Les recherches les plus récentes concluent à ce que Clara Peeters serait née dans une famille d’artistes entre 1581 et 1585. Elle rejoint Anvers à une date inconnue et son mariage avec le peintre Henrick II Peeters y est célébré le 27 juin 1605. Les dates présentes sur ses tableaux indiquent une courte période d’activité : entre 1607 et 1625, même si des archives attestent encore de sa présence à Gand en 1636.
Les seules autres informations dont on dispose sur elle sont inscrites dans ses œuvres qui représentent presque exclusivement des natures mortes.
Plusieurs indices démontrent qu’elle a essentiellement travaillé à Anvers :
- Un
tableau d’une collection d’Amsterdam est décrit, dans un document datant de
1635, comme « un banquet de sucre peint en 1608 par une femme Claer
Pieters d’Anvers » ;
- Plusieurs
supports utilisés pour ses peintures portent la marque d’Anvers et, à
cette époque, on choisissait son matériel en « circuit court » ;
- Enfin,
plusieurs de ses tableaux font apparaître un couteau, toujours le même, sur
lequel est inscrit son nom. La marque d’Anvers est visible sur trois d’entre
eux.
A cette époque, chacun avait son propre couteau et l’apportait avec lui lorsqu’il était invité. Il y a donc tout lieu de penser que ce couteau appartenait à Clara qui l’avait peut-être reçu à l’occasion de son mariage.
Quand Clara a commencé peindre, la nature morte est encore peu présente dans les collections. L'ampleur de son travail fait qu'elle n'est probablement pas étrangère à l'engouement pour ce type de peinture qui va naître dans la période, particulièrement troublée : entrée en rébellion contre le roi d’Espagne, Anvers, qui comptait près de 100.000 habitants va perdre la moitié de sa population en un demi-siècle. Une vie devenue plus précaire pourrait être, selon certains historiens, une des raisons de l'intérêt nouveau que suscite la nature morte et les vanités
Trente-neuf tableaux portent sa signature, quelques autres pourraient lui être attribués et il est plausible que certains ont été perdus. Onze de ses œuvres connues sont datées, les premières des années 1607 et 1608. On trouve ses tableaux dans les répertoires de collections en 1627, en 1635 puis à nouveau en 1655, à Madrid cette fois, dans les collections du marquis de Leganés, ce qui atteste qu’ils faisaient partie des œuvres de qualité. Consécration : deux de ses peintures étaient déjà dans les collections royales espagnoles en 1666 et sont toujours conservées au musée du Prado !
Au XVIIIe siècle, ses œuvres figurent dans des inventaires à Paris, Bonn, Bruxelles, Hanovre, Hambourg et Londres. Comment y sont-elles arrivées ? Probablement par le biais de marchands puisque, au XVIIe siècle, Anvers exportait des tableaux dans toute l’Europe.
C’est aussi que les natures mortes de Clara sont exceptionnelles. Elles représentent une gamme très étendue d’objets, plats, vases, coupes, timbales, monnaies, bijoux, dans des mises en scène souvent très sophistiquées.
Enfin,
on est sûr que son travail a été apprécié de son vivant puisqu’elle fait partie
des premières femmes peintres à avoir officiellement été reconnues par les
Guildes des peintres de la période du baroque flamand.
Quelques friandises présentées comme des bijoux
dans un plateau en argent : l'une est en forme de cœur et l'autre formant
l'initiale « P », initiale des deux époux. A côté du plateau,
une bague, peut-être de mariage. Dans le fond du tableau deux verres de vin (un
verre de Venise symbolisant l'élément féminin et un Roemer symbolisant
l'élément masculin) évoquent une relation intime. Je m’interroge sur les petits
objets dorés et transparents posés autour du plateau et accrochés au brin de…
romarin ?
La chandelle avec la bougie allumée symbolise à la fois la fête et la fuite du temps, comme le confirme la présence d'une mouche sur la nappe.
N.B : Un Roemer (aussi orthographié Römer)
est un verre traditionnel d’Europe centrale, en cristal taillé à la main,
couramment utilisé à partir du XVIe siècle. Dans la scène représentée, c'est celui du milieu.
Attention, première surprise récurrente dans les tableaux de Clara : l'autoportrait caché.
