Virginia Vezzi (aussi appelée Virginia da Vezzo) est née le 24 juin 1600 à Velletri, une ville proche de Rome.
Elle est la fille du peintre Pompeo Vezzi, propriétaire terrien, et de Plinia Ferri, sage-femme. Elle est baptisée le jour suivant sa naissance, à la cathédrale de San Clemente de Velletri, comme sa sœur aînée, Francesca, et son jeune frère, Francesco Geronimo, né en 1606.
On ne sait pas si c’est son père qui lui a transmis son premier enseignement artistique, ce qui est néanmoins probable. En 1605, Virginia reçoit sa confirmation à Saint-Jean-de-Latran et, en 1611, sa famille, qui vient de s'installer à Rome, s'inscrit dans le registre de la paroisse de San Nicola in Arcione.
On pense que Virginia reçoit alors l’enseignement de Marco Tullio Montagna (vers1594- 1649), un peintre qui résidait dans la même paroisse que sa famille. Ensuite, il est probable qu’elle rejoint l’atelier de Simon Vouet (1590-1649) qui s’est établi à Rome vers 1618 et connaît un grand succès. Il a contribué à introduire de nouveaux éléments stylistique dans le baroque romain, a travaillé à plusieurs grands décors d’églises et s’est lié avec plusieurs peintres français comme Jacques de Létin et Nicolas Poussin.
Autoportrait – vers 1626
Son prestige est si grand qu’il est élu prince de l'Accademia di San Luca en 1624.
Virginia
et Simon Vouet se marient le 21 avril 1626 à l’église de San Lorenzo in Lucina.
Félibien raconte : « Elle était jeune & intelligente dans la
Peinture, dont elle faisait profession par les soins que Vouet avait
pris. » (Félibien, Entretien sur les
Vies et les Ouvrages des peintres, Tome 3, chez David Mortier, 1705, septième entretien, p.306)
C’est probablement à cette occasion que Claude Mellan (1598-1688), un peintre et graveur français, élève de Vouet, exécute un portrait de Virginia, dont l’encadrement précise « Velletri Pitrice » (peintre de Velletri).
La probabilité qu’il s’agisse d’un portrait de mariage est confirmée par le fait que Virginia porte dans ses cheveux un petit bouquet de fleurs d’oranger, attribut indispensable d’une mariée de l’époque. Toutefois, ce n’est pas seulement le portrait d’une jolie mariée, comme en témoigne l’éloge qui l’accompagne :
« Ici, la main sage de Virginie a
accueilli
Ses yeux, son front, ses cheveux, ses
traits
Mais si vous voulez admirer l'art et
l'Esprit
Regardez ses peintures, plutôt que son
visage.
L’année précédente, Virginia a été admise à l’Académie Saint Luc, grâce à un morceau de réception – comme on aurait dit à l’Académie royale de France – qui a heureusement été conservé, le seul tableau de sa main dont on soit certain car Claude Mellan l’a interprété en gravure.
Musée des Beaux-Arts de Nantes
Pour Virginia, cette distinction est d’autant plus prestigieuse que peu de femmes ont été admises de l'Académie Saint Luc, au cours du XVIIe siècle. La sculptrice espagnole Luisa Roldán (1652-1706) et la peintre et architecte Plautilla Bricci (1616-1705) - voir leurs notices sur ce blog – en ont été membres.
On pense aussi que Virginia est l’auteur de cette Sainte Catherine, à laquelle elle aurait donné son propre visage.
