Eva Gonzales n’a jamais produit d’autoportrait revendiqué. Il
en existe deux qui circulent sur la toile, l’un est une simple attribution,
l’autre n’est pas représentatif. J’ai donc finalement choisi ce pastel de Manet
- qui a beaucoup pratiqué cette technique pour portraiturer ses amies – puisque
son portrait « en peintre » figure un peu plus loin.
Eva Carola, Jeanne, Emmanuela, Antoinette Gonzales est née à Paris, le 19 avril 1849, dans une famille bourgeoise d’origine monégasque et plus lointainement espagnole, installée en France. Son père était l’écrivain célèbre Emmanuel Gonzalès, président de la Société des gens de lettres et sa mère, Marie Caelina Ragut, musicienne et cantatrice qui mit fin à sa carrière pour s’occuper de ses filles. Eva grandit avec sa sœur, Jeanne (1852-1924) qui fut peintre également, sans atteindre la notoriété d’Eva. Les deux sœurs pratiquent le chant, la harpe et le piano et, bien sûr, le dessin et la peinture.
Je place ici le portrait de sa mère qu’Eva représente en harpiste. Le tableau qui resta longtemps dans la famille de l’artiste et ne sera exposé qu’une fois, lors de l’exposition rétrospective de l’œuvre d’Eva, deux ans après sa mort.
Et
pour rester dans l’évocation de cette famille de musiciennes, voici Eva à
trente ans, par Alfred Stevens, ami de la famille.
La
famille passe l’été à Monaco et se rend régulièrement à Dieppe.
A Paris, les sorties au théâtre, la fréquentation d’écrivains et d’hommes de lettres - comme Victor Hugo, Alexandre Dumas père, Théophile Gautier et Théodore de Banville - et les soirées mondaines constituent le quotidien des deux jeunes filles. Contrairement à Berthe Morisot, dont les parents reçoivent de nombreux peintres, Eva a plus de contacts avec les intellectuels qu’avec le milieu artistique.
Eva n’a pas encore dix-sept ans quand elle entre, le 3 janvier 1866, dans l’atelier pour femmes de Charles Chaplin, peintre de genre et portraitiste mondain, qui enseignait à nombre de jeunes filles de bonne famille. L’Ecole des Beaux-Arts leur étant interdite, elles n’avaient accès qu’aux ateliers privés, évidemment payants. Avant 1870, ces ateliers sont peu nombreux et les plus renommés sont ceux de Léon Cogniet (voir Amélie Cogniet) et de Charles Chaplin. Dans l’atelier de Chaplin, sont enseignées les pratiques de base (pastel, sanguine, aquarelle, peinture à l’huile et eau-forte) auxquelles s’ajoute - une nouveauté pour l’époque - l’étude de nu féminin dispensée par une ancienne élève afin de préserver les convenances.
Chaplin peint les femmes de son temps, vêtues de mousselines vaporeuses, des jeunes filles à l’épaule délicatement dénudée, dans une palette rose-sable-perle-blanc, séduisante et rassurante pour les familles :
Dès
la fin 1867, Eva abandonne progressivement cet atelier, dont elle trouve
l’enseignement trop classique. Elle va cependant garder de ce premier maître son
intérêt pour les effets poudrés du pastel mais
aussi une exigence de précision des contours et le goût des formes définies.
Son père lui offre alors son propre atelier rue Breda, à côté du domicile familial. Chaplin restera un proche de la famille Gonzalès et, membre du jury du Salon à partir de 1873, interviendra sans doute ponctuellement pour faciliter l’admission de son ancienne élève.
Jeanne
est également son modèle pour Le Thé qu’Eva présente à l’exposition
universelle et internationale de Lyon en 1872 où elle reçoit une mention « honorable ».
Modèle aussi pour Le Psyché, une petite toile aux couleurs sourdes simplement rehaussée par la tache rouge d’une fleur que la jeune fille tient dans sa main...
… et pour Le moineau, de la même époque (avec
une assez curieuse coiffure en épis de blé…), où l’on retrouve l’effet de « mousseline légère sur épaule dénudée » chère à Chaplin :
Ou
encore, cette Dame à l’éventail, peinte en 1869, l’année où Eva, par
l’intermédiaire d’un ami de la famille, le peintre Alfred Stevens, rencontre
Edouard Manet dont elle va devenir l’unique élève.
