dimanche 1 mai 2022

Käthe Kollwitz (1867-1945)

 

Autoportrait de trois quarts droit – vers 1890
Plume et pinceau en noir, sur papier à dessin, feuille 23,3 x 16,6 cm
Kupferstich-Kabinett, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde


Käthe Schmidt est née le 8 juillet 1867 à Königsberg (Kaliningrad, aujourd’hui en Russie), l’ancienne capitale de la Prusse orientale, quelques années avant l’unification de l’Allemagne (1871).

Katharina Rupp et Carl Schmidt, ses parents, s’étaient mariés en 1859. Ils eurent rapidement deux fils, morts en bas âge. Puis deux autres enfants, Conrad et Julia, avant la naissance de Käthe et de sa petite sœur, Lisbeth.

La famille était fortement imprégnée des préceptes de la « Communauté catholique évangélique libre de Königsberg » dont le fondateur était le grand-père maternel de Käthe, le pasteur et théologien Julius Rupp. La communauté avait renoncé au dogme de l’Eglise et prônait la liberté de croyance personnelle. Les autorités eurent tôt fait d’y voir les prémices d’une organisation politique, ce qui valut à Julius Rupp la perte de son poste d’enseignant et plusieurs condamnations en justice.

Le souvenir de cette lutte familiale contre le pouvoir de l’Etat et l’éthique de la responsabilité de Julius Rupp – « un cadeau est une tâche » disait-il - influencèrent la façon dont fut élevée la petite tribu des enfants Schmidt, dans une grande liberté d’action assortie d’un profond respect pour l’autorité parentale. L’idée de progrès, la foi dans le développement moral de l’humanité guidait l’engagement de Carl Schmidt. En plus de ses multiples responsabilités, d’entrepreneur en bâtiment et de conseiller municipal, il remplaça progressivement son beau-père dans ses fonctions de pasteur de la communauté libre.

 

Käthe Schmidt à 5 ans
Source : Succession Käthe Kollwitz

En 1876, la famille déménage dans le centre historique de Königsberg, au rez-de-chaussée d’un immeuble construit par Carl. Naît alors un autre enfant, Benjamin, qui mourra de méningite à un an. La mort de son petit frère assombrit l’enfance heureuse de Käthe qui se décrit plus tard dans ses mémoires comme têtue et mélancolique…

Rejetant le système scolaire prussien, la famille organise pour les enfants un solide enseignement axé sur les sciences humaines et les mathématiques, au sein de la communauté, mais laisse aussi une large place à l’éducation littéraire et artistique. Käthe lit beaucoup et organise même avec Lisbeth des représentations de marionnettes en papier illustrant les œuvres de Schiller et des mythes grecs.

Carl Schmidt rejoint le SPD (parti social-démocrate d'Allemagne) et enseigne à ses enfants une vision du socialisme basée sur l’idée de fraternité. Il leur conseille des lectures, leur lit régulièrement des poèmes, comme Die Toten an die Lebenden (Les morts aux vivants, 1848) de Ferdinand Freiligrath (1810-1876) qui laisse à Käthe une impression indélébile.

Laissée étonnamment libre de ses mouvements pour une jeune fille de l’époque, Käthe parcourt la ville avec sa sœur et explore les quartiers pauvres où vivent les ouvriers dont elle fait les sujets de ses premiers dessins.

Elle est adolescente lorsque son père remarque ses dispositions artistiques et l’encourage à devenir peintre. Il lui cherche un professeur et porte son choix sur le peintre et graveur Rudolf Mauer (1843-1905) qui lui apprend les bases du dessin mais elle doit attendre d’avoir dix-neuf ans – alors que l’Académie de Königsberg, interdite aux femmes, est à deux pas de chez elle - pour que ses parents l’autorisent à se rendre à Berlin afin d’y suivre un semestre d’étude probatoire l’École des beaux-arts pour femmes (Künstelrinnenschule), créée en 1886 par L’Association des artistes et des amateurs d’art de Berlin (Verein der Berliner Künstlerinnen) , où elle a la chance d’avoir pour premier enseignant le portraitiste et graveur suisse Karl Stauffer-Bern qui l’encourage à approfondir encore sa pratique du dessin.

 

Karl Stauffer-Bern (1857-1891)
Adolph Menzel – 1885
Eau-forte et pointe sèche, 32 x 23,9
National Gallery of Art, Washington D.C.

C’est en voyant son illustration d’un poème de Freiligrath, Les Emigrants, que Stauffer-Bern lui conseille d’aller voir l’exposition de son ami, le peintre, sculpteur et graveur symboliste Max Klinger. Pour Käthe, la découverte du cycle Ein Leben (Une vie) de Klinger est une révélation.