Le
musée du Prado possède un nombre important de tableaux de Clara, tous plus
beaux les uns que les autres.
Ce petit déjeuner pour le moins copieux est présenté sur un tissu damassé en lin, à plis carrés, importé du sud des Pays-Bas vers l’ensemble de l’Europe, un type de linge qui est la marque d’une maison cossue.
On retrouve ici plusieurs objets récurrents des toiles de Clara : le verre Roemer, les assiettes en étain, le couteau à manche gravé et décoré, la salière en argent, probablement peinte au pochoir tant ses motifs ressemblent exactement à ceux d’autres scènes de même type. L’assiette en porcelaine kraak qui contient les olives se retrouve également dans plusieurs œuvres de Clara, parfois dans une couleur plus bleutée.
La grande tarte qui trône au centre de la table est décorée d’un motif qu’on retrouve sur une peinture de Jan Brueghel l'Ancien et provient probablement d’une noble cuisine : à la fin du XVIe siècle, les tartes ne sont plus des récipients à nourriture qu’on jetait après en avoir dégusté les garnitures. Ce sont des mets élaborés, dont les couvertures incorporent de la farine fine et du beurre et qui sont garnies de viandes et de poissons. Elles sont donc consommées entièrement.
Les olives qui viennent probablement d’Espagne, constituent un luxe au nord de l’Europe. Enfin, on voit sur la table une orange, sans doute importée d’Italie. Elle pouvait servir à arroser, pendant la cuisson, les volailles présentées, faisans ou perdrix, un gibier qui rehausse le statut de cette table. (Synthèse de la notice du musée)
La porcelaine kraak était une exportation chinoise arrivée en Europe à partir de la fin du XVIe siècle, via le Portugal et l'Espagne, et qui s'est répandue sur tout le continent principalement dans le réseau des Habsbourg.
En
dépit de l’impression de joyeuse pagaille que peut donner cette composition au
premier regard, elle est beaucoup plus élaborée qu’elle n’y paraît :
La peintre a fait en sorte que tous les éléments, présentés de façon frontale, soit parfaitement visibles. L’esthétique doit rejoindre la précision presque scientifique de la reproduction. C’est particulièrement sensible dans le bouquet de fleurs printanières dont certaines, comme la jonquille et le narcisse en haut du bouquet, ressemblent tant à celles d’une gravure d’Adriaen Collaert de 1580 qu’il est bien possible qu’elles aient été purement et simplement recopiées.
Le verre cannelé « à la façon de Venise » était fabriqué à Anvers par des souffleurs de verre italiens. Le vin rouge qu’il contient est sûrement d’importation, de France, d’Italie ou d’Espagne. Les bonbons et les fruits secs, amandes, dattes et figues sèches sont présentés dans un Bianchi di Faenza, une faïence fabriquée à Faenza, ville du nord de l’Italie très connues pour ses céramiques à la Renaissance. Ce type de contenant apparaît fréquemment dans les natures mortes de l’époque. On le retrouve notamment dans une nature morte de Juan van der Hamen (1596-1631), peinte en Espagne, et une autre de Roelof Koets (1592-1654), peinte à Haarlem. (Synthèse de la notice du musée)
Et j’ajoute qu’un Bianchi di Faenza identique est présent dans une nature morte de Fede Galizia (1578-1630), présentée sur ce blog.
Comme souvent dans les œuvres de Clara, un autoportrait apparaît dans la cruche en étain et son couvercle, à peine décelable mais bien présent, une forme d’affirmation de soi et un accent mis sur la caractère illusionniste de la peinture. Le reflet de la fenêtre de l’atelier constitue aussi un défi à relever pour chaque peintre. Clara s’en acquitte avec brio.
Sur ce qui semble être une table en bois, des
crabes et des crevettes bouillis, plusieurs poissons d'eau douce (deux carpes,
un gardon, peut-être plusieurs ides, et un brochet du nord), un gobelet en verre
foncé, un chandelier en laiton avec une bougie sans flamme, une passoire en cuivre
avec un écumoire en laiton, deux artichauts et une cruche en grès rhénan.