« La sœur cadette d’Eva, Jeanne, est sûrement le modèle de ce pastel. Gonzalès a fait le dessin à l'âge de vingt-deux ans […] Doux et velouté dans l'exécution, ce travail est une composition magistrale d'arcs et de courbes, l'éventail faisant écho aux manches plissées et aux plis épais de la robe. » (Notice du musée).
Enfin, on peut aussi reconnaître Jeanne dans ce tableau acquis par l'Etat lors de la vente posthume de l'artiste, en 1885.
Le
Portrait de Mlle J.G., pastel représentant sa sœur, présenté au Salon de
1870, a probablement été peint au même moment. Eva va aussi y présenter L’enfant
de troupe, dit aussi Le Clairon.
Je n'ai pas encore pu trouver de meilleure photo de ce petit musicien de la garde impériale qui a pourtant voyagé partout dans le monde pour être montré dans des expositions. C'est dommage car il fait piètre figure à côté de son illustre prédécesseur…
Bien que ce Clairon soit, à l’évidence, une référence au Fifre de Manet, Eva s’inscrit prudemment au Salon comme élève de Chaplin, car Manet, depuis le scandale de son Olympia présentée au Salon de 1865, n’est plus très fréquentable pour une jeune artiste. Mais la critique ne se laisse pas berner et, même si elle sera globalement bienveillante avec Eva - grâce aux deux autres œuvres qu’elle montre et qui sont appréciées - ne manquera pas de lui conseiller, au passage, de choisir entre « la vertu et le vice » … Toutefois, Le Clairon est acheté par l’Etat !
Ceci étant, après quelques années de purgatoire, Manet avait recommencé à exposer au Salon en 1868 puis en 1869 où il a montré le fameux Balcon pour lequel Berthe Morisot a servi de modèle.
Au
Salon de 1870, Manet expose un Portrait de Mlle E.G. qui n’est autre qu’Eva.
Je ne suis pas parvenue à trouver quel pouvait être ce tableau qu’Eva semble être en train de retoucher. Il n’existe peut-être pas. En fait, ce portrait me met un peu mal à l’aise : pourquoi faire poser Eva devant un tableau encadré et dans une poste aussi peu naturelle ? Par terre, la pivoine presque « tombée du tableau » renforce encore l’ambiguïté.
L’œuvre est très mal reçue par la critique qui considère que la plastique du modèle a été maltraitée.
Les œuvres d’Eva, à
cette période, sont assez éclectiques. Certaines sont exécutées dans un style proche des peintures
« espagnoles » des débuts de Manet (avec des fonds obscurs), comme ce
Portrait d’une jeune fille (encore Jeanne) :
Ou comme cette Fille aux cerises :
D’autres,
traitées comme des ébauches, s’inscrivent dans une gamme de gris et bruns qui
donnent l’impression qu’Eva est en recherche d’un nouveau style, en suivant les
conseils de Manet : peindre ce qu’elle voit comme elle le ressent, sans se
préoccuper des détails.
Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris
« De
petit format, assez esquissée, cette œuvre charmante représente une figure
féminine en promenade, tenant à la main un large chapeau de soleil à fleurs et
rubans, appuyée à une barrière. La figure se détache sur un fond laissé pour
partie en réserve et sur lequel l’artiste est intervenue avec des touches vives
pour suggérer la végétation. Le visage, le vêtement et l’environnement de
la figure sont traités avec une matière fine et légère, dans une harmonie de
bleus et de verts seulement ponctuée du jaune du chapeau et du rouge des fleurs
que l’on devine sur celui-ci et à l’arrière-plan. Cette manière fraîche et
subtile ainsi que son caractère inachevé nous semble aujourd’hui un écho à la
vie fragile de l’auteur […] » (Extrait de la notice du Petit Palais)
Bien que non datée, cette scène montre probablement la même personne, raison pour laquelle je la place ici…
De
février 1869 à juillet 1870, Eva vient régulièrement, accompagnée de sa sœur,
poser son chevalet à côté de celui de Manet. Elles y font la connaissance du fils (non reconnu) de Manet, Léon Leenhoff, avec lequel elles deviendront amies et qui
participera activement à la préparation de l’exposition posthume d’Eva.
La
guerre franco-prussienne et la Commune éloignent les dames Gonzalès : elles
se replient à Dieppe dès la déclaration de guerre et ne reviendront à Paris qu’en
juillet de l’année suivante. Pendant cette période, Eva peint la plage de
Dieppe, une vue du port et ces deux petits bijoux de natures mortes, sur fond neutre où seules quelques ombres indiquent que les fruits sont posés sur
un plan horizontal.
Elle exécute aussi ce charmant portrait d'une de ses amies, la femme du peintre Georges Haquette.
Au
Salon de 1872, Eva expose sous deux prénoms différents : L’indolence
sous le prénom d’Eva et La plante favorite sous le prénom Jeanne-Eva. Eva se déclare l’élève de Chaplin et Jeanne-Eva n’est l’élève de personne. Peut-être un tableau d’Eva auquel Jeanne a participé (Mais Jeanne s'appelle Jeanne Constance) ? Ou, simplement, une erreur lors
de l’inscription. Quoi qu’il en soit, les deux œuvres sont attribuées à Eva et favorablement
reçues par la critique.
En
juillet 1872, Manet s’installe dans un grand atelier au 4, rue de
Saint-Pétersbourg, proche de la gare Saint-Lazare. Eva viendra y peindre avec
lui jusqu’à la fin 1876 et continuera ensuite à solliciter ses conseils pendant
l’année suivante.
En 1873, Eva propose de nouveau des œuvres au jury du Salon, mais il semble que son souhait de se réclamer à la fois de l’enseignement de Chaplin et de celui de Manet ait constitué un obstacle : elle n’est pas admise à montrer son travail. Elle figure, en revanche, au « Salon des refusés », dont l’organisation est décidée en raison de l’intransigeance excessive du jury, avec Les Oseraies (ferme en Brie) qui est loué par la critique.
Elle réalise aussi, cette année-là, une nature morte d'une grande délicatesse :
On
ne sait pas si Eva est sollicitée, en 1874, pour participer à ce qui sera la
première exposition impressionniste, dans l'atelier du photographe Nadar. A
cette époque, elle n’a sans doute pas beaucoup d’amis dans ce groupe
d’artistes : comme on l’a vu, ses relations familiales ne la mettent pas
en contact avec ce milieu et, en outre, elle n’est pas très bien considérée par
Berthe Morisot qui jalouse sa relation privilégiée avec Manet (comme cela apparaît
clairement dans sa correspondance). De plus, en tant que jeune fille de bonne
famille, elle n’est évidemment pas invitée aux rencontres d’atelier entre
artistes où ne figurent que des hommes, comme le montrent les tableaux de
l’époque :
On voit ici ceux qui composaient le « Groupe des Batignolles » : au centre « le blond Manet » en train de peindre le portrait du peintre et critique d’art Zacharie Astruc (assis en face de lui) qui sera un grand défenseur de l’œuvre d’Eva. Derrière eux, de gauche à droite, le peintre allemand Otto Schölderer, Renoir, Zola qui regarde de côté, le musicien et collectionneur Edmond Maître, Frédéric Bazille qui dépasse tout le monde d’une tête, et enfin, Claude Monet, un peu dans l’ombre.
Quoi qu’il en soit, c’est au Salon, comme Manet, qu’Eva
expose La nichée, un pastel curieusement intitulé par le musée
d’Orsay La matinée rose…
Et elle présente parallèlement, dans son propre atelier, une petite exposition dont l’œuvre principale est Une Loge aux Italiens qui a été refusée au Salon de Paris mais qui sera remarquée au Salon triennal de Gand (Belgique) où elle n'a pas manqué de l'envoyer !
On
y voit Jeanne, en compagnie du futur mari d’Eva, Henri Guérard (1846-1897) :
Le
tableau peut certes évoquer Le Balcon de Manet, à cause de son fond
sombre mais le thème rappelle aussi plusieurs tableaux de Mary Cassatt (Dans
la loge) et on pense surtout à La Loge de Renoir, peint et présenté la
même année à l’exposition impressionniste : un homme qui regarde ailleurs,
une femme de face, avec une rose dans les cheveux et qui tient des jumelles de
théâtre, dans un cadrage très resserré.
Même si elle se tient à distance des impressionnistes, Eva manifeste la même volonté que la leur de montrer la vie moderne et le théâtre est un lieu important de sociabilité.
A
l’exception des endroits que les femmes de sa condition ne fréquentent pas (cafés, boulevards), Eva aborde tous
les thèmes traités par les impressionnistes : le canotage, avec En bateau,
où l’on reconnait l’inspiration de Berthe Morisot dans Jour d’été ; les réceptions Sur la terrasse, qu'elle peint à Pontoise et qui fait évidemment penser à celle de Sèvres, représentée par Marie Bracquemond et aussi les promenades Dans les blés à Dieppe,
qui la rapprochent de l’inspiration de Pissarro ou des fameux Coquelicots de Claude Monet.
Quand elle est sur la côte normande, Eva affectionne aussi visiblement les scènes et paysages du bord de mer, peints « sur le motif ».
L’autre
versant de la vie des femmes est évidemment celui de l’intimité, scènes de toilette représentées aussi par Berthe Morisot et Mary Cassatt.
Le petit lever, qu’Eva présente au Salon de 1876, après avoir boudé celui de 1875, est l’un des derniers où l’influence « espagnole » de Manet, fond sombre et palette contrastée, se fait sentir. (On y voit le même miroir que dans La nichée de 1874 mais ici les visages s'y reflètent). Le tableau est très bien accueilli mais Eva est à nouveau absente au Salon suivant.
Au Salon de 1878, Eva et Jeanne exposent toutes deux. Pour Jeanne, c’est la première fois. Elle montre une peinture intitulée Rose de juin, tandis qu’Eva expose deux pastels et deux peintures, dont Miss et Bébé qui reçoit un accueil mitigé, la « Miss » étant jugée insuffisamment travaillée.
Ce tableau est considéré aujourd’hui, notamment par la National Gallery, comme un hommage au Chemin de fer de Manet, présenté au Salon de 1874. Il est vrai que la position et le coiffure de l'enfant sont assez évocatrices.
Eva ne montre pas au Salon deux autres œuvres qu’elle réalise aussi cette année-là : Le Réveil et L’Alcôve, dont la palette est éclaircie, presque entièrement blanche pour la seconde. Dans les deux cas, c’est un portrait de Jeanne, l’une couchée, l’autre assise, sur le même lit. Des scènes peut-être trop intimes pour être montrées au Salon, même si elles rappellent La Psyché de Berthe Morisot, montrée l’année précédente chez les impressionnistes (voir sa notice). On notera aussi le bouquet de violettes qui évoque celui que Manet a offert à Berthe Morisot l’année précédente…
En
1879, Une loge aux Italiens est finalement acceptée au Salon, avec deux
pastels, et même le redoutable critique du Figaro, Wolff, qui écrit pis que pendre des impressionnistes, doit convenir qu’il ne manque pas de finesse.
Quelques mois plus tôt, le 15 février 1879, Eva a épousé Henri Guérard, graveur talentueux, peintre occasionnel, personnalité extravagante et fantasque, collectionneur de lanternes et propriétaire d’un chien, Azor, et d’un singe nommé Bi. Aussi extraverti qu'elle est timide et réservée, c'est son exact contraire.
On ne sait pas comment ils se sont rencontrés, peut-être se connaissaient-ils parce que l’atelier de Guérard était à deux pas du domicile de la famille Gonzalès. Mais probablement aussi parce qu’Henri est un ami très proche de Manet avec lequel il fréquente le café La Nouvelle Athènes, place Pigalle, lorsqu’ils ne vont pas au Café Guerbois, estaminet de ralliement des impressionnistes.
La Nouvelle Athènes est proche de l’atelier de Guérard et sert de décor à plusieurs tableaux de Manet, comme Au Café (1878) où on reconnaît Guérard et son haut-de-forme, en compagnie de l’actrice Ellen Andrée.
Edouard Manet sera l’un des témoins du mariage d’Eva et Henri. Cinq ans plus tard, lorsque Claude Monet lancera une souscription pour acheter l’Olympia (voir Berthe Morisot), Guérard fera partie des souscripteurs et c’est à lui qu’Edmond Bazire fera appel pour graver les illustrations de son ouvrage sur Manet (Edmond Bazire, Manet, A. Quantin, Paris, 1884) :
Son mariage inspire à Eva un portrait de sa sœur en demoiselle d’honneur,
présenté au Salon de 1880. L’œuvre sera très bien reçue et achetée
immédiatement par le journal L’Art.
