achète de nombreuses œuvres, notamment Fille lisant à la fenêtre dont elle peint deux versions :

La première est aujourd’hui à Londres. Selon le musée, elle aurait souhaité, grâce à un visage idéalisé, évoquer la Vierge Marie d'Albrecht Dürer, suggérant un lien avec les images traditionnelles de l'Annonciation. On est toujours dans la petite chambre mansardée de la rue du Cherche-Midi et on reconnaît au mur les portraits du chat Edgar-Quinet.

 

Girl Reading at a Window – 1909/1911
Huile sur toile, 40,3 x 25,4 cm
Tate Britain, Londres


La seconde version, celle achetée par John Quinn, est un autoportrait qui sera présenté à l’exposition de l’Armory Show à New York en 1913.

 

Huile sur toile, 40,9 x 25,3 cm
Museum of Modern Art, New York


Selon son catalogue, elle aurait dû montrer aussi une Femme au châle rouge mais le tableau n’est pas arrivé à temps pour l’exposition… C'est dommage car il aurait très bien représenté la seconde manière de Gwen.

 

Young Woman in a Red Shawl – vers 1913
Huile sur toile, 45,1 x 34,9 cm
York Art Gallery

Le soutien de Quinn est précieux pour Gwen. Il l’expose à New York avec les plus grands peintres modernes et elle n’a plus besoin de gagner sa vie comme modèle. La période devient très productive et à partir de 1919, elle commence à exposer au Salon d’Automne puis dans les autres salons parisiens.

En 1913, Gwen s’est convertie au catholicisme. C’est à peu près à la même époque, comme on vient de le voir, que sa manière de peindre commence à changer.

 

Girl in a Blue Dress – 1914/1915
Huile sur toile, 41,8 x 34,5 cm
National Museum Wales, Cardiff


Elle prépare à présent ses toiles avec de la craie et de la colle dont le mélange à chaud produit des petites bulles qui restent en surface. Elle applique ensuite une peinture à l’huile très sèche, en fine couche, créant une apparence de fresque décolorée qui ajoute à l’impression de fragilité de ses modèles, comme cette Fille en robe bleue qui paraît se fondre dans la surface de la toile.

 

Girl in a Blue Dress (détail)



Girl with a Blue Scarf – 1915/1920
Huile sur toile, 41 x 33 cm
Museum of Modern Art, New York


Girl in Profile – fin des années 10
Huile sur toile, 45,7 x 31,7 cm
National Museum Wales, Cardiff

 

Fidèle à sa pratique, elle multiplie les versions des mêmes scènes, ici avec un modèle inconnu. 

 

The Convalescent – 1918/1919
Huile sur toile, 33,7 x 24,5 cm
Tate Britain, Londres


The Precious Book – vers 1920
Huile sur toile, 26,4 x 21 cm
Collection particulière

 

The Convalescent – vers 1923
Huile sur toile, 41,2 x 33 cm
The Fiztwillimam Museum, Cambridge


Young Woman Holding a Black Cat – 1920/1925
Huile sur toile, 46 x 29,8 cm
Tate Britain, Londres

Jusqu’à cette Jeune femme en manteau gris, au format exceptionnellement grand pour l’artiste, qui paraît émerger doucement du fond dont elle conserve la couleur d’argile…

 

Young Woman in a Grey Cloak – vers 1920/1924
Huile sur toile, 64,6 x 46 cm
Musée des Beaux-Arts du Canada, Ottawa


… et cette impression n’est pas totalement fausse si l’on considère la façon dont elle travaille, sans dessin préalable, comme on le voit dans cette étude inachevée.

 

Etude d’une jeune fille nue assise – années 20
Huile sur toile, 32,4 x 24 cm
National Museum Wales, Cardiff


Et, à nouveau, plusieurs versions du même modèle, dans une autre gamme chromatique…

 

Woman with Cloak – vers 1920/1924
Huile sur toile, 64,1 x 49,5 cm
Buffalo AKG Art Museum


Au début des années 20, Gwen se rapproche du couvent des Sœurs dominicaines de la Charité de Meudon et peint de nombreux portraits de religieuses, probablement à leur demande. Elle expose certains d’entre eux au Salon d’Automne.