Sur son couvercle, apparaît l’autoportrait de l'artiste. Il était très rare que les peintres incorporent leur propre image dans un tableau à cette époque. Le fait que Clara l’ait fait (dans ce tableau et dans au moins sept autres) montre sa volonté d'être reconnue, probablement à cause des difficultés qu'impliquait le fait d'être une femme artiste. Ceci est l'une de ses œuvres les plus soigneusement exécutées. Le contraste rythmique entre les formes arrondies et dentelées (comme dans la passoire et l'artichaut) et entre les motifs (dans la décoration de la surface de la cruche en grès, les écailles du poisson et des trous de la passoire) est caractéristique de son art.
Une image infrarouge de la peinture montre comment elle a soigneusement ajusté la composition. L'œil du poisson le plus proche du coin inférieur droit de la peinture a été légèrement déplacé vers le bas, élevant notre point de vue. Les trous qui parsèment la passoire en cuivre, à côté de la tige de l'artichaut, ont été légèrement déplacés lors d'une deuxième étape. Les artichauts dans l'écumoire et la coupe en verre sombre à gauche ont été peints après l'application du fond sombre. Ce type d'ajustement est caractéristique de l'artiste. Peintes en rouge sur le dos du panneau de chêne, les lettres G et A superposées identifient le fabricant de panneaux, Guilliam Aertssen qui travaillait à Anvers.
Il s'agit de la plus ancienne nature morte de poisson datée connue - peut-être la plus ancienne qui ait été peinte. Cela montre que Clara était une innovatrice, tant au plan de ses sujets que du réalisme de ses natures mortes.
Une dizaine de peintures de poissons de sa main sont connues, ce qui signifie qu'elle est devenue en quelque sorte une spécialiste de ce type de nature morte. Le poisson était un aliment très courant dans le sud et le nord des Pays-Bas, en raison de l'étendue du littoral de la région et des nombreuses rivières, ruisseaux et étangs. Elle était également favorisée par les restrictions sur la consommation de viande imposées par les autorités ecclésiales et la coutume, qui pouvaient l'étendre jusqu'à trois jours par semaine.
Cette peinture, et Nature morte avec épervier, volaille, porcelaine et coquillages, (ci-dessous) sont très probablement les mêmes que deux peintures qui sont documentées pour la première fois lors de leur inventaire au palais royal de Madrid, (alors connu sous le nom d’Alcazar) en 1666, sans attribution ; ils sont décrits simplement comme deux tableaux, « l’un de poissons et l'autre d’oiseaux ». Ces mêmes peintures sont attribuées à Clara Peeters dans les inventaires royaux après 1734. (Synthèse de la notice du musée)
(Je ne suis pas d’accord avec le musée sur la première nature morte de poissons qui ait été peinte. Il en existait une à Pompéi, au Ier siècle av. J.C. !)
Perché sur le bord d'un panier en osier, un
épervier eurasien est peint à peu près grandeur nature. C'est une femelle,
qui est plus grande que les mâles. Les plus gros oiseaux du tableau sont
un colvert mâle (dans le panier), une bécasse, une poule rousse (à gauche, la
tête pendante) et un coq, avec sa queue à peine visible en
arrière-plan. La couleur verte de la queue a vieilli et est devenue très
sombre, une transformation typique des pigments de cuivre. Dans son état
d'origine, il devait ajouter un accent fort qui rimait avec la tête du colvert
et contrastait avec ses pattes rouges.
Deux jeunes pigeons sont exposés sur une plaque d'argile rouge. À côté des pigeons se trouve une grive et, au-dessus du bord du panier, on voit la tête d'un autre oiseau de la même espèce. Le petit oiseau rouge à droite est un bouvreuil commun mâle, choisi pour sa couleur rouge qui se marie magnifiquement avec la tête verte du canard colvert.
Les petits oiseaux qui pendent par leur cou à une petite branche sont des pinsons, avec leur plumage d'hiver, moins coloré que pendant leur saison des amours en été.
Plusieurs assiettes et bols en porcelaine kraak blanche sont empilés sur une assiette kraak bleue et blanche.
À partir du début du XVIIe siècle, les Néerlandais ont fait le commerce de la porcelaine, augmentant ainsi l'attrait de ces objets. A côté de la porcelaine se trouvent quatre coquilles : une Harpa rougeâtre de la région indopacifique ; à côté, un Harpa doris de la côte ouest-africaine et, en dessous d'eux, un Rosarium Hexaplex, de la même région, et un Cittarium pica des Caraïbes (noir et blanc).