A ce stade, j’ai une petite interrogation. Il existe deux autres portraits de sa sœur, datant de la même époque, habillée en mariée. Or, d’après les éléments dont je dispose, Jeanne s’est mariée en 1888, après le décès d’Eva. Dès lors, soit cette mariée n’est pas Jeanne – mais lui ressemble beaucoup -, soit il s’agissait d’un jeu entre les deux sœurs ?
De la même époque également, cette nature morte montre son impressionnante maîtrise du pastel et la vivacité de son expression :
Pastel sur papier encollé sur toile, 37,4 x 45,4 cm
A
partir de son mariage, si Manet est moins présent dans le travail d’Eva. C'est sans doute que, grâce à son mari, elle a accès à d’autres peintres, notamment
ceux que Guérard rencontre à Honfleur, haut-lieu artistique dans ces années-là,
fréquenté notamment par Monet.
Pendant l’été 1880, Guérard fait découvrir Honfleur à Eva et Jeanne. Ils se rendent à la ferme Saint Siméon, une auberge qui s’est transformée en foyer de rencontres artistiques.
Eva en profite pour multiplier les travaux « sur le motif » et représenter sa sœur et son mari, dans une technique impressionniste de plus en plus évidente :
Eva
ne participe pas au Salon de 1881 et envoie à celui de 1882, un pastel, Au
bord de la mer (Honfleur) dont chacun souligne l’évolution impressionniste.
Elle se retire peu à peu de la vie mondaine et attend son premier enfant.
En 1883, elle est à nouveau présente au Salon avec La Modiste, à nouveau un pastel qui semble (re)devenir son moyen d'expression favori.
Quelques jours après l’ouverture du Salon, Eva meurt brutalement d’une embolie, le 6 mai 1883, deux semaines après la naissance de son fils Jean-Raymond Guérard et six jours après le décès d’Édouard Manet.
S’intéresser aux femmes artistes, c’est aussi constater qu’il
n’était pas rare, aux siècles précédents, de ne pas survivre à un
accouchement : Paula Modersohn-Becker, vingt ans plus tard, perdra la vie exactement dans les mêmes circonstances.
*
Deux ans après la mort d'Eva, en janvier 1885, s’ouvre une rétrospective de son œuvre dans les salons du journal La Vie moderne. Les visiteurs sont accueillis par son père, sa sœur et son veuf, ainsi que par le fils de Manet, Léon Leenhoff. Parmi les artistes présents au vernissage figuraient Puvis de Chavannes, Henner, Alfred Stevens, Jacques Emile Blanche, Guillemet, Chaplin, Monet, Degas, Pissarro, Berthe Morisot, Goeneutte et Bracquemond ainsi que l’ancien ministre de la culture, Antonin Proust, Stéphane Mallarmé, Paul Meurice, Ernest et Alphonse Daudet et Emile Zola.
A
la suite de l’exposition, une vente est organisée à Drouot, le 20 février.
En
1909, le Salon d’Automne a dû organiser une petite rétrospective car j’ai
trouvé ce commentaire : « Eva Gonzalès – La douzaine de petites
toiles ou pastels exposés, simples ébauches d’une élève trop fidèle de Manet,
ne suffirait pas à expliquer les dons rares de l’artiste morte à trente et un
ans, si la Loge à l’Opéra, une des meilleures œuvres de l’école
impressionniste, n’était là pour faire comprendre ce que l’art français a
perdu. » (Anonyme, Le Salon d’Automne, Gazette des Beaux-Arts, juillet
1909, p.392)
Ensuite, son œuvre disparaît des cimaises jusqu’à ce que quelques expositions soient organisées dans des galeries, en 1932 et 1950 à l’instigation de son fils, grâce auquel La Loge aux Italiens entre dans les collections publiques.
Il faut ensuite attendre les années 2000 pour qu’Eva réapparaisse :
En 2008, la Schirn Kunsthalle de Francfort l’expose en compagnie des trois autres femmes impressionnistes, Berthe Morisot, Marie Bracquemond et Mary Cassatt et, en 2014, elle est présente dans l’exposition « Les Impressionnistes en privé » du musée Marmottan – Monet.
C’est bien maigre et s’il est une absence de notoriété injustifiée, c’est bien celle qui concerne le travail de cette artiste.
Le Petit Palais, à Paris, avait annoncé une exposition monographique sur elle en 2023, en partenariat avec le musée de Dieppe mais on ne la voit pas arriver…
*
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