Marie Vorobieff-Stebelska est née le 14 février
1892 à Tcheboksary, capitale de la Tchouvachie, à environ 600 km à l’est de
Moscou.
Elle était la fille naturelle du vicomte Bronislav Stebelski, un aristocrate polonais qui l’a élevée dans ses premières années. Sa mère, Maria Rosanovitch, était actrice et s’est mariée quelques années plus tard avec Alexandre Vorobieff, ce qui explique le double nom de Marie. A propos de nom, on se perd un peu dans les orthographes diverses… Vorobiev, Vorobieva, Vorobieff, Worobiew, Vorobëv, Vorobyev et j’en passe ; les joies de la translittération.
Marie suit ses premières études à Tbilissi, puis, en 1910, à l’académie des Beaux-Arts Stroganov de Moscou. En 1911, elle quitte la Russie pour se rendre à Capri où elle rencontre Maxime Gorki qui la surnomme « petite princesse de la mer » : Marevna. C’est le nom qu’elle adoptera un peu plus tard en tant qu’artiste.
Elle arrive à Paris en 1912 et s’installe à La Ruche, foyer d’artistes du monde entier mais, plus spécifiquement, de Russes, comme les peintres Chaïm Soutine et Marc Chagall et le sculpteur Ossip Zadkine. Elle s’inscrit à l’académie Colarossi et fréquente l’académie russe fondée par Marie Vassilieff (voir sa notice) ; elle y côtoie notamment Chana Orloff et Jacques Lipchitz et, pour la première fois, a accès à un atelier où elle peut travailler le nu.
Sa première apparition sur la scène artistique daterait de 1912, au Salon des Tuileries.
Au Salon des
Indépendants de 1913, où elle s’inscrit sous le nom de Mlle Stebelsky-Vorobieff, elle déclare habiter 7
rue Méchain (une adresse connue aujourd’hui pour être celle d’un immeuble
construit par Mallet-Stevens en 1929) et présente trois dessins dont un pastel.
Au café La Rotonde, elle rencontre les peintres de Montparnasse, Modigliani qui est un ami de Soutine, Moïse Kisling, Léger, etc., sans oublier Matisse et Picasso. Et elle se lie aussi avec Apollinaire et Max Jacob et l’écrivain russe Ilya Ehrenbourg (1891-1967) devient son ami.
En
1914, le décès de son père la laisse sans soutien financier.
Elle a déjà commencé à aborder le divisionnisme, de façon assez libre, et commence à intéresser le collectionneur Léon Zamaron, un commissaire de police philanthrope et passionné d’art moderne qui soutient déjà la plupart de ses amis. Rapidement aussi, le marchand de tableaux Léonce Rosenberg commence à vendre ses œuvres.
C’est
l’époque où une amie russe, Angelina Beloff, lui présente son mari, Diego
Rivera, peintre mexicain qui devient, pendant la Première Guerre mondiale, l'un
des membres d'un groupe de cubistes comprenant Albert Gleizes, Juan Gris et
Jean Metzinger. C’est aussi un coureur de jupons invétéré qui la séduit alors
que sa femme est enceinte ; il fera d’elle ce portrait cubiste….
… et Marevna ce petit dessin qui représente, de gauche à droite, Rivera, Modigliani et Ilya Ehrenbourg :
Au
contact de Rivera et soutenue par Picasso, qui l’apprécie beaucoup, Marevna se
lance dans le cubisme, ce qui fait d’elle, avec María Blanchard (voir sa notice), une des deux
premières femmes à avoir adopté cette expression.
Les
premiers exemples qui nous sont parvenus datent de la période de la guerre,
dont ce couple formé par un militaire unijambiste et sans mains et une
jeune femme en robe d’été et bas résille portant un masque à gaz…
…
et aussi cette toile non datée, où l’on voit une jeune femme en combinaison de
dentelle noire, confortablement assise près d’une petite nature morte, posée
sur une table. C'est peut-être un autoportrait.
Ce
sont probablement des œuvres cubistes qui sont présentées dans la première
exposition où elle est citée par L’Intransigeant, en compagnie d’Othon
Friesz, Henry Hayden, André Lhote et Gino Severini à la galerie Lyre et Palette,
rue Huygens. (27 janvier 1917, p.3)
Subrepticement,
le cubisme s’insinue aussi dans ses natures mortes pointillistes :
Son
ami Modigliani la portraiture également. Je précise au passage que, lorsque
ce portrait a été exposé à la Galerie Pouchkine, son authenticité a été mise en
doute puis, semble-t-il, confirmée ensuite par l’Institut Modigliani de Rome.
