Hilma
af Klint est née le 26 octobre 1862, à Solna près de Stockholm. Elle est la
quatrième des cinq enfants de Mathilda et Victor af
Klint, amiral et mathématicien. La majeure partie de son enfance s'est
déroulée au château de Karlberg, siège de l'académie navale où son père était
basé.
Pendant l'été, la famille s’installait au bord du lac Mälaren, sur l’île d'Adelsö. C’est probablement là qu’est née la fascination d'Hilma pour la nature et la vie organique.
On sait peu de choses de son enfance et de ses relations avec sa famille. Elle était proche de sa mère et a vécu avec elle après la mort de son père, en 1898.
Elle a dix-sept ans lorsqu’elle participe à ses premières séances de spiritisme, probablement dans l'entourage de la peintre, photographe et médium Bertha Valerius. Elle étudie alors à l'école technique (Konstfack) de Stockholm et suit des cours de portrait et de paysage, à l'école d'art privée de Kerstin Cardon (1843-1924), une des premières femmes à avoir été admise à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Stockholm et qui était devenue une portraitiste en vue.
C’est à l’école technique qu’elle rencontre la peintre Anna Cassel (1860-1937), avec laquelle elle va partager la découverte du spiritisme.
L’année suivante, sa jeune sœur Hermina meurt à l’âge de dix ans, ce qui conduit Hilma à participer régulièrement à des séances de groupes mystiques pour entrer en communication avec les esprits.
De 1882 à 1888, elle complète sa formation artistique à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Stockholm et, dès 1887, commence à participer à des expositions dont la plupart étaient organisées par l'Association suédoise pour l'art (Sveriges Allmänna Konstförening). Elle y présente des paysages naturalistes.
A
la fin de son cursus, elle reçoit un prix de l'Académie pour une peinture
d'après modèle humain, probablement Andromède sur la mer (que je n'ai pas trouvée !) et bénéficie
d’une bourse sous la forme d'un atelier à Hamngatan, dans le quartier des
artistes près du Kungsträgården de Stockholm, où ses paysages et ses
portraits deviennent rapidement la source de son indépendance financière.
Pendant la vingtaine d’années qui suit, elle participe à des expositions collectives et voyage en Allemagne, Norvège, Hollande, Belgique et Italie. Elle produit aussi des illustrations botaniques pour des journaux scientifiques.
Ceci souligne que Hilma n’était pas une personne enfermée dans une dimension « à part » mais bien une jeune femme moderne et ouverte sur le monde par ses nombreux voyages. Elle avait, toutefois, une affinité avec des théories spirituelles développées par la Société théosophique, fondée à New York en 1875 par Helena Petrovna Blvatsky et Henry Steel Olcott, dont les principes centraux empruntent à la fois au spiritisme et à la science ; les théosophes croient à la réincarnation, mais aussi à l'existence d'univers macro et microcosmiques.
Par ailleurs - ce n’est peut-être pas inutile de le préciser - le mouvement spiritualiste était en grande partie dirigé par des femmes et se doublait, dans certains cas, de revendications en faveur du vote féminin…
Hilma devient membre du cercle spirituel de la Société Edelweiss (Edelweissförbundet) qui combinait les idées chrétiennes, les enseignements théosophiques et le spiritisme. Elle reçoit pour la première fois des messages « d’êtres spirituels » en 1896. Au cours d'une séance, elle fonde avec Anna Cassel et trois autres femmes, Sigrid Hedman, Cornelia Cederberg et Mathilda Nilsson, le groupe spirite « Les Cinq » (De Fem).
Les Cinq se réunissaient tous les vendredis pour lire la Bible, tenir des séances et enregistrer les messages qui leur étaient envoyés par les « guides spirituels » qu'elles contactaient. Elles utilisaient un outil appelé « psychographe » pour enregistrer les transmissions psychiques – textes et dessins automatiques - de guides spirituels, nommés Amaliel, Ananda, Clemens, Esther, Théosophe et quelques autres. Ces notes de ces séances se poursuivent jusqu'en 1907.
Entre
temps, le père d’Hilma est décédé et elle s’installe avec sa mère à Stockholm.
C’est à cette période qu’en collaboration avec Anna Cassel, elle illustre un
livre sur la chirurgie équine écrit par John Vennerholm, directeur de
l'Institut vétérinaire de Stockholm.
Jusqu’en
1903, c’est Cornelia Cederberg qui tenait le crayon et la plupart des dessins
étaient signés collectivement « DF » (De Fem). Selon certains
chercheurs, Les Cinq auraient même expérimenté une méthode de dessin de type
« cadavres exquis », précédant ainsi les surréalistes de plusieurs
décennies !