 

Mère Poussepin – 1920
Huile sur toile, 68,7 x 51,2 cm



The Nun – fin des années 1910
Huile sur toile, 56 x 35,2 cm
Galerie d’art Glynn Vivian, Swansea, Wales


A Young Nun – 1915/1920
Huile sur toile, 65 x 49 cm
National Gallery of Scotland : Modern, Edimbourg


Elle écrit à Quinn en 1922 : « Je suis tout à fait dans mon travail maintenant et je ne pense à rien d’autre. Je peins jusqu’à ce qu’il fasse noir… Et puis je dîne et puis je lis environ une heure et je pense à ma peinture. … J’aime beaucoup cette vie. »

La mort de Quinn, en 1924 met fin à cette période heureuse et la plonge dans une certaine insécurité financière, même si la sœur de Quinn, Julia Quinn-Anderson, continue à lui acheter des tableaux, notamment ce petit bijou de Poupée japonaise !

 

The Japanese Doll – 1920
Huile sur toile, 33 x 40,6 cm
National Museum Wales, Cardiff


En 1926, elle bénéficie de l’unique exposition personnelle de sa vie, aux New Chenil Galleries et en 1935, le musée national du Pays de Galles acquiert la Jeune fille en robe bleue. Gwen écrit au musée pour dire à quel point elle se sent honorée de cet achat.

Progressivement, la production de Gwen diminue. Elle dessine encore rapidement, des personnages saisis dans la rue ou à l’église, toujours de dos.

 

Les chapeaux à bride – 1929
Encre et gouache, 10,2 x 10,8 cm
Collection particulière


Two Hatted Women at Church – vers 1929
Encre et gouache
Collection particulière

Profile of a Girl in Violet with Fur Collar – sans date
Gouache, 16,5 x 16 cm
Collection du Gouvernement britannique

 

Alors qu'une nouvelle guerre menace Paris, Gwen rédige son testament avant de se rendre à Dieppe, envisageant peut-être de retourner en Angleterre ou au Pays de Galles. Mais elle s'effondre en arrivant et meurt quelques jours plus tard à l’hôpital, le 18 septembre 1939. Elle repose au cimetière de Janval où la municipalité de Dieppe a fait poser une plaque à sa mémoire en 2015.

 

*

Augustus John avait dit, sous forme de boutade, « cinquante ans après ma mort, je ne serai plus que le frère de Gwen John. » On n’en est pas là. Mais il faut bien admettre que, contrairement à son frère, Gwen n’a pas gaspillé son talent en peignant à tour de bras des portraits de célébrités de l’époque… Et si son aura est restée plus confidentielle que celle de son célèbre frère, sa discrétion était aussi une stratégie.

Dès 1912, elle écrivait dans son journal « Les dix règles pour éloigner le monde : N'écoutez pas les gens (plus que nécessaire) ; ne regardez pas les gens (idem) ; ayez le moins de relations possible avec les gens ; quand vous devez entrer contact avec les gens, parlez le moins possible ; ne regardez pas les vitrines ». Et la stratégie n’a pas si mal fonctionné puisque la plupart de ses amies de Slade ont vu leur carrière stagner après leur mariage. Pour Gwen, l’isolement était peut-être la solution.

 

Comme l'a écrit l'une de ses biographes, « Le vrai mystère de la vie de Gwen John peut s'avérer être moins lié à sa propre insaisissabilité qu'à la question de savoir pourquoi nous trouvons si difficile d'imaginer le style de vie et l'état d'esprit d'un artiste femme ayant choisi de vivre seule. » (Sue Roe, Gwen John, a Painter’s Life, Chatto & Windus, 2001)

 

L’exposition « Gwen John, Art and Life in London and Paris » est montrée à la Pallant House Gallery de Chichester, jusqu'au 8 octobre 2023.

 

*

 

Je termine avec l’un des aspects les plus touchants de l’œuvre de Gwen John, ses natures mortes dont la succession pourrait s’intituler « d’une théière à l’autre ». Mais quel peintre en a donné une interprétation finale aussi lumineuse et transfigurée ?

 

The Brown Tea Pot – 1915/1916
Huile sur toile, 33,5 x 23,2 cm
Yale Center for British Art, New Haven, Connecticut


Still Life with a Prayer Book, Shawl, 
Vase of Flowers and Inkwell – fin des années 20
Huile sur toile, 26,7 x 21,6 cm
Yale Center for British Art, New Haven, Connecticut


A Birdcage (House in a Landscape) – vers 1920
Huile sur toile, 22,2 x 26,7 cm
National Museum Wales, Cardiff


Ivy Leaves in a White Jug – 1920/1925
Gouache sur papier, 16,3 x 12,6 cm
Aberdeen Art Gallery


Interior – 1926
Huile sur toile, 22,2 x 27 cm
Manchester Art Gallery




*

 

N.B : Pour voir d’autres notices de ce blog, si elles n’apparaissent pas sur la droite, vous pouvez cliquer sur « Afficher la version Web » en bas de cette page.

 








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire