Ottilie
Wilhelmine Roederstein et son frère jumeau, Otto Ludwig, sont nés le 22 avril
1859 à Zurich où leurs parents, d'Alwine et Reinhard, s’étaient installés deux
ans plus tôt. Ils avaient quitté leur Rhénanie natale pour permettre à Reinhard
de prendre la direction de la succursale suisse de l’entreprise textile Barmer.
Leur première fille, Johanna, était née en 1858.
Le petit Otto meurt en bas âge. Une troisième fille, Helene, nait en 1862.
Ottilie, qui se décrit elle-même comme agitée et inattentive, n’est pas heureuse à l’école. Vers sa dixième année, ses parents sollicitent un de leurs proches, le peintre suisse Eduard Pfyffer, pour réaliser les portraits de toute la famille. (cliquer pour agrandir) Pour Ottilie, c’est une révélation, elle a choisi sa voie.
Mais dans cette famille
traditionnelle, on envisageait difficilement que les filles puissent avoir une
carrière, a fortiori de peintre. Malgré l’opposition déterminée de sa mère,
Ottilie finit par avoir gain de cause et son père l’inscrit dans l’atelier de
Pfyffer, probablement pour mieux garder un œil sur elle. C’est là qu’Ottilie
rencontre une autre jeune fille qui deviendra peintre comme elle, Louise
Catherine Breslau (voir sa notice).
Constatant que son élève est visiblement douée, Pfyffer recommande de la laisser poursuivre ses études d’art. L’occasion se présente lorsque sa sœur Johanna se marie et s’installe à Berlin. Nouvel affrontement avec ses parents, qui finissent par céder. Ottilie part à Berlin en 1879 et s’installe chez sa sœur pour entrer dans l’atelier pour dames du peintre, alors très en vogue, Karl Gussow.
Dans
l’atelier de Gussow, Ottilie apprend la technique du métier. Des portraits,
rien que des portraits mais une bonne maîtrise de la couleur. Et surtout, c’est
dans cet atelier qu’Ottilie rencontre une jeune étudiante suisse, Anny Hopf (1861-1918),
avec laquelle elle se lie d’amitié. Les deux jeunes femmes découvrent la
liberté et probablement aussi les fêtes d’artistes qui participent au charme de
leur nouvelle vie.
Ensemble,
elles décident de se rendre à Paris. On imagine encore quelques batailles
familiales mais, à l’automne 1882, les parents d’Ottilie donnent leur accord. Les
deux jeunes filles s’installent ensemble dans une modeste maison d’hôtes, un
peu pompeusement dénommée « Villa des dames », au 77, rue
Notre-Dame-des-Champs.
A peine arrivée, Ottilie s’inscrit dans le fameux « atelier des dames » créé quelques années plus tôt par les peintres Jean-Jacques Henner et Carolus-Duran, tandis qu’Anny rejoint l’Académie Julian où professe le peintre symboliste Luc-Olivier Merson. Chaque soir, c’est dans son atelier qu’Ottilie vient compléter sa formation, notamment en travaillant le nu.
Chez Henner, Ottilie fait une rencontre importante, en la personne d’une autre jeune artiste, Madeleine Smith, avec laquelle elle se lie d’une indéfectible amitié.
Dès 1883, Ottilie expose au Salon des artistes français, un portrait de dame dont on a perdu la trace et qui ne paraît pas avoir attiré l’attention de la critique. Dès l’année suivante, cependant, son Jeune musicien (intitulé en allemand Petit violoniste en haillons) est remarqué par Théodore Véron, ce qui lui vaut une entrée dans son Dictionnaire :
« - Jeune musicien : garçon d'une douzaine d'années, représenté debout et de grandeur naturelle. Il tient son violon de la main appuyée sur sa poitrine. Les bords d'un chapeau gris qui le coiffe en arrière, encadrent sa jolie figure aux yeux vifs et décidés, et sur laquelle se concentre l'effet lumineux. Portrait-étude où l'impression directe se fait sentir et donne un grand cachet de vérité. » (Théodore Véron, Dictionnaire Véron ou mémorial de l'art et des artistes de mon temps, M. Bazin édit., Paris, 1884, p.322)
En
janvier suivant, elle participe avec un portrait intitulé Paul à
l’Exposition internationale de noir et blanc puis expose au Salon de 1885 un Portrait
de mon amie et un Jeune politicien dont il ne reste qu’une trace
humoristique :
« N° 2115, par mademoiselle Roederstein, Jeune politicien. Le tableau vous représente un jeune apprenti cordonnier qui, d’une main, tient une gazette allemande qu’il est en train de lire, et, de l’autre, une paire de bottes qu’il va sans doute porter chez le client. Pour ne pas faire mentir le proverbe, l’artiste a chaussé son modèle dans de vieilles savates. Tant qu’aux bottes, il n’y a pas d’erreur, rien qu’à la façon dont elles sont faites, on voit que c’est de la chaussure allemande. » (E. Eriat, « Le salon vu par les pieds », Le Franc-parleur parisien, 20 juin 1885, p.3) On comprend certainement mieux la blague quand on sait que ce journal était celui « de la cordonnerie et des professions qui s'y rattachent » .