Vers 1903, Hilma commence à dessiner elle-même et l’année suivante, le guide spirituel Ananda l’aurait informée qu'elle allait être appelée à transmettre le monde spirituel à travers la peinture. Puis, le 1er janvier 1906, Amaliel, le guide le plus important - que Hilma décrit comme celui qui avait vécu au Tibet et comprenait le monde astral – lui confie la tâche de concevoir un temple dédiés aux guides spirituels susmentionnés…
Hilma se prépare longuement, devient végétarienne, apprend à maîtriser sa concentration. Puis elle effectue ce que certains chercheurs considèrent comme un préliminaire, la série Chaos primordial, un ensemble de 26 petites toiles illustrant la création du monde. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Quelle est la logique de tout
cela ? On trouve l’explication dans les cahiers d’Hilma, un dictionnaire
des symboles intitulé Lettres et mots relatifs aux œuvres. Chaque peinture est réalisée en trois
couleurs : le jaune représente le masculin, le bleu, le féminin, et le vert,
l'harmonie entre les deux.
Selon Maurice Tuchman, ancien conservateur du Los Angeles County Museum of Art : « Elle croyait que les sexes des hommes et des femmes dans le monde réel sont inversés dans le monde astral ; et ce renversement fournit une résolution de la dualité de l'existence humaine. »
Le motif récurrent est la spirale, symbole de croissance, de changement et d'évolution. La coquille d’escargot représente l'évolution du corps et de l'esprit. (Cliquer pour agrandir)
Dans
le Chaos n° 5 figure en haut les symboles « U » (l’esprit) et « W » (la matière).
Un tout petit « U » est placé au centre de la coquille et le
« W » se trouve à l’entrée verte de la spirale. Tout part de
l’esprit, la vie spirituelle, le lien avec l’âme et avec Dieu. On retrouve
cette alliance entre le U et le W dans le tableau ci-dessous…
J’aurais plus de difficulté à interpréter ce dernier tableau de la même série, exposé à Orsay en 2021… !
Les
cahiers que Hilma rédige parallèlement à ses créations, constituent une boite à
outils, où il faut aller puiser pour comprendre. D’après ce que j’en ai lu, ce
n’est pas une mince affaire…
En
novembre 1907, Hilma commence le cycle des Peintures pour le Temple, proprement
dit, avec la série Les Dix plus Grandes, qui mesurent
environ 335 cm x 152 cm, un format nettement plus important que les autres
œuvres d’Hilma (et des autres peintres de l’époque). On pense qu’elles ont été
peintes sur le sol, en quelques jours seulement.
L’ensemble représente les différents âges de la vie, enfance, jeunesse, âge adulte et vieillesse. Chaque âge est représenté par deux peintures (diptyque), sauf l’âge adulte qui comporte quatre toiles. D’après les cahiers d’Hilma, ils ont été réalisés « automatiquement », sous la conduite des guides Théosophe et Ester, sous la haute égide d’Amaliel, sans dessin préliminaire.
Les œuvres ont des caractéristiques fortes : les bleus pour l’enfance, les oranges pour la jeunesse, les violets-mauves composent l’âge adulte et les roses - rouges pâles symbolisent la vieillesse.
Selon
la symbolique de Hilma, le fond bleu donne à l’œuvre une qualité féminine mais
les deux groupes de fleurs qui se trouvent en partie haute représentent des
roses (masculin) et des lys (féminin).
Au
cours de l’année 1908, Hilma crée deux autres séries pour le Temple, Les Grandes
Figures peintes et Eros.
Finalement,
entre fin 1906 et avril 1908, Hilma réalise 111 Peintures pour le Temple,
terminant par les séries L'Étoile à sept branches et Évolution, au
moment où le groupe des Cinq se dissout.
Dans
cette série, Hilma fait référence au récit biblique de la création. Comme
d’habitude, le principe féminin (Eve) est en jaune et le masculin (Adam) en
bleu. Dans la troisième œuvre, la plus figurative, les deux personnages sont
« tentés » par deux serpents noirs qui les provoquent (le serpent du
jardin d’Eden ?). Une nuée de spermatozoïdes jaunes et bleus entourent ce
qui pourrait bien être un ovule central…
Au mois d’avril 1908, la mère d’Hilma devient aveugle, la contraignant à abandonner son activité spirite et la production artistique qui y était associée, pour s’occuper d’elle.
Mais c’est aussi le moment de sa rencontre avec un membre éminent de la Société théosophique, Rudolf Steiner qui donne sa première conférence en Suède. Quelques années plus tard, il fondera la Société anthroposophique, basée sur une idéologie plus « occidentale », qui visait à définir une « science spirituelle », selon laquelle la spiritualité pouvait être comprise rationnellement à travers l'art et la science.
C’est probablement en 1910 qu’Hilma montre à Steiner quelques-unes de ses Peintures pour le Temple. Celui-ci n’est pas convaincu par la peinture médiumnique et l’encourage à rechercher plutôt sa propre philosophie. Certains chercheurs pensent que cette réaction est à l’origine de la pause de « spiritisme artistique » de Hilma pendant quatre ans…
Pour
autant, elle ne cesse pas ses autres activités. Elle rejoint l'Association des
femmes artistes suédoises (Föreningen Svenska Konstnärinnor) dont elle
sera la secrétaire jusqu'en 1911. Et elle aurait peint des portraits de personnalités scientifiques mais je n’en ai pas trouvé trace…
En 1903, Hilma achète une maison près du lac Furuheim, sur l'île de Munsö, et peint la série US, sur laquelle je n’ai pas trouvé grand-chose en termes d’explications. Je trouve que cela ressemble à un autel…
Hilma
commence ensuite la série des Arbres de la Connaissance, un ensemble d’aquarelles
qu’elle réalise en deux ans et que je trouve absolument fascinant. Il semble
que Hilma en ait produit deux versions et en ait offert une à Steiner au début
des années 20. Vers 1927, les œuvres sont entrées en possession d'Albert
Steffen, qui est devenu président de la Société anthroposophique après la mort
de Steiner en 1925.
Ces œuvres ont ensuite appartenu à un collectionneur privé, avant d'être acquises très récemment par le Glenstone Museum, un musée américain, ce qui permet d’en avoir une idée complète car elles ont été photographiées au moment de la vente. (Le site de la Fondation qui conserve l’autre version de la série n’est pas très généreux, ni en termes d’images disponibles, ni en précisions sur les œuvres !)
Toutes les œuvres sont composées à l’aquarelle, gouache, graphite et peinture métallique sur papier et mesurent environ 46 x 30 cm.
Avec
l’arbre de la connaissance (ou arbre de vie) thème biblique par excellence, Hilma
revient sur le commencement du monde d’un point de vue plus explicitement
chrétien. Les lignes courbes et les motifs tirés de la nature indiquent peut-être
une influence de l’art nouveau ?
On
peut aussi y voir une tentative de fusionner la logique scientifique (dans un
style rappelant les diagrammes) et une esthétique des arts appliqués qui
constitue une approche assez unique de l’abstraction.
La
même année 1913, Hilma expose dix-sept « peintures spirituelles »
dans une exposition d'art organisée par la Société théosophique de Stockholm, à
laquelle Anna Cassel participe également. Il est probable que cette
présentation n’ait bénéficié que d’une notoriété limitée…
Au moment où commence la Première Guerre Mondiale, Hilma continue à travailler pour le Temple, avec la série Cygne, qui fait clairement référence au symbole chinois du yin et yang, mis en évidence par le contraste du noir et du blanc. Le premier représente deux oiseaux en vol, plumes noires, bec jaune pour le yin féminin, plumes blanches, bec et pattes bleus pour le yang masculin. Dans de nombreuses mythologies, le cygne représente le suprasensible et il symbolise la perfection dans la tradition alchimique.
La
même thématique diversement déclinée se retrouve dans les différents éléments
de la série, avec un recours de plus en plus évident à l’abstraction pure.
En
1914, Hilma expose des portraits et des paysages classiques à l'exposition
baltique de Malmö, où Kandinsky présente des peintures abstraites.
Imperturbable, elle continue en secret ses Peintures pour le Temple avec deux
séries, La Colombe (le Saint Esprit ?) et le triptyques Retable.
Le
triptyque Retable, dernière œuvre du cycle, était destiné au sanctuaire,
le lieu le plus secret et le plus préservé du Temple.
Le Retable 3 présente un triangle équilatéral segmenté en sections quadrillées multicolores. Au sommet du triangle, un cercle d'or et des rayons de lumière. L’image est inversée dans le premier Retable, dont la pointe du triangle repose en bas de la toile. Le cercle d'or repose sur la base, entouré d'une spirale éthérée multicolore.
Les motifs de la toile centrale unifient les deux images qui l’entourent. Le symbole triangulaire est devenu minuscule, englouti par le cercle d'or, lui-même entouré d'un anneau noir, comme par une membrane protectrice. Des flux de lumière colorés, parfois en spirale, rayonnent autour de lui.
Selon les chercheurs, les triangles du Retable doivent être considérés comme un symbole du développement évolutif du corps physique vers un « corps éthéré de lumière ». Hilma exprime ainsi la pensée des théosophes, selon laquelle l'évolution peut avoir lieu dans deux directions : la matière peut être raffinée et atteindre un niveau supérieur de spiritualité, vers les rayons éthérés de la lumière, tandis que la spiritualité peut descendre et s’obscurcir au contact des « formes grossières de la matière », symbolisées par les triangles.
Le cycle des Peintures pour le Temple est terminé fin 1915. Il est composé de 193 œuvres…
Et
l’année suivante, Wassily Kandinsky expose à Stockholm. Ses Carrés et
cercles concentriques datent de 1913. Mais comment ne pas rappeler qu’en
1908, quand Hilma peignait ses Etoiles à cinq branches, déjà
parfaitement abstraites (pour ne pas parler des Dix plus Grandes qui le
sont évidemment aussi), Kandinsky peignait encore les paysages de Murnau ?
Cette année-là, Hilma
crée la série Parsifal :
Pour Hilma, la « direction divine » est terminée, ce qui ne l’empêche pas d’écrire, en 1917, plus de 1 200 pages intitulées Studier över Själslivet (Études de la vie de l'âme), détaillant son expérience de médium métaphysique.
Puis, elle va changer d’approche de la peinture, peindre des formats plus petits, sans quitter l’abstraction, comme on le voit dans la série II…
… ou la série V
présentée actuellement au musée d’art moderne de Malmö :
La
mort de sa mère en 1920 coïncide avec de nouvelles expériences. Hilma paraît revenir au
premier processus « automatique » du début des Cinq, pour étudier les fleurs et les arbres (on ne peut s’empêcher de penser à Louise
Bourgeois).
Après
son déménagement à Helsingborg, une ville côtière du sud de la Suède, Hilma se
rend régulièrement en Suisse, au Goetheanum (le centre mondial du mouvement
anthroposophique) et rencontre plusieurs fois Steiner.
Puis, préoccupée par l’héritage de son propre travail, elle entreprend de cataloguer ses peintures et de finir de documenter son œuvre, dans 150 petits carnets.
En juillet 1928, elle se rend à Londres et expose des œuvres du cycle des Peintures
pour le Temple à la Conférence mondiale des sciences spirituelles, organisée
par la Société anthroposophique anglaise. Dans les années 30, elle commence à
imaginer un « musée pour montrer ce qui se cache derrière les forces de la
matière » mais prend des dispositions pour que ses œuvres spirituelles ne
soient montrées au public que vingt ans après sa mort.
Lorsque son neveu, Erik af Klint (1901-1981) lui rend visite en 1938, elle lui montre Les Peintures pour le Temple et lui en explique la signification.
Quelques années plus tard, l'artiste Tyra Kleen lui propose de conserver les Peintures pour le Temple dans un nouveau bâtiment de la Fondation Protestante Sigtuna. Hilma refuse : « les mettre entre les mains de personnes non anthroposophiques » n’est pas possible, écrit-elle à Tyra Kleen.
Lorsque Hilma meurt, le 21 octobre 1944, après un accident de tramway, son neveu Erik af Klint hérite de quelques 1300 peintures et 124 cahiers comprenant plus de 26 000 pages manuscrites et dactylographiées.
*
Hilma af Klint n'a eu aucun contact avec les mouvements modernes de son temps et pourtant elle est aujourd'hui considérée comme une pionnière et l'inventrice de l'art abstrait : sa première œuvre abstraite a été peinte en 1906, soit cinq ans avant celle de Kandinsky.
Si les représentations créées par Hilma al Klint sont extrêmement personnelles, sa démarche est beaucoup moins spécifique qu’on pourrait le penser. Kandinsky s’est aussi intéressé à l’occultisme et a publié en 1911 un livre sur le Spirituel dans l’art ; Malevitch est arrivé à ses images abstraites en passant par le cubisme et le futurisme. Quant à Mondrian, il était aussi théosophe et cherchait une expression spirituelle des idées, au-delà du monde visible… mais contrairement à Hilma, aucun d’entre eux n’a prétendu avoir agi en tant que medium. En revanche, l’expérience de Hilma a été partagée par Frantisek Kupka (1871-1957) et Emma Kunz (1892-1963).
Après
sa mort, son œuvre secret n’a pas été divulgué, conformément à sa volonté. Une
de ses toiles a été montrée en 1986, dans une exposition collective intitulée « The
Spiritual in Art » à Los Angeles.
Puis, il y eut l’exposition du MOMA de New York en 1989 (Les Peintures secrètes de Hilma af Klint), puis celle du Moderna Museet de Stockholm (Pionnière de l’Abstrait) en 2013, puis celle du Guggenheim de New York en 2018/19 (Hilma af Klint, peintures pour le Futur), qui se justifiait d’autant mieux que le temple que ces peintures étaient destinées à orner - et qui ne fut jamais construit - devait être une structure ronde où les visiteurs monteraient le long d’un escalier en spirale dans un voyage spirituel défini par ces œuvres…
Et enfin, l’exposition du Moderna Museet de Malmö en 2021 (Hilma ad Klint, artiste, chercheuse, medium). En France, on a vu plusieurs des ses toiles dans l’exposition du centre Pompidou « Elles font l’abstraction », et à Orsay, pour « Les origines du monde », en 2021.
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