Autoportrait en sainte Catherine d’Alexandrie - vers 1624/1626
Huile sur toile, 99,4 x 74,3 cm
Los Angeles County Museum of Art
Mais… « Le Roi Louis XIII ayant résolu de se servir de lui, tant pour les peintures nécessaires à faire dans les Maisons royales, que pour la conduite des patrons de Tapisserie ; auxquels Sa Majesté voulait que l’on travaillât, Mr de Béthune, alors Ambassadeur à Rome, eut ordre, au commencement de l’année 1627, de le faire partir pour venir en France ; ce qu’il fit avec sa femme & une petite fille qui n’avait encore que quatre mois. Il amena aussi avec lui le père & la mère de sa femme. (…) Il fut favorablement reçu du Roi & de la Reine mère. (…) On lui donna un logement dans les galeries du Louvre, où le Président Fourcy, surintendant des Bâtimens, l’installa. » (Félibien, op. cit. p.307)
La « petite fille qui n’avait encore que quatre mois » était la première fille du couple, Francesca, née le 9 mars 1627.
Virginia semble avoir été une peintre appréciée par la cour. Dans son Théâtre historique de Velletri, l'historien Bonaventura Theuli évoque « Virginia Vezzi, très célèbre peintre de la reine de France. » (Livre II, chapitre Personnages illustres dans la doctrine, p.197)
Quant à Isaac Bullart, il la dépeint ainsi : « Virginie de Vezzo Vellatrano, Dame romaine d’une beauté singulière & si bien instruite dans l’art de peindre, qu’elle eut souvent l’honneur de travailler en présence du Roy & de recevoir de sa bouche les louanges qui étaient dus aux ouvrages de sa belle main, que la France voit encore dans les curieuses estampes qu’elle a mises au jour. » (Isaac Bullart, Académie des Sciences et des Arts, contenant les Vies, & les Eloges Historiques des Hommes illustres, tome II, Paris 1682, p. 492)
Félibien nous apprend encore que le couple eut deux filles et deux garçons. Après Francesca, est née Jeanne-Angélique, le 13 mai 1630. Son portrait au pastel, exécuté par son père, quelques années plus tard, se trouve au Louvre.
Portrait d'Angélique Vouet vue à mi-corps de face
Félibien nous apprend aussi que Virginia « montra à dessiner à quelques Demoiselles ; entre autres à une des filles du sieur Metheseau, Architecte du Roy, et à la demoiselle Stabre ». » (Félibien, op. cit. p.311)
« L’une des filles du sieur Metheseau » s’appelait Marie, c’est elle qui a réalisé la copie de l’autoportrait de Virginia que j’ai placé en exergue. Selon le musée de Rennes, qui conserve cette feuille, il s’agit de l’« unique œuvre portant aujourd’hui le nom de Marie Métezeau, le dessin est précieux car il conserve également le souvenir d’une peinture de Virginia Vezzi. De cette dernière, nous ne connaissons aujourd’hui de manière certaine qu’un unique tableau représentant Judith, acquis en 2009 par le musée des Beaux-Arts de Nantes. »
En-dessous du portrait figure l’annotation suivante : « Virginie de Vezzo, épouse très chérie et très distinguée de Simon Vouet, peintre du roi très chrétien, l’a inventé et peint. Marie Meteseau très rare jeune fille parisienne l’a dessiné à Paris en 1636 et l’a donné à René Le Noble ».
Pour peu que Virginia sorte de l’angle mort dans lequel elle est, pour l’instant, reléguée, il est probable qu'on découvrira peu à peu d'autres œuvres de sa main.
A ce stade, certains spécialistes affirment qu’une autre œuvre devrait lui être rendue, une Danaë conservée à Austin (EU) et qui, pour l’instant, est attribuée à Jacques Blanchard (1600-1638).
Une
autre œuvre qui lui est attribuée est apparue sur le marché de l'art en 2013, une Vierge
à l’enfant :
Selon Félibien, Virginia Vezzi est morte en octobre 1638.
Pour l’instant, il nous reste aussi, pour évoquer sa mémoire, deux beaux tableaux pour lesquels Simon Vouet est réputé avoir pris son épouse pour modèle.
Virginia Vezzi en Madeleine - vers 1627
Huile sur toile, 101,6 × 78,7 cm
Los Angeles County Museum of Art
Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste
Crocker Art Museum, Sacramento (EU)
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