Anna Children-Atkins était botaniste. Elle
n’était donc pas une « artiste » à proprement parler. Toutefois, elle
a été une pionnière dans le domaine de la photographie scientifique et a
utilisé les acquis de son travail pour réaliser ensuite des œuvres d’un grand
intérêt artistique. Il me semble donc qu’elle a toute sa place dans ce blog !
Orpheline de mère, elle a été élevée par son père, John George Children, un naturaliste réputé. Jeune fille, elle s’est passionnée pour le travail de son père et l’a secondé en illustrant, de 250 gravures et dessins, la traduction anglaise, effectuée par son père, de l’Histoire des mollusques de Lamarck, publiée en 1833.
Dans les années 30 à 60, elle a aussi taquiné un peu l’aquarelle, mais en amateur !
Elle a épousé en 1825,
John Pelly Atkins mais n’a pas cessé pour autant d’exercer l’activité qui la
passionnait, l’étude des végétaux. Son premier projet personnel a été la confection
d’un herbier qu’elle lèguera au British Museum en 1865. Il constitue encore
aujourd’hui l’un des documents de référence du musée d’histoire naturelle de
Londres.
Anna devient membre de
la Société botanique de Londres, une des rares sociétés savantes ouverte aux
femmes et, en 1843, après avoir préalablement reproduit un calotype, quelques
mois après que Talbot a breveté son procédé, elle décide de faire plutôt usage pour son propre domaine d’étude, d’un autre procédé photographique, le
cyanotype, mis au point par sir John Herschel, un ami de son père.
Un cyanotype, c’est une reproduction de spécimens botaniques, obtenue en les posant sur une feuille recouverte d’une solution photosensible. L’image apparaît ainsi, après une exposition au soleil, en blanc sur bleu.
Elle emploie cette
technique pour documenter les espèces d’algues présentes au Royaume-Uni et, en 1843,
publie à compte d’auteur Photographs of British Algae : Cyanotype
Impressions. Tiré à un nombre limité d'exemplaires, c’est le premier
livre imprimé au monde à avoir été illustré par des photographies.
Il reste aujourd’hui une vingtaine d’exemplaires de cet ouvrage, dont 15 sont complets.
Les volumes conservés
au Natural History Museum comportent chacun 411 planches dont les noms scientifiques ont
été écrits à la main par Anna.
The New York public Library, New York
The New York public Library, New York
Photographs of British Algae, Cyanotype Impressions
The New York public Library, New York
Deux autres volumes ont
été produits entre 1843 et 1853, notamment sur les fougères. Avec Cyanotypes of British and Foreign Ferns,
Anna a démontré le potentiel de la photographie comme outil scientifique.
Parallèlement, en collaborant avec son amie Anne Dixon, Anna commence à photographier des sujets entièrement différents : fleurs, plumes, dentelles. Libérée des impératifs de la précision scientifique, elle s'est concentrée sur les propriétés visuelles et les questions de texture, de transparence et d'opacité.
Papaver rhoeas - 1861
Collection particulière
Malgré la qualité et l’originalité de son travail, Anna a été presque oubliée à la fin du 19e siècle et sa modeste signature « AA » a même été traduite par « Amateur anonyme » par un historien…
Aujourd’hui, son
travail est reconnu et ses images délicates sont exposées pour leur qualité
esthétique et leur puissance évocatrice. Personnellement, c’est en 2017 que je l’ai découverte, dans l’exposition
Jardins des Galeries Nationales.
Et ce n’est sans doute pas un hasard si l’autre exposition française qui a présenté, au MUMA du Havre, en 2018, un cyanotype d’Anna s’intitulait Né(e)s de l’écume et des rêves !
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