La collecte de coquillages était populaire auprès de l'élite de la société à partir du XVIe siècle, en raison de la fascination pour les produits exotiques qui a suivi l'exploration du monde par les Européens. Au XVIIe siècle, les coquillages apparaissent fréquemment dans les natures mortes et Clara en a peint plusieurs fois.
C'est l'une des premières natures mortes consacrées à la chasse. Sa qualité correspond à l'ambition du sujet ; c’est l’une des plus belles œuvres de Clara et son sujet la destinait aux mécènes ou aux collectionneurs princiers et aristocratiques. (Synthèse de la notice du musée)
Un luxuriant bouquet de fleurs disposé dans un vase Roemer, dont la transparence permet de distinguer les tiges des fleurs et qui se détache du fond presque noir du tableau.
Les couleurs éclatantes des roses, des narcisses, des jonquilles, des tulipes, des œillets, des soucis et des iris bleus envahissent tout l’espace du tableau. Une composition qui rappelle fortement celle du bouquet de la Nature morte aux noix et friandises, du musée du Prado (supra), même si elle est plus fournie (la jonquille est exactement dans la même position).
L'entablement en pierre, sur lequel reposent des pétales et quelques fleurs fanées et où butine un papillon, est ébréché. C'est une vanité. Au premier plan, on voit un myosotis, qui dans la plupart des langues anglo-saxonnes s'appelle "ne m’oublie pas"...
Tous les objets sont soigneusement présentés sur un entablement,
nettement dessinés sur un fond
noir, pour que toute l'attention se focalise sur eux. Ce sont des objets précieux et rares dont certains étaient conservés dans
les cabinets de curiosités. Mais, comme dans la plupart des natures mortes de l'époque, les objets quotidiens pactisent avec ceux du lointain, le bol en
Mais toute richesse – trophées, chaînes et pièces de monnaie - est éphémère. Les fleurs qui se fanent rapidement dans la cruche en argile et la tulipe oubliée sur la table sont là pour le rappeler.
On
retrouve encore ici l’assiette en porcelaine kraak, bleutée cette fois, déjà
présente dans la Nature morte au petit déjeuner.
On
ne connaît pas la date de la nature morte suivante, vendue chez Christie’s en
2023, mais l’attribution est certaine car l’œuvre est signée, en bas à gauche, sur l'entablement.
Clara, comme ses contemporains, s'intéresse aux nouveautés. Les artichauts, par exemple : elle les a
inclus dans plusieurs de ses œuvres et ils sont également courants dans les
peintures de Jan Brueghel l'Ancien (1568–1625). Ce légume, rare jusqu'à la
seconde moitié du XVIe siècle, était généralement considéré comme un aphrodisiaque.
En 1599, par exemple, un commentateur anglais écrivait qu'ils « plaisent au goût : provoquent l'urine et Vénus »
Au
début du XVIIe siècle, les artichauts étaient devenus assez courants pour qu’un
livre, publié à Liège en 1604, puisse affirmer que les artichauts faisaient
partie des « herbes et légumes verts nécessaires à la cuisine ».
County Museum of Art (LACMA), Los Angeles
Il
existe plusieurs œuvres d'art où les artichauts occupent une place importante. Dans
une des versions de l’Allégorie
de l'été (1573) d’Arcimboldo, une figure faite de fruits
et légumes porte un artichaut sur sa poitrine. Dans une scène des gravures
d'Abraham Bosse Les Cinq Sens
(vers 1638), un couple élégant est assis à une table pour déguster un
artichaut.
Il manquait enfin une vraie table de fruits de mer : la voici, sur une somptueuse nappe en jacquard blanc et gris. Comme d’habitude, on retrouve la vaisselle d’argent et le couteau finement ciselés et une profusion de mets qui composent un déjeuner copieux : tourteau entier, crevettes et petits crabes, homard, petit tas de sel dans une coupe sur pied, œufs de poule et de caille (tachetés), sauce, biscuits divers et trois fromages à pâte cuite disposés en tour, sans oublier le petit pain protégé par une serviette. On notera toutefois que la datation indiquée par le musée n’est pas conforme à la période d’activité de Clara, telle qu'établie par les chercheurs…
Et quelques détails pour regarder la nappe d'un peu plus près :
Je place cette nature morte en fin
de notice parce qu’elle est particulièrement originale, avec ses petits
animaux posés autour d’un tableau - on voit leurs ombres (il y a donc un tableau dans le tableau) et aussi parce que le bouquet ressemble
beaucoup à celui de L’Autoportrait en vanité, sur lequel je veux terminer.