L’année de ce portrait, Marevna met au monde une petite fille, Marika, et participe au Salon d’Automne. Rivera rentre au Mexique deux ans plus tard, la laissant seule pour élever sa fille. Pour vivre, Marevna travaille pour la confection. C’est le premier véritable article que j’ai trouvé sur elle :
« Les châles de Mlle Marevna ont quelque chose de sauvage, de primitif et de mode. Sur un fond de cordelettes de laine qui forme trame, elle tisse à l’aiguille un quadrillage de couleurs vives sur lequel vient s’abattre une jonchée de fleurs, le châle ainsi conçu est comme une cage légère dans laquelle s’emprisonne le geste. Les cordelettes de laine évoquent une vie primitive et proche de la nature alors que la machine n’était pas venue suppléer à la main de l’homme et que la fileuse et le tisserand étaient les maîtres du textile. En revenant ainsi à ses sources, l’industrie humaine retrouve de la fraîcheur et de la jeunesse, il y a dans les œuvres de Mlle Marevna quelque chose de printanier, de spontané, de libre et de franc qui enchante et aussi quelque chose de la vigueur d’un peuple jeune et peu discipliné devant qui s’étendent de longs siècles encore d’essais et d’aventureuses expériences. » (Edmée, « Châles et colliers », L’Art vivant, 1er juillet 1925, p.37)
Elle
continue cependant à exposer et à vendre des toiles, puisque Le Petit
Journal annonce : « On a vendu hier,
parmi des toiles de Foujita, de Lenoir, de Marewna [sic], une singulière peinture de
Léger, intitulée d’ailleurs "Eléments mécaniques" qui fut adjugée 5.100
francs ! » (7 février 1928, p.2)
Léon
Zamaron continue à la soutenir : le catalogue du Salon des Tuileries,
auquel elle participe en 1929, indique que les deux toiles qu’elle y montre lui
appartiennent. Maevna habite alors 20 rue Decrès (14e)
et expose deux portraits. Voici celui d’un certain Gilbert Mair, peint la même
année.
Le critique Gustave Kahn lui apporte un soutien bienveillant, tout en écorchant un peu son nom au passage : « Mme Marie Marevura pratique le pointillisme, et en ce moment-ci, parmi la jeunesse, cela peut passer pour une originalité, mais il est très bien de choisir, hors la mode, de beaux exemples et Mme Marevura se sert du procédé avec la plus grande habileté. Technique à part, c’est une artiste de sentiment profond et les têtes de jeune fille qu’elle a peintes prouvent, chez leur auteur, la sensibilité la plus délicate. » (« Le Salon des Tuileries », Mercure de France, 15 juin 1929, p.182)
En août 1929, deux journaux américains signalent sa présence dans une exposition de groupe organisée en Dordogne, au château de Neuvic-sur-l’Isle, alors propriété d’un Mr. Chadbourn. (The Chicago tribune et The New York Herald du 3 août 1929)
Ce portrait est présenté
par un site de vente comme son autoportrait. C’est un peu difficile à assurer
car je n’ai trouvé aucun portrait photographique de Marevna datant de cette
période mais on sait qu’elle était blonde et avait un nez assez fort. Ce n’est
donc pas exclu.
Gustave Kahn est aussi le critique d’art du journal Le Quotidien qui a ouvert une galerie avenue Kleber. C’est probablement lui qui l’invite à participer à des expositions collectives dont la presse rend compte brièvement. Le Quotidien lui-même annonce que l’Etat a acquis une nature morte de « Mme Marewna » [sic] à cette exposition. (22 mars 1930), tandis que La Liberté signale « les figures délicates de Mme Marewna [re-sic] » (26 novembre 1930, p.2). Le Journal officiel nous apprend que l’Etat lui a aussi acheté un dessin la même année.