Comme chaque été, Ottilie rentre à Zurich pour les vacances. Lors d’un pique-nique, elle rencontre une jeune étudiante de Munich, Elisabeth H. Winterhalter, venue en Suisse dans l’espoir d’y suivre des cours de médecine, une spécialité interdite aux femmes dans les universités allemandes. Ottilie la présente le soir même à sa mère qui reçoit régulièrement chez elle de jeunes étudiantes de son pays d'origine. Les parents Roederstein, sans doute émus par le fait que la jeune fille a perdu son père très jeune, décident de l’aider à financer ses études.
De
retour à Paris, Ottilie s’attelle à la préparation du Salon de 1886 où elle
présente, avec une étude et un portrait de son père, un Enfant écrivant,
récemment passé sur le marché de l’art :
En 1887, Ottilie rentre à Zurich tout en conservant son atelier à Paris, qu’elle prête volontiers à ses camarades d’atelier. L’un de ces camarades était peut-être ce jeune peintre dont on ne connaît pas l’identité.
A
l’inverse du jeune peintre précédent, dont le métier n’est qu’évoqué à l’aide
d’une palette accrochée en haut à droite, le portrait d’Elisabeth, peint la même année, insiste
volontairement sur l’activité intellectuelle de son modèle, représentée à sa
table de travail, devant une bibliothèque surmontée d’un crâne et d’un flacon
de laboratoire, allusion à son activité médicale.
Ottilie
expose cependant au Salon de l’année deux portraits de politiciens suisses qui
n’ont aucun écho dans la presse.
Au
Salon de 1888, Ottilie présente trois portraits dont celui de Madame Dimitri
Monnier qui lui vaut sa première distinction : une mention honorable.
C’est peut-être ce qui la décide à revenir à Paris. Cette fois, elle s'installe dans un nouvel atelier, sis 8 rue de la Grande-Chaumière, qu'elle partage avec la peintre américaine Elizabeth Nourse (voir sa notice). Au Salon de l’année, où elle présente à nouveau deux portraits, c’est celui de sa mère qui attire l’attention de la critique : « Ce portrait de Mlle Roederstein se classe parmi les meilleurs du Salon tout entier ; c’est de l’art et du vrai. » (Paul Labarrière, « A travers les salles », Journal des artistes, 19 mai 1889, p.156)
« Un portrait bien établi et bien éclairé : Portrait de ma Mère, par Mlle Ottilie Roederstein. » (Félix Jahyer, « Le Salon de 1889 », L'Entr'acte, 6 juin 1889, p.2)
Puis
vient l’Exposition universelle où elle est exposée au sein du pavillon suisse.
Trois toiles, Ismaël, un portrait de sa sœur et Fin d’été.
L’histoire
d’Agar et Ismaël est un thème artistique assez récurrent. Virginie
Demont-Breton en présentera sa propre version au Salon de 1896 (voir sa
notice).
C’est Fin d’été qui lui vaut de remporter une médaille d’argent. Il souligne l’influence de Henner et pas seulement à cause des cheveux cuivrés du modèle, Miss Mosher.
Ottilie
conservera ce tableau toute sa vie, comme une carte de visite (un peu comme Elisabeth Vigée-Le Brun a
promené sa Lady Hamilton en Sibylle dans toute
l’Europe !).
Pendant qu’une autre Elisabeth termine ses études de médecine à Zurich, Ottilie a une activité soutenue : en mars 1890, elle participe à l’exposition de la Société des amis des arts de Bordeaux avec Tête d’étude et Boudeur.
Puis, en mai, à la première Exposition nationale d'art de Suisse, qui se tient au Kunstmuseum de Berne où elle montre les toiles déjà primées Mlle Mosher, Hélène Roederstein au parapluie et Madame Dimitri Monnier.
Et dans le même temps, elle fait son entrée à la « Nationale », l’exposition de la Société nationale des Beaux-Arts qui s’ouvre au Champ de Mars le 15 mai : « Ottilie Roederstein, de Zurich (Suisse), a deux toiles assez bien venues, n° 760 Bonjour, dans son lit de fer, bébé s’éveille, et son premier mot est : bonjour ; et Suzanne et sa nourrice - Suzanne est un poupon assis sur le bras de sa nourrice, une bretonne, il a fait toilette et passé sa longue robe. Ces deux morceaux très vivants, n’ont rien de vulgaire. » (Le Lyon de Belfort, « Le Salon », Le Bon citoyen, 29 juin 1890, p.2)
« Le bébé qui dit "Bonjour" et la nourrice bretonne de M. Roederstein de Zurich ont une gaieté franche et aussi une franchise de touche qui plaisent au public sans déplaire aux connaisseurs. » (Pierre de Kerlox, « Le Salon du Champ de Mars », Le Petit caporal, 6 juin 1890, p.2)
« M. » Roederstein ? Oui. La critique, trompée par un prénom qu’elle ne connaît pas, la prend assez régulièrement pour un homme… quant à Ernest Hoschedé (l’ami et mécène de Monet), il n’est pas particulièrement enthousiaste : « Quand Mme Roederstein aura éclairci sa palette, on pourra la classer parmi les peintres de morceau. Son métier est assez crâne, elle peint bien l'enfance, ce qui est rare, mais estompe toutes ses figures en noir et blanc. Ses chairs sont d'un vilain ton. » (« Brelan de salons », B. Tignol édit., Paris, 1890, p.295)
Difficile
de le contredire sur ce point puisque les deux œuvres en cause restent
introuvables. Cependant, dès le Salon suivant, ses propositions explicitent un
peu la critique d’Hoschedé :
« Mentionnons aussi, le Mois de Marie, une agréable composition de Mlle Roederstein, originale par le choix de la tête de la Vierge et celle de l'enfant Jésus. » (« Revue comparative de l'Art international à l'Exposition », La Chronique universelle, 1er décembre 1890, p.507)
Tout
le monde n’est pas du même avis mais je ne jurerais pas que ce soit pour des
raisons strictement artistiques. « La vierge de Roederstein a un air
terriblement méprisant » (Edmond, « Un catholique au Salon du Champ
de Mars », La Croix, 30 mai 1891, supplément parisien p.1)
La critique est cependant globalement positive « Le Portrait de ma sœur, de Roederstein, qui a vraiment bon air (…) Je signale également avec plaisir Le mois de Marie, de Roederstein » (Philippe Darlow, « Au Champ de Mars », L’Anjou, 8 juin 1891, p.1), même si ce n’est pas toujours avec une parfaite délicatesse (ah, la presse du XIXe… !)
« Mlle
Roederstein veut bien nous montrer le portrait de sa sœur, c'est un avis aux
célibataires. » (A. de la Pérelle, « Au Champ de Mars », La
Presse, 28 mai 1891, p.3)
Cela étant, Ottilie à d’autres préoccupations. Son père est décédé en janvier et peu de temps après, elle s’est installée avec Elisabeth Winterhalter à Francfort-sur-le-Main. Elles louent leur premier appartement au 60 Bleichstraße et Ottilie dispose d’un petit atelier tout proche. Elisabeth s'installe comme gynécologue et crée une clinique pour les maladies gynécologiques dans la maison « Bethanien », qui relève d’une association caritative protestante.
Ottilie
garde cependant un atelier à Paris, puisque l’adresse qui figure dans le
catalogue 1891 est le 5 rue Bara, proche de Montparnasse. Et puis, elle a eu la
satisfaction de se voir admise en tant que « associée » de la Société
nationale des Beaux-Arts, dont elle ne sera cependant jamais élue
« sociétaire ».
L’année suivante, elle présente au Champ de Mars trois autres portraits dont celui d’Elisabeth, peut-être celui que j’ai montré plus haut. « Dans cette même salle, nous rencontrons deux bons portraits de Mme Roederstein, le portrait du Docteur Elisabeth Winterhalter et celui de Mlle J.S. » (Un artiste, « Les femmes au Champ de Mars », Le Journal des femmes, 1er juillet 1892, p.3)
Je
ne pense pas qu’elle ait jamais exposé le portrait de son amie Madeleine Smith,
qu’elle a peint un peu plus tôt, en train d’exécuter ce qui ressemble à un
portrait de Jeanne d’Arc. Il est conservé par la Fondation des artistes, à
Paris (qui ne montre hélas pas ses collections en ligne), ce qui laisse penser
qu’elle avait offert cette toile à Madeleine puisque la famille Smith est à
l’origine de la bibliothèque Smith-Lesouëf qui conserve une partie de leur
collection et abrite aussi celles de la Fondation des artistes…
Madeleine, très proche de Jean-Jacques Henner est aussi connue par la douzaine de portraits qu’il a peints d’elle au cours de ces années, comme les deux ci-dessous qui se trouvent aussi dans Fonds Smith-Lesouëf et que je montre… pour le plaisir !
La
même année, Ottilie participe à l’exposition internationale annuelle du Palais
de Verre à Munich puis, en décembre, bénéficie d’une première exposition
personnelle au Frankfurter Kunstverein, une institution dont l’objectif était
(et reste aujourd’hui) de promouvoir les artistes vivants. C’est un succès qui
participe à son image de portraitiste auréolée d’une certaine « touche
parisienne ».
Au printemps 1892, Ottilie avait aussi accompagné Jeanne, Madeleine Smith et leur mère, lors d’un voyage à Londres. C’est l’occasion pour elle de découvrir les œuvres de Hans Holbein le Jeune et de Diego Velázquez à la National Gallery.
En janvier 1893, Ottilie s’installe dans un atelier au Städelsches Kunstinstitut de Francfort, l’un des plus importants musées d’Allemagne (aujourd’hui plus communément appelé Städel Museum) et rencontre deux artistes qui sont ses voisins d’atelier, Karl von Pidoll et Hans Thoma, tous deux élèves de Hans von Marées (1837-1887), l’un des membres des Deutsch-Römer, un groupe d’artistes allemands qui travaillaient à Rome. Ils partagent une admiration pour l’art ancien, allemand et italien.
Dès son installation, Ottilie ouvre sans tarder son atelier à plusieurs jeunes peintres auxquelles elle dispense son enseignement. Elle continuera à enseigner toute sa vie.
Puis
elle revient au Salon avec quatre toiles, qui reçoivent un excellent accueil,
s’agissant notamment de la scène religieuse Laissez venir à moi les petits
enfants :
« Avec
quel talent le pinceau de Mlle Roederstein a paraphrasé et modernisé la parole
touchante du Sauveur : Laissez venir à moi les petits enfants ! Le
Christ, un pâle et mélancolique jeune homme, est entouré de fillettes dont les
physionomies et les poses sont scrupuleusement observées : celle-ci joint les
mains avec une piété naïve ; celle-là, en bonnet, ouvre de grands yeux étonnés,
et comme elle sourit gentiment, la toute petite à qui le Divin Maître serre la
main. » (Jacques de la Forge, « Le Salon du Champ de Mars », L'Encrier,
revue littéraire bimensuelle illustrée, janvier 1893, p.261)
Et Léon Plée, dans Les Annales politiques et littéraires, loue « Un groupe d'artistes étrangers qui apportent à la Société nationale des Beaux-Arts l'appoint de leur grand talent, lui a également fait escorte. Je citerai en première ligne : MM. Uhde, Roederstein, Léon Frédéric, Zorn, Harrisson, Thaulow, Dannat, Edelfeldt, Mesdag, Kuehl, l'excellent graveur Koepping. » (« Le Salon de 1893 », 21 mai 1893, p.325)
Enfin, Ottilie participe à l'Exposition universelle de Chicago, la fameuse « Exposition colombienne » de 1893, où elle montre son Mois de Marie dans la sélection allemande du Woman’s Building.
L’année
suivante, Ottilie montre pour la première fois sa maîtrise d’une nouvelle
technique qu’elle a probablement apprise de Karl von Pidoll, la peinture à la
détrempe, avec l’Autoportrait au béret rouge que j’ai placé en exergue supra.
« Le portrait de femme en béret rouge de Mme Roederstein est un
morceau de dessin serré et vigoureux très remarquable. » (« Le Salon
du Champs de Mars », Paris, 24 avril 1894, p.2)
« Mlle Ottilie Roederstein a une série de portraits. Je ne retiendrai que le sien qui est écrit avec une étrange vigueur et qui est l'une des meilleures œuvres de la jeune artiste zurichoise. » (Mathias Mouhardt, « Le Salon du Champ de Mars », La Semaine littéraire, 5 mai 1894, p.208)
Mais
la presse, elle, s’enthousiasme pour une scène de genre, Le pain quotidien,
de la même veine que les petits enfants de l’année précédente. Je
l’ai trouvé reproduit non seulement dans le catalogue illustré du Salon mais
aussi dans L'Œuvre d'art (20 juillet 1894), Le Monde illustré (19
janvier 1895) et La France illustrée (16 avril 1898) !
Le
Salon suivant, de 1895, me paraît de transition. La Madeleine au pied de la
croix, qu’elle y expose, me laisse un peu songeuse et n’a aucun écho dans
la presse.
C’est
sans doute qu’Ottilie a passé trop de temps à Florence, où elle s’est rendue
avec son collègue Karl von Pidoll, lequel rapportera de son voyage de 1894 ce
portrait de la fille du violoncelliste Bernhard Cossmann (1822-1910).
Après
ce voyage, Ottilie procède à une évolution stylistique radicale qui saute aux
yeux de tous lors du Salon suivant, celui de 1896, où elle ne montre que des
peintures à la détrempe dans un style qui évoque les portraits de la
Renaissance.
Je n’ai retrouvé aucune des quatre toiles qu’elle expose, Un dominicain à Florence, Bernadette, Une femme liseuse et Tête de garçon. J’en donne simplement une idée avec cette Femme lisant, un peu plus tardive…
…
ce Garçon aux cerises de la même année …
…
et cette Orpheline, également peinte après son retour d’Italie.
Pour
Ottilie, ce Salon est un succès : « Mlle Roederstein, de Zurich,
inaugure une bien intéressante restauration de la peinture à la détrempe, et
cette détrempe est on ne peut plus solidement trempée. La Tête de garçon
est d'une intensité qu'on aurait supposée impossible, étant donné le peu de
ressources du procédé adopté par le peintre.» (Henri Rochefort, « Compte-rendu
de l'Exposition de la Société Nationale des Beaux-Arts », The New York
Herald, 24 avril 1896, p.5)
« Citons (…) les peintures à la détrempe de Mlle Ottilie Roederstein,
notamment sa Tête éveillée de garçon » (Paul Heusy
« Salon du Champ de Mars », Le Radical, 25 avril 1896, p.4)
L’année
1897 est particulièrement fertile en évènements. D’abord, il y a le Salon où
elle montre Le Mariage et Les Trois Générations qui n’ont
pas manqué d’être remarqués… Cette version des Trois Générations est
postérieure. Sur une photo d’exposition, un peu plus loin, vous verrez celle
qui a probablement été montrée au Salon.
… avec un lot de réflexions assez cocasses de la part de ceux qui la prennent (encore) pour un homme.
« L’une des toiles de M. Roederstein, les Trois générations, est des plus curieuses : cela doit, je pense, représenter l’artiste, son fils et son père. » (Vincent-Darasse, « Le Salon du Champ de Mars », Notes d'art et d'archéologie, n°6 juin 1897, p.84)
Quant au Mariage, il s’agit peut-être de cette œuvre qui s’appelle aujourd’hui Les Fiancés… dont plusieurs journaux louent les « têtes expressives » et les « beaux types d’adultes, de femmes, d’enfants, de vieillards, de M. Roederstein, qui symbolisent soit le mariage, soit les trois âges de la vie. » (Édouard Hubert, « Le Salon du Champ de Mars », L'Univers illustré, n°2197, 1er mai 1897, p.282)
« Mais
je voudrais citer tout à fait à part et signaler à l’attention de mes lectrices
les remarquables envois de Mlle Roederstein (une Suissesse comme Mlle
Breslau). Il y a là comme une formule d’art nouvelle, et où la simplicité des
primitifs s’allie à un modelé, à une science du dessin qu’envieraient les
meilleurs maîtres. Le Mariage, les trois Générations, Jeune Poète sont combinés de façon à ce
qu’au premier plan les figures de grandeur naturelle ressortent avec tout leur
relief, tandis que dans le fond, comme une fenêtre ouverte pour la pensée,
s’éclaire un minuscule paysage en camaïeu, tel qu’on en voit dans les tableaux
des premiers Florentins. » (Jean Bertheroy, « Le Salon du Champ de
Mars », Revue pour les jeunes filles, mars 1897, p.586)
Je ne sais pas trop, d’ailleurs, où Jean Bertheroy a vu ce Jeune Poète qui ne figure pas dans le catalogue du Salon…
En
novembre, nouvelle exposition personnelle à la galerie J. P. Schneider de
Francfort. Elle expose une ambitieuse Pietà et toute une collection de
petits portraits, comme on le voit sur ces photos d’époque.
Dans
la photo du haut, on distingue l’autre version des Trois générations, évoquée
plus haut.
Et elle n’oublie pas pour autant Zürich, où elle commence à exposer régulièrement au Kunsthaus, le musée des Beaux-Arts.
Le
Salon de 1898 m’a posé quelques petits problèmes car certaines œuvres citées
par la critique ne correspondent pas à ce que j’ai trouvé dans le catalogue,
lequel annonce deux « peintures », Un jeune étudiant et Jeune
fille à la fleur. Le premier a été récemment redécouvert :
La
seconde paraît ne plus n’exister qu’en photographie bien qu’Ottilie ait
conservé ce tableau toute sa vie.
Pourtant,
la critique a vu une autre toile :
« L'ère
est aux Primitifs : la Suisse nous délègue les Trois frères, de Mlle Ottilie
Roederstein, auprès des décors verdoyants de Bieler » (Raymond Bouyer,
« Les Salons de 1898 », Revue populaire des beaux-arts, 1er
juin 1898, p.69) Et Paris Salon reproduit le tableau en
question :
La critique est très positive, allant jusqu’à affirmer que « Des
portraitistes tels que Wilhelm Balmer, Fritz Burger, Max Buri, Eugène Burnand,
Mlle Louise Breslau, Caspar Ritter, J. Reichlen, Mlle de Roederstein, sont
propres à consoler de bien des choses. » (« Chronique suisse, Impressions sur
l'exposition nationale des beaux-arts », Bibliothèque universelle et Revue suisse, novembre 1898, p.429)
Entre
autres appréciations louangeuses, Raymond Bouyer observe toutefois que
« Mlle Roederstein interroge les quattrocentistes par l’entremise de
Burne-Jones. » (Raymond Bouyer, « Les Salons de 1898 », Revue
populaire des beaux-arts, 1er juin 1898, p.36). Je me demande ce qu'en aurait pensé ce Vainqueur, de la même année.
Au
début de l’année suivante, Ottilie et Elisabeth qui semblent avoir vécu leur
relation, devenue amoureuse, sans difficulté particulière ni avoir à se cacher,
s’installent ensemble dans un nouvel appartement, au 35 Unterlindau. Elisabeth
y installe son cabinet privé et Ottilie participe à nouveau au Salon
parisien : sept toiles dont il reste peu de traces, à part ces deux
religieux, devisant un crâne à la main…
… Deux sœurs
qui ne sont peut-être pas celles-ci car le musée les date de l’année suivante…
« "Soyons d'abord amis", répondait Ingres à quelqu'un qui lui demandait de
faire son portrait. Toutes mes préférences vont aux peintres qui nous donnent
l'impression de ces portraits d'amis. MM. Marcel Baschet, Gorguet (…) Mmes
Louise Breslau et Roederstein (…) prouvent ou ont prouvé qu’ils avaient ce goût
délicat et pénétrant d’intimité. » (André Michel, « Promenade au
Salon », Journal des débats politiques et littéraires, 18 juin 1899, p.1)
…
un Autoportrait de 1900 …
…
et enfin, une Jeune femme à la pomme pour remplacer l’Etude de jeune femme
qui était présentée :
« La
Suisse d'Holbein et de Bœcklin [sic] se refait primitive et studieuse avec Mlle
Ottilie W. Roederstein, qui paraît préraphaélite à côté des rudesses plus vivantes
des peintres allemands. » (Raymond Bouyer, « Les tendances
contemporaines de l’art », La Revue des revues, 1er
avril 1899, p.599)
Pas de « Nationale » en 1900, Exposition universelle oblige. Ottilie expose, cette fois, au sein du pavillon suisse, trois œuvres qui ne passent pas inaperçues :
« Inspirée par la gravité d'un milieu spécial, Mlle Roederstein expose trois portraits faits dans la manière des Primitifs qui sont pleins de science. » (Martial Teneo, « L’art étranger », Le Monde artiste, 7 octobre 1900, p.628)
Les
voici, dans le catalogue :
L’Autoportrait
est hélas resté introuvable.
Une nouvelle fois, Ottilie est vue comme un homme, ce qui laisse penser que c’est son expression sévère qui est à l’origine de la confusion. « Parmi les peintres de figure : Mme Breslau, MM. Burnand et Roederstein, artistes de pensée et d’intelligence, pleins d'originalité. » (G.C., « L’art étranger au Grand Palais - Suisse », La France, 2 août 1900, p.2)
Juste
après l’Exposition universelle, où elle reçoit une médaille d’argent, Ottilie
se blesse à la main et ne pourra pas peindre pendant six mois, ce qui ne
l’empêche pas de figurer au Salon suivant, avec, cette fois, une collection de
grands-mères. Ne les ayant pas retrouvées, j’en montre deux autres …
« Les
portraitistes sont si nombreux aussi qu’il nous faut nous borner à une
énumération… Mme Roederstein et M. Van Hove rappellent à souhait les
maîtres consciencieux d’autrefois. » (Marc Legrand, « Au Salon de la
Société nationale des Beaux-Arts », La Revue du bien dans la vie et
dans l’art, 1er juin 1901, p.15)
La
Vieille dame lisant ci-dessus a été acquise par le musée Städel en 1902 ; c'est le premier tableau d’Ottilie à être entré dans les collections muséales allemandes.
Je passe plus rapidement sur les années suivantes, pendant lesquelles Ottilie continue à exposer quatre tableaux, en moyenne, tous les ans à la Nationale. Un nouveau portrait d’Elisabeth en 1902, chaleureusement commenté, (sauf par La Tribune médicale qui ne rate pas l’occasion de dire tout le bien qu’elle pense des femmes médecins en chipotant sur la façon dont on doit les appeler…)
« C’est
encore par l’observation que Mlle Roederstein devient l’une des artistes les
plus intéressantes à suivre ; sa facture, pour imitée des primitifs, n’en est
pas moins bien à elle maintenant, et elle décrit avec une analyse scrupuleuse, des modèles qui sont la synthèse d’une race, comme ce Jeune
Suisse à l‘arbalète, ou d’une vie, comme le portrait du Docteur Mlle E.
Winterhalter, dont la physionomie rayonne d’intelligence et de beauté morale. »
(P.A. Loisy, « Société nationale des Beaux-Arts », L'Art et la
mode, 17 mai 1902, p.391)
La
même année, Ottilie reçoit la nationalité suisse.
En 1905, elle expose son propre Autoportrait au chapeau blanc, où une bonne part de
la presse continue à voir… un homme ! « (…) j’apprécie le naturel de
M. Roederstein qui expose un très beau portrait de lui-même » (J.-C. Holl
« Les salons du printemps – La Nationale », Les Cahiers d’Art et
de Littérature, édité à Paris en 1905, p.21)
Quant aux autres, ils ne manquent pas d’insister sur la « manière rude et virile ».
« Parmi
les autres portraits notables, il y a encore un assez grand choix à faire et
vous considérerez avec intérêt (…) ceux dans la manière rude et virile, de
MM. Guérin, Paul Robert, de Mmes Delassale [sic], O. Roederstein » (« Société
nationale des Beaux-Arts », Le Figaro. Supplément
littéraire du dimanche, 14 avril 1906, p.1)
Bien qu’elle ait installé son nouvel atelier au 108, boulevard Montparnasse, dont elle fait profiter ses nombreuses amies étrangères, le centre de sa vie n’est clairement plus Paris et la presse confirme cette impression générale :
« La
personnalité la plus importante parmi les femmes peintres, à Francfort, est
sans contredit Mlle Ottilie W. Roederstein. Née en Suisse, à Zurich, elle prit
ses premières leçons chez Gussow, à Berlin. En l’année 1882, elle vint à Paris
où elle étudia à l’atelier dirigé par Carolus Duran et Jean Henner. C’est en
1888 qu’Ottilie Roederstein reçut sa première distinction et à l’Exposition universelle de
1889, à Paris, elle obtint la médaille d’argent. Chaque année, au printemps,
l’artiste vient à Paris où elle a un atelier permanent.