Une « vanité » est une nature morte qui intègre, à côté d’éléments qui évoquent la richesse de la nature, des représentations symboliques de la mort. On l’appelle aussi un Memento mori (Souviens-toi que tu vas mourir). Une vanité évoque trois idées
principales : le caractère inéluctable de la mort (représenté par un
crâne, la présence de mouches ou de fruits « avancés » et/ou
d’insectes évoquant la brièveté de la vie, comme les papillons), la fragilité
des biens terrestres (évoquée par l’image du temps qui passe, comme un
sablier ou une bougie qui se consume), la futilité des plaisirs terrestres. Les vanités existent depuis l’Antiquité, notamment en fresques à Pompéi, mais ce genre pictural devient particulièrement récurrent aux Pays-Bas, au début du XVIIe siècle, dans une période particulièrement troublée politiquement. |
S’agit-il bien d’un autoportrait ?
Ce tableau, vendu à Londres en 1966 sous le titre « Jeune femme de qualité attablée », est daté selon les sources entre 1610 et 1621. Certains auteurs le considèrent aujourd’hui comme un autoportrait de Clara où elle aurait donc eu entre 25 et 36 ans. A ma connaissance, elle n’a jamais peint d’autre portrait.
Pour
ce qui est de la vanité proprement dite, qui occupe toute la partie droite du
tableau, on reconnaît plusieurs éléments : le bouquet de fleurs est très proche
de celui de la nature morte précédente, l’anémone rouge et la tulipe rose sont exactement
identiques, ainsi que la fleur bleue, légèrement en dessous, comme le vase Roemer.
La coupe renversée ressemble, sans être exactement sa copie, à celle du Petit
déjeuner de 1611, dont le pied est plus ouvragé. La coupe haute, avec son
couvercle surmonté d’une petite statue, est exactement la même que celle de la Nature
morte aux noix et friandises, conservée au Prado (je l’ai reproduite à
côté). On se demande à quoi elle pouvait bien servir… à part cacher le petit
autoportrait-reflet que Clara dissimule dans ses toiles !
On voit aussi deux dés, qui marquent six et un (donc sept. Les sept péchés capitaux, le jour de repos de la semaine, sept ans de malheur ?), deux bracelets, deux bagues, un coupe papier, des pièces en or et en argent, éparpillées, et, tout au fond, dans la pénombre, une coupelle dont le contenu est à peine visible.
Au milieu, entre la vanité et le portrait, la bulle de savon qui attrape le reflet de la fenêtre, évoque la brièveté de l’existence : la première caractéristique des bulles, c’est d’éclater. La coupe renversée est également le signe d’un bouleversement.
La
jeune femme est très richement parée : un diadème en or avec perles et pierres
enchâssées, un collier de perle, un bracelet en or à chaque bras et des boucles
d’oreilles. Son corsage, au décolleté avantageux, est orné d’un col de dentelle
particulièrement fin et délicat. Ses deux bras presque croisés sont courts et
râblés, les mains sont curieusement noueuses. Elle tient une petite boîte qui
paraît contenir de la poudre grise (tu redeviendras poussière ?) et ce qui ressemble à un stylet.
En définitive, plutôt qu’à un autoportrait, on pense davantage à un portrait posthume, d’autant que dans le dos de la jeune femme, il y a ce petit masque grimaçant, au dossier de sa chaise… L’autre titre de ce tableau Portrait d’une femme en vanité, paraît donc plus approprié.
Mais on n’en sait évidemment rien !
*
Une
monographie sur Clara Peeters a été publiée en 1992 par Pamela Hibbs Decoteau
L’œuvre de Clara a été présenté dans une exposition intitulée « The art of Clara Peeters 1594-1657 » au Rockoxhuis Museum à Anvers, du 16 juin au 2 octobre 2016 puis au Musée du Prado à Madrid, du 25 octobre 2016 au 19 février 2017, avec un catalogue.
*
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