J’ai cherché ces œuvres dans les collections nationales : la Nature morte n’est plus localisée et le dessin a été déposé au gouvernement de Nouvelle Calédonie. Mais personne n’a pensé à les photographier…
En 1931, signe des difficultés financières auxquelles elle est confrontée, la ville de Paris lui attribue, comme à une quinzaine d’autres artistes peintres, une prime d’encouragement. (BMOVP, 6 juillet 1931, p.3112)
Puis la presse perd sa trace jusqu’en janvier 1936, à l’occasion d’une exposition à la galerie Zborowski, rue de Seine à Paris. Cette fois, la critique a appris à orthographier son nom et s’étonne de sa faible notoriété.
« (…) signalons
l’intéressante exposition de Marevna, dont le pointillisme s’apparente à celui
de Seurat plutôt qu’à celui du Signac des dernières
années. Marevna réussit à produire, à l’aide de tons purs
exclusivement, de délicats effets de gris. L’accent de la plupart de ses
ouvrages est robuste et monumental. Cette artiste a trop peu exposé pour que
l’on cite couramment son nom parmi ceux des meilleurs représentants du néo-impressionnisme
— ce que, pourtant, elle mérite. » (Louis Lambert, « Les
expositions », L'Intransigeant, 13 janvier 1936, p.4)
« L'exposition Marevna
(…) montre l'œuvre d'un peintre dont les nus et les portraits rejoignent les
classiques à travers la mémoire de Seurat. On trouve dans les portraits surtout
une vérité exemplaire où un pointillisme des plus adroits donne à la toile des
tons de fresque. On y devine sous un dessin solidement établi et des couleurs
des plus tentantes, la ressemblance intelligente du modèle. Voilà de la peinture
bien comprise, joliment ordonnée et d'une clarté toute moderne. Sans doute cet
art n'innove-t-il rien, mais il dit avec beaucoup de goût et de justesse
l'esprit d'une Russe qui a subi chez nous avec un louable profit l'influence du
climat. On peut s'étonner que l'œuvre de Mme Marevna, directe, publique,
n'ait pas reçu plus souvent des coups de projecteurs. (G. J. Gros, « Groupes de peintres et salons de
tendance », Paris Midi, 10 janvier 1936, p.2)
« Marevna (…),
n'est point de ces artistes qui fatiguent les journaux de leurs prouesses. Elle
travaille en silence, et son œuvre porte la trace de cette concentration. Il me
semble que les portraits, les toiles d'intimité correspondent mieux à sa
sensibilité que les grands nus où j'aimerais un accent plus sensuel. Elle use
avec beaucoup de sûreté d'un métier difficile : une sorte de pointillé qui
vibre mieux dans les petites toiles que dans les grandes. Si je me permets de
formuler un désir, c'est qu'elle sorte un peu de sa tour d'ivoire, qu'elle
s'extériorise plus qu'elle n'a fait jusqu'ici. (Le baron Thunder-Then-Tronck, Candide,
9 janvier 1936, p.6)
« A la galerie Zborowski, on trouve les fines et sensibles toiles de Marevna qui, se servant de la méthode pointilliste, obtient des effets exquis, aussi bien quand elle choisit pour motif de souples corps de femmes que lorsqu’elle rend un morceau de vie quiète ou des fleurs. Marevna mérite l’attention des collectionneurs les plus prudents et le mieux renseignés. » (Vanderpyl, Le Petit Parisien, 9 janvier 1936, p.9)
Bien
que le plus souvent sous-jacent, le cubisme est toujours là…
A cette époque,
Marevna et sa fille habitent à Montmartre. Marika suit des cours de danse au studio
Wacker, rue de Douai, créé par la danseuse russe Olga Preobrajenska.
Marika devient
danseuse et épouse en 1938 le peintre Jean-Paul Brusset, à Cannes où il travaille
comme directeur artistique du Palm Beach. Marevna
les rejoint.
C’est
elle qui prendra soin de leur fils, Jean-Diego, né en 1941, lorsque Marika et
son mari rejoignent les Forces françaises libres en Afrique du Nord. Marevna
s’installe à Saint Paul de Vence, où elle loue un atelier.
En 1943, Marevna expose à la galerie Roux, avenue de l’Opéra, mais l’exposition ne paraît pas
avoir attiré l’attention de la critique.