Malgré sa prédilection pour Paris, Ottilie Roederstein ne représente pas la
peinture française moderne. Ses productions sont visiblement influencées par l’école
allemande et par l’art du peintre Holbein. A Francfort, sa seconde patrie,
Ottilie Roederstein est très estimée comme portraitiste. Ce qui caractérise ses portraits, c’est, outre
de la décision et de la plastique, la ressemblance exacte, le caractère du
modelé. Elle s’est aussi fait apprécier dans les tableaux de genre. » (Elisabeth
Mentzeler et Julle-Virginte Scheuermann, « La ville de Francfort sur le
Mein et ses femmes », La Française : journal de progrès féminin, 22
septembre 1907, p.2)
Ottilie, à présent à l’aise financièrement grâce à son intense production de portraits, acquiert de nombreuses œuvres françaises, notamment auprès de la galeriste Berthe Weill (voir la notice d’Emilie Charmy). Elle contribue avec ses propres collections à l’organisation d’expositions en Suisse, comme celle des Impressionnistes français, qui s'ouvre le 1er octobre 1908 au Künstlerhaus de Zurich.
Et, parallèlement, elle s’associe à la création de l’association Frankfurt-Cronberger-Künstler-Bund, qui milite pour la peinture en plein air à la française et organise des expositions pour la faire connaître.
« A
Francfort, s’est ouverte une exposition de peinture classique française du
dix-neuvième siècle. Elle a été organisée par les soins d’un comité dont font
partie M. Paul Claudel, consul général de France à Francfort ; le docteur
Gebhardt, Mlle O. Rœderstein, MM. Simon et Swarzenski et le bureau de l’Union
artistique de Francfort. Des collectionneurs connus de Paris, Berlin, Vienne,
Budapest et Francfort ont mis gracieusement leurs collections à la disposition
des organisateurs et on a pu ainsi former une galerie qui donne le
développement complet de l’art français depuis Géricault et Delacroix jusqu’à
Cézanne et Van Gogh. Parmi les maîtres représentés par plusieurs œuvres citons
: Géricault, Delacroix, Daumier, Corot, Daubigny, Rousseau, Diaz, Millet,
Fantin-Latour, Monticelli, Guys, Courbet, Manet, Monet, Renoir, Sisley,
Pissarro, Degas, Toulouse-Lautrec, Vuillard, Bonnard, Cézanne, Van Gogh,
Gauguin, Cross, Signac, etc. » (L'Assiette au beurre, 4 août 1912, np.)
En
1912, on voit apparaître au Salon un Saint-Cyrien inconnu… que le Kunsthaus de
Zürich commente aujourd’hui en soulignant le contraste entre la sévérité du
costume et l’aspect « inoffensif » du visage du jeune homme !
Et
en 1913, elle accompagne Madeleine et Jeanne Smith dans un long périple au Maroc
et en Algérie et présente cette année-là qu’une seule œuvre au Salon, un autoportrait.
« Mon portrait, de Mme O.-W. Roederstein, par de belles
qualités de facture, une couleur brillante et solide, un dessin sobre et serré,
mérite qu'on le regarde longuement. » (Jean Claude, « Le Salon de la
Société nationale des Beaux-Arts », Le Petit
Parisien, 13 avril 1913, p.4)
C’est le
dernier Salon parisien d’Ottilie. Je n’ai hélas pas retrouvé le portrait en
question. En voici un autre, plus tardif, l’Autoportrait aux pinceaux.
Huile sur toile, 48 x 39 cm
Kunsthaus Zürich
Depuis 1910, Ottilie et Elisabeth sont installées dans une petite ville du Land de Hesse, Hofheim am Taunus, dont l’église St Peter und Paul abrite aujourd’hui deux œuvres d’Ottilie, sa Pietà et Le mois de Marie.
En
mai 1913, elle s’associe à la création de l'association nationale d'art
féminin, fondée la même année sous la présidence de Käthe Kollwitz (voir sa
notice), à Francfort. Jusque-là, bien
que très solidaire de ses collègues féminines et très attentives à ses propres
élèves, Ottilie avait évité de s’engager dans le mouvement des femmes. Mais plusieurs
de ses amies y participent, comme la peintre Dora Hitz (1856-1924), qu’elle a
probablement connue dans l’atelier d’Olivier Merson.
