Avant propos

 

Jeune femme tenant un stylet et des tablettes de cire – avant 79 apr. J.C.

Villa de Julia Felix, Pompéi

Museo Archeologico Nazionale, Naples

« Dire vos noms, Mesdames, assez haut pour que nul ne les ignore, indiquer les endroits où vos œuvres sont exposées au verdict de tout jugement impartial, tel est le désir dont j’ai été animée. » 

Maria Lamers de Vits 

Les femmes sculpteurs, graveurs et leurs œuvres, Paris, Referendum Littéraire, 1905

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Ce blog est né d’une courte honte, celle de ne pas arriver à citer plus d’une trentaine de femmes artistes nées avant le XXe siècle.

Honte courte car je me suis mise immédiatement à l’ouvrage, grâce au confinement. C’était le moment idéal.

J’ai d’abord cherché des informations. Sur le Net, elles sont, de prime abord, féministes. Mais – à l’exception du site AWARE (Archives of Women Artists Research & Exhibitions) que je vous engage à consulter – ces pages ne montrent pas d’œuvres, ou si peu qu’elles ne permettent qu’une très courte délectation. Quant à AWARE, il est parfait pour l’art moderne et contemporain mais - on ne peut pas tout faire – il reste lacunaire en ce qui concerne les artistes des temps plus anciens.

 J’ai donc essayé de concocter ce que j'aurais aimé trouver :

-      D’abord, j’ai travaillé prioritairement sur les publications des musées, des chercheurs et des fondations (que, bien entendu, je n’ai pas oublié de citer) et sur les rares écrits des artistes elles-mêmes. 

-   Ensuite, j’ai tenté de présenter les œuvres au moment biographique où elles ont été produites, de façon à permettre au lecteur de se faire une idée de l’évolution du style de chaque artiste. J’ai été attentive à toujours citer leur lieu de conservation car rien ne vaut le plaisir d’aller caresser de l’œil une œuvre qui vous a touchée sur un écran.

-       Enfin, j’ai mis en application la règle que je proposais à mes étudiants pour la composition des notes de synthèse : écrivez comme si vous parliez à un ami, n’essayez pas de vous faire plus savant que vous l’êtes, l’essentiel est d’être clair et compréhensible.

Je suis consciente, bien sûr, des critiques qui peuvent être adressées à une démarche consistant à ne parler que des femmes et je n’irai pas jusqu’à prétendre qu’il n’y a, dans cette entreprise, aucune envie de répondre aux déclarations récurrentes auxquelles on se cogne, dans les biographies des femmes artistes, à propos de l'art « féminin ».

J’en ai relevé des dizaines que je n’ai aucune envie de reproduire ici mais je continue à me demander si chacun se rend bien compte du courage, de la patience voire de l’abnégation dont il fallait faire preuve pour tenter une carrière artistique, sans avoir pleinement accès aux lieux de savoir et d’apprentissage, presque tous réservés aux hommes jusqu’au début du XXe siècle ?

Imagine-t-on la frustration de devoir s’interdire toute reconnaissance artistique après son mariage, même si on était plus douée que son époux ? 

Et peut-on aujourd'hui concevoir que le fruit des efforts de ces artistes allait généralement renflouer la bourse de leur père, d’un frère ou d'un mari ?

C’est pour cela que j’ai choisi de commencer chaque notice par un « Autoportrait de postérité » quand il en existait un, tant il paraît évident aujourd’hui que ces œuvres disent : « Je suis cette œuvre et celle qui l’a produite, j’y exprime mes choix artistiques, mon savoir-faire et mon talent, et (souvent) je m’y représente les armes à la main. » Un ego-document, donc, selon le terme inventé par l’historien néerlandais Jacob Presser, en 1958, désignant ainsi les mémoires, autobiographies, journaux intimes, lettres personnelles, etc. Un message envoyé par l’artiste à la postérité.

Mais comme chaque règle doit souffrir l’exception, j’ai parfois fait d’autres choix !

Enfin, quelques précisions :

Pour choisir les artistes, je suis partie de celles que je connaissais déjà.

Puis j'ai lu ce que j'ai trouvé sur leurs amies, leurs élèves, artistes comme elles. Et, au cours de mes balades sur le Net, j’en ai rencontré d’autres et ainsi de suite. Je n’en ai écarté aucune a priori, ce qui explique que j’ai aussi débusqué de quasi-inconnues. Qu’importe, elles m’ont parfois touchée et toujours intéressée.

J’ai simplement pris le parti de privilégier celles, peintres, sculptrices, graveuses, photographes, qui avaient choisi d’être des artistes, c’est-à-dire de faire de leur activité leur profession. Comme vous vous en doutez, le travail est très loin d’être terminé, même si je borne volontairement mon corpus à celles qui sont nées avant la fin du XIXe siècle. Alice Neel a eu droit à un traitement de faveur car il se trouve qu'elle est née (presque) le même jour que… ma grand-mère, qui aurait bien aimé ce blog, je crois. 

Je m’autorise à appeler ces dames par leur prénom, plutôt que par leur patronyme comme cela se pratique habituellement. Passer des heures à lire sur quelqu’un crée une impression d’intimité. Ce n’est pas, dans mon esprit, un signe d’irrespect.

Je présente les œuvres qui me paraissent caractéristiques et que j’apprécie. Et puis, de chacune de « mes » artistes, je montre aussi une nature morte s’il en existe, même quand ce n’est pas ce qu’elle a fait de mieux, parce que… j’aime beaucoup les natures mortes.

En résumé, mes choix sont absolument subjectifs car je ne prétends pas à l’exercice savant. Je ne suis qu’une simple amatrice et je l’assume parfaitement : je ne cherche qu’à évoquer et montrer, en espérant que vous ferez des découvertes. 

N'hésitez pas à cliquer sur les photos, beaucoup s'ouvrent en plus grand format. 

Si vous ressortez d’ici en vous disant « quelle merveille, cette artiste dont je n’avais jamais entendu parler », j’aurai gagné !

Et, pour bien commencer, je finis avec une petite nature morte…

CH

Panier de figues – vers 50 avant J. C

Fresque

Villa Poppaea, Oplontis