En fait, elle ne cesse jamais d’être cubiste et ce style se manifeste à intervalles réguliers :
En 1945,
Marevna expose à Alger et à Casablanca, en compagnie de Marie Laurencin, Van
Dongen et Suzanne Valadon : « (…) les œuvres de
Marevna. Attachantes par la facture parfaite du dessin, la pureté des lignes,
par le caractère bien personnel de l’auteur, agréables à l’œil, elles sont
susceptibles de plaire. Elles ont la netteté d’un canevas parfaitement exécuté
et certaines pourraient orner des vitraux de cathédrales. » (Le Petit
Marocain, 31 janvier 1945, p.2)
Marika
divorce à la fin de la guerre et rencontre Rodney Phillips, l'éditeur anglais de
Polemic, « magazine de philosophie, de psychologie et
d'esthétique ». Ils se marient en 1949 et s’installent dans le manoir de
Phillips, Athelhampton House, près de Dorchester, où naît le second fils de
Marika, nommé Elie.
Marevna
les accompagne. Elle installe son atelier dans une aile de la maison qu’elle
trouve « pleine de bons esprits ». Ce sont eux qui apparaissent dans
l’allée et sur le toit de cette petite gouache :
En
1951, elle expose à la Lefevre Gallery de Londres et Picasso lui offre un petit
portrait d’elle…
…
il servira d’illustration de la couverture du premier livre de souvenir de Marevna,
« Life in two worlds », qui sera publié
en 1963 par Abelard Schuman, à la fois en Angleterre et aux Etats-Unis.
Un
ami photographe, Angus McBean, s’installe
quelques temps à Athelhampton House où il prend cette photo (on voit que Marevna était aussi sculptrice mais ce n’était pas son moyen
d’expression essentiel).
Et
Marevna, en retour, le portraiture dans une belle veste chamarrée (hélas la
photo n’est pas très bonne).
En 1953, Marevna expose à nouveau à Paris, à la galerie Claude, suscitant de nombreux commentaires dans la presse.
« Marevna n’est pas une débutante. Le catalogue nous apprend que ses contemporains s’appellent Chagall et Juan Gris ; Matisse la félicite, Picasso fait son portrait et elle le reproduit. Voilà des renseignements qui permettent de situer le personnage. Au reste, il semble coupé en deux. D’une part, Marevna peint au petit point, dans un style qui descend tout droit de celui de Seurat, mais alors que le maître, dans ses plus austères compositions, retrouve la grandeur d’un peintre comme Piero délia Francesca, Marevna grossit le système et l’actualise. Sa deuxième manière me semble préférable. Elle se réfère à Picasso, bien sûr, mais très sagement. Ses figures hiératiques ne sont tout de même pas sans vie. La sobriété du style ne les a point tuées. Travail juste et qui classicise (pour ne point dire académise) l’aventure moderne. » (Pierre Descargues, « Les portraits de Marevna », Les Lettres françaises, 2 juillet 1953, p.8)
« Deux œuvres
chez cette femme peintre : l’une pointilliste dans la plus pure tradition de Seurat
; l’autre, plus intéressante parce que plus personnelle, faite de constructions
sur différents plans. Le visage humain est surtout ce qui retient l’attention de
Marevna ; elle sait en extraire le contenu expressif, mais il n’empêche qu’elle
reste pourtant extérieure à l’intensité intérieure des êtres. » (Castel,
« Tour d’expositions », Combat, 29 juin 1953, p.7)
« Marevna, aux
premières peintures de qui se sont intéressés Matisse et Picasso, n’avait pas exposé
depuis une vingtaine d’années ; elle vit en Angleterre ; son retour, à la
Galerie Claudel, révèle une pointilliste dont le style, très nuancé, contraste
avec celui qu’elle anime d’une singulière énergie, en des tableaux où le plan
et le volume font des angles aigus et où l’air lui-même semble taillé à
facettes ; ce système permet quand même à Marevna de manifester un précieux
talent de coloriste. » (Le Flâneur des deux rives, « D’une rive à
l’autre », Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques,
2 juillet 1953, p.4)
Puis
Marevna commence une série de portraits de ses amis de Montparnasse, un travail
probablement préparatoire des grandes compositions qui suivront. De petits
portraits, tous de même taille. Seul Picasso, le maître, a droit à un format
plus important.
Puis viennent les deux inséparables, Soutine et Modigliani :
Les amis russes de La Ruche, Chagall et Zadkine :
Les aînés, Braque et Léger :
Et le bienveillant, Matisse.