Ottilie
quitte son atelier du boulevard Montparnasse en 1914. La guerre lui interdit
toute visite à ses amies françaises et suisses. Cet isolement la conduit à se
consacrer, en plus des portraits, à des œuvres plus allégoriques comme Deuil, dont le modèle serait une jeune femme qui travaillait chez elle…
…
ou des personnages tristes, témoignant des souffrances et des traumatismes de
la guerre, et parfois, comme ces deux femmes âgées, peintes recto-verso pour
économiser les toiles.
Et bien sûr, des autoportraits (elle en aurait peint près de 200), dans des poses assurées qu’on peut qualifier d’androgynes et que les historiens d’art analysent comme l’expression de sa revendication d’égalité et de sa propre confiance en son travail. Quant à son expression assez sombre, disons qu’elle est connue pour avoir eu un caractère beaucoup plus accommodant qu’on pourrait le penser !
Le
contraste est assez frappant avec les portraits de commande qu’elle exécute au
même moment…
Peut-être
pour asseoir sa notoriété dans son pays d’adoption, Ottilie effectue un don
important au Kunsthaus de Zurich en 1920, des œuvres de Giovanni Giacometti, de
Félix Vallotton et surtout de Cuno Amiet dont elle était proche, notamment ce
portrait de l’épouse d’Amiet, Anna, qui était aussi son amie.
A
la suite de ce don, le Kunsthaus organise une exposition d’une vingtaine de ses
œuvres en janvier-février 1925.
La fin des années 1920 est le point culminant de la carrière d’Ottilie. Elle s’affranchit des références aux maîtres anciens et donne l’impression de s’autoriser de nouvelles expressions, avec une plus grande liberté de palette, comme dans cet Autoportrait aux bras croisés…
…
ou bien cette Sagesse, sous-titrée Trois femmes se détournant de la
réalité.
Elle est à présent très connue en Allemagne, au point que son soixante-dixième anniversaire donne lieu, à Francfort, à une exposition rétrospective d’une trentaine d’œuvres des dix années précédentes, largement relayée par la presse allemande (mais absolument pas en France).
La
ville de Francfort lui octroie une « plaque d’honneur » et celle de Hofheim,
où elle réside, nomme Ottilie et Elisabeth citoyennes d’honneur. Son amie Clara
Tobler, une institutrice de Zurich, fait paraître la première monographie sur son
œuvre.
Les
années 30 sont, en revanche, fort difficiles. Sa santé décline et l’arrivée du national-socialisme
l’affecte profondément, d’autant qu’elle a de nombreux amis juifs dont elle
comprend l’humiliation et la souffrance, alors qu’elle se sent impuissante.
Le 24 mars 1933, lorsqu'entre en vigueur la « Loi d'habilitation » qui permet au gouvernement de promulguer des lois sans le consentement du Parlement, Ottilie écrit que c’est le pire jour de sa vie et qu’elle voit l’avenir en noir « terrifiant ». Elle continue néanmoins à peindre, principalement ses amis, comme Hermann Jughenn (1888-1967), un passionné d’alpinisme comme elle (Ottilie et Elisabeth ont réalisé des courses en montagne plutôt sportives, dans la Haute-Engadine suisse) …
…
cette étonnante Guérison… (mais je ne sais pas qui est la malade !)
…
et la peintre, Hildegard Lehnert.
En 1936, elle effectue son dernier grand voyage avec Elisabeth à Venise, pour aller voir une exposition du Titien et rentre en décapotable avec Hanna vom Ratt (dont vous avez vu un portrait supra), à travers les Dolomites.
Et,
pour finir, elle décide d’envoyer son autoportrait aux Offices de Florence ! Il s’appelle
Autoportrait en bleu mais je ne l’ai pas trouvé en couleur, car il n’existe
nulle part de site où ils sont tous répertoriés. Le portrait ne rejoindra les Offices que quelques années après son décès.
Vous
verrez à la place cet Autoportrait aux clefs, probablement l’un de ses
derniers.
Ottilie
W. Roederstein est morte le 26 novembre 1937 dans sa maison d’Hofheim am
Taunus.
Dès l’année suivante, une exposition commémorative est organisée en son honneur au Frankfurter Kunstverein, puis à Zurich et à Berne. Par la suite, ses peintures restent exposées dans son atelier mais son nom tombe dans l’oubli jusqu’à la fin des années 80.
Ce n’est toutefois que dans les années 2000 que plusieurs expositions l’ont célébrée, au Kunsthaus de Zürich en 2020, au Städel Museum de Francfort en 2021, puis à nouveau au Städel en 2022, dans une exposition présentant ensemble Ottilie et Elisabeth.
En 2024, le Städel a mis à l’honneur les Künstlerinnen zwischen Frankfurt und Paris um 1900 (Femmes peintres entre Francfort et Paris en 1900), exposition dans laquelle elle figurait naturellement.
Enfin, le musée Henner a célébré, au printemps dernier, les élèves féminines du peintre - avec un titre sûrement copié sur mon blog (c’est une blague) – où vous reconnaissez le désormais fameux Portrait de Madeleine (et celui de Jeanne d'Arc) !
*
Et pour finir…
*
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