On
sait peu de chose sur Cornelia toe Boecop. Quelques éléments biographiques sont
cependant donnés par Johan van Beverwijck qui la cite en exemple dans son
traité sur L’Excellence du sexe féminin, publié en 1643.
Elle est née à Kampen et était la cinquième des six enfants de l’échevin Egbert Toe Boecop et de Mechtelt van Lichtenberg (vers 1520 - 1598), issue d’une noble famille et qui était elle-même peintre. On connaît de Mechtelt une Pieta avec Marie-Madeleine réalisée en 1546, L’Adoration des bergers et La Cène, œuvres exécutées entre 1520 et 1574.
Une autre Cène, donc, peinte par une femme, quelques années après celle de Plautilla Nelli !
Il
est probable que Cornelia et sa sœur Margaretha, peintre également, ont été
formées par leur mère qui est évoquée dans le livre précité comme une
« peintre talentueuse ». Il continue ainsi : « sa fille,
Cornelia, pratiquait le même art et était encore vivante et très âgée en
1629 ».
Un seul tableau de Margaretha est connu : Les Quatre Evangélistes (1574) mais personne ne sait où il se trouve.
De Cornelia, on connaissait jusque-là trois peintures, une Crucifixion de 1593, acheté par le musée de Kampen en 2002, un Portrait d’une femme, plusieurs fois cité mais dont la localisation reste inconnue, et le Portrait d’un homme de la famille Van der Vecht, daté de 1595.
Sa Crucifixion a été montrée dans l’exposition « Imaginer la souffrance » présentée par le Stedelijk Museum de Kampen, en 2006. Je regrette de n'avoir pas pu en trouver une représentation plus précise…
Un
quatrième tableau de Cornelia, à nouveau un portrait d’homme, est apparu sur le marché de l’art
en 2020.
Ces deux portraits sont très proches : les deux modèles, sobrement vêtus, sont accompagnés d'armoiries qui soulignent leur statut social.
Les
armoiries en haut à gauche ont été identifiées comme celles de la famille Van
der Vecht-Van Zuylen van Nijevelt. La personne représentée devrait être Johan
van der Vecht, l’un des deux fils de Hendrik van der Vecht qui fut maire de
Kampen de 1553 à 1558 et maire d’Utrecht de 1564 à 1575.
Entre
ce Johan van der Vecht et Cornelia, il n’y avait aucune relation familiale,
mais en tant que dame d’origine noble, elle avait des contacts dans les cercles
dirigeants. (Notice rédigée par René van Mierlo).
Ott van Bronckhorst est, en revanche, une relation familiale : il est l’époux de la nièce de Cornelia.
La peinture elle-même en dit un peu plus sur la personne en question. La première chose qui se remarque, c’est le visage soigné qui nous regarde droit dans les yeux. La main droite levée, avec le pouce et l’index levés, suggère que l’homme a quelque chose à nous dire et peut être éloquent. Ses mains sont ornées de cinq anneaux d’or, en signe de la prospérité de son statut. L’anneau sur l’index de la main gauche est un anneau de joint, utilisé dans les temps anciens pour « sceller » les lettres et les documents. Le manteau noir décent et, certainement, le précieux col plissé « en meule » ont également été portés par l’élite. Les gants chics tenus dans sa main gauche étaient portés uniquement par des gens qui n’avaient pas à effectuer de travail physique. De plus, un ornement en or en forme de S est visible sur le manteau. Le tableau nous montre deux livres. Un livre ouvert dans lequel Cornelia a peint quelques données de base [son propre nom, celui du modèle et la date de l'œuvre] et un livre droit fermé. Tous deux suggèrent les activités intellectuelles d’Ott van Bronckhorst.
(Extrait de la notice rédigée par René van Mierlo).
On sait que Cornelia s’est mariée avec Roderick van Harderwijk avant 1601, puis une deuxième fois mais on ne connaît rien des enfants éventuellement nés de ces deux unions. Comme sa mère, elle ne semble pas avoir été empêchée de peindre en raison de son statut de femme mariée.
Compte tenu de sa position sociale, il est probable qu’elle ait réalisé d’autres portraits qui pourront réapparaître au cours du temps…
La date exacte de la mort de Cornelia reste inconnue.
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