L’année
suivante, Marika se sépare de son mari. Elle s’établit dans la banlieue proche de
Londres, à Ealing, avec Marevna et ses deux fils.
Et Marevna
continue à peintre, souvent des natures mortes.
C’est à Londres
que Marevna revoit son vieil ami, Ilya Ehrenburg. Son portrait est celui d’un
homme âgé.
En
1961 (et non pas 62, comme on le lit partout, alors que le tableau est clairement
daté…), Marevna peint son premier grand portrait de groupe cubiste, Hommage
aux amis de Montparnasse. On y voit Modigliani tenant son verre, au centre,
encadré de Marevna et Marika, à gauche, et de Moïse Kisling et son chat, à
droite…
… au second plan, derrière Marevna, Diego Rivera, Ilya Ehrenburg et Chaim Soutine, puis l’épouse de Modigliani, Jeanne Hébuterne, Max Jacob et le marchand d’art, Léopold Zborowski. Entre les deux dernier apparaît un visage de femme qui serait une modèle dont je n’ai pas trouvé le nom. Il existe une deuxième version de cet Hommage, peint en 1966.
Il y aura d’autres portraits de groupe, dont cet Hommage à Diaghilev, l’année suivante, où Picasso se tient à droite devant ses Deux femmes courant sur la plage des années 20. Au centre, Diaghilev la tête posée sur la main, Vaslav Nijinski assis juste derrière lui et probablement la danseuse Anna Pavlova, sur la gauche (je ne reconnais pas les autres).
Et cet autre groupe qui figure dans le catalogue de l'exposition du musée Bourdelle de 1985 mais dont j'ai oublié de noter le titre et la description (!!!)
Lors d’un voyage à Stockholm, Marevna peint plusieurs vues du port :
Elle
a soixante-dix ans mais sa production reste soutenue et les thèmes plutôt
diversifiés.
Et elle profite de ses voyages pour saisir de nouveaux paysages, comme celui-ci, peint en Hollande.
Pendant
toute sa période londonienne, Marevna a écrit ses mémoires. De nombreux
souvenirs de sa jeunesse reviennent, comme les échanges avec Soutine qui l’a soutenue avec affection, après le départ de Rivera. Il lui avait raconté sa fascination pour la
célébration du sabbat, dans son enfance, quand les hommes dansaient en ronde, les
bras enlacés, se balançant d’abord doucement, puis de plus en plus vite, au
rythme du chant rituel. Assis sur les genoux de sa mère, le petit Chaïm les
regarde.
En 1971, le Petit Palais de Genève organise une exposition rétrospective de son travail. Son fondateur, Oscar Ghez, a acheté plus d’une centaine de ses œuvres dans les années 1960.
Elle
a quatre-vingts ans quand elle peint ce portrait d’un certain John West (qui n’est
certainement pas le fameux chanteur américain qui avait alors huit ans…)
Et celui du costumier et créateur Germinal Rangel, avec lequel elle avait sympathisé. Une synthèse de ses deux styles.
Cette année-là paraît son second livre de mémoire La vie avec les peintres de La Ruche, dans une édition américaine.
Et
dans ses dernières années, Marevna continue à saisir son jardin, de petites
aquarelles d’hiver et d’été.
Marie Vorobieff, Marevna, est morte le 4 mai 1984, à Londres.
L’année
suivante, le musée Bourdelle programme l’exposition
« Marevna et les Montparnos » (septembre - décembre
1985) puis les expositions se succèdent : une nouvelle rétrospective au
Petit Palais de Genève en avril – mai 1991 ; à la galerie Wildenstein de
Londres, « Marevna et Montparnasse », en juin-septembre 1992 puis à la Galerie
nationale Tretiakov de Moscou en 2004.
Son œuvre la plus connue, La Mort et la Femme, est régulièrement exposée en France, comme à l’exposition « Pionnières » au musée du Luxembourg en 2022 et au Petit Palais de Paris, pour « Le Paris de la modernité » en 2023.
Pour autant, je ne
suis pas très sûre qu’un « radiotrottoir » serait très concluant sur sa notoriété. Faute d’œuvres de sa main dans les
collections françaises, il reste aux admirateurs de Marevna la possibilité de
se plonger dans ses mémoires, republiées en 2007 mais… toujours en anglais.
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