Max Klinger (1857-1920)
Ein Leben, planche V – 1884
Série de quatorze eaux-fortes, 61,5 x 45 cm
Imprimée par Wilhelm Felsing en 1898
The Metropolitan Museum of Art, New York



Max Klinger (1857-1920)
Série Ein Leben, planche : Unter gehen – 1884
Eau-forte et aquatinte, 60,4 x 44 cm
Imprimée en 1898
The Metropolitan Museum of Art, New York

Elle lit alors son essai, Malerei und Zeichnung (Peinture et dessin, 1885), qui désignait le dessin et la gravure comme les média les plus appropriés à l’expression des aspects sombres de l’existence et des problèmes sociaux. Elle décide alors d’abandonner la peinture au profit de la gravure.

A la même époque, elle lit un roman qui a joué un rôle important dans la peinture naturaliste, Germinal d’Emile Zola (1885). Elle en illustre quelques scènes dont celle-ci : deux hommes qui se battent pour une jeune femme qui les observe avec inquiétude.

Scène de Germinal - 1888
Pinceau et sépia sur papier brun, 42 x 53,2 cm
Kupferstich-Kabinett, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde


En 1887, Käthe retourne à Königsberg, où elle se fiance à un étudiant en médecine, Karl Kollwitz. Cette année-là aussi, la maison de ses parents est perquisitionnée car son frère Conrad a rapporté de Londres des écrits socialistes de Friedrich Engels. Käthe part à Munich terminer sa formation, entre 1888 et 1890 à l’École des beaux-arts pour femmes de Munich, (Münchner Künstlerinnenschule), une ville qu’elle trouve beaucoup moins intéressante que Berlin.

Photographe inconnu
La classe de Käthe à la Künstlerinnenschule de Munich
Elle est assise, deuxième en partant de la droite.

Dès cette époque, Käthe commence une série d’autoportraits dessinés, gravés ou sculptés, « formes visuelles de conversation avec [elle]-même », une pratique qu’elle partage avec nombre de ses contemporains, comme Edvard Munch ou Max Beckmann.

 

Autoportrait – 1889
Plume et encre noire sur carton
Käthe Kollwitz Museum – Cologne


En 1891, elle épouse Karl Kollwitz. Il vient de terminer ses études de médecine, il est membre du SPD et vient d’accepter un poste à Berlin comme médecin de la Caisse des Tailleurs, créée dans le cadre des nouvelles lois sociales.

Karl et Käthe s’installent dans le quartier ouvrier de Prenzlauer Berg où ils vivront plus de 50 ans et où naîtront leurs deux fils, Hans et Peter, en 1892 et 1896. Dans le cabinet médical de son mari, Käthe rencontre des familles ouvrières dont les conditions de vie, extrêmement dures, vont constituer le thème de ses œuvres de jeunesse.

Le retour des ouvriers – 1897
Aquarelle
Käthe Kollwitz Museum – Cologne


En 1893, elle rencontre un auteur encore inconnu, Gerhart Hauptmann (1862-1946) puis assiste à la première de sa pièce, Die Weber (Les Tisserands), qui met en scène des travailleurs réduits à la famine et à la condition d’esclave. C’est le premier « drame de masse » (aucun personnage n’est saillant, chacun parlant pour tous les autres) de la littérature allemande qui relate une révolte qui s’est déroulée en Silésie, en 1844 et fut réprimée avec une épouvantable brutalité. Précisons, au passage, que l’empereur Guillaume II avait refusé d’assister à cette première représentation au Deutsches Theater, après avoir tenté sans succès de l’interdire, au motif que la pièce incitait à la révolte et à la haine entre les classes sociales.

Ce texte est à l’origine de la première série importante de Käthe.

Pour bien saisir le caractère révolutionnaire de son travail, il me paraît utile de montrer deux tableaux sur le même sujet. Le premier, qui a été peint juste avant la révolte, montre les patrons venant choisir ou rejeter les toiles. Destinée à susciter la pitié du public bourgeois, l’œuvre s’appuie sur le contraste entre les patrons bien nourris et les tisserands affamés.

Karl Wilhelm Hübner (1814-1879)
Les tisserands de Silésie - 1844
Huile sur toile, 77 x 104,2 cm
Museum Kunstpalast, Düsseldorf 


L’autre est d’un peintre naturaliste qui vise à présenter une image réaliste de la vie laborieuse des tisserands.

Max Liebermann (1847-1935)
Der Weber - 1882
Huile sur toile, 57 x 78 cm
Städel Museum, Francfort-sur-le-Main

Ces œuvres saisissent les tisserands dans un environnement rural qui n’a pas grand’ chose à voir avec la réalité vécue par le prolétariat industriel.

Käthe travaille plusieurs années sur la série intitulée Ein Weberaufstand (Une révolte de tisserands – 1893/97) qui sera montrée pour la première fois lors de la grande exposition d’art de Berlin (Grosse Berliner Kunstausstellung) de 1898. Le jury de l’exposition propose Käthe pour la « Petite médaille d’or » mais le ministre de la culture de Guillaume II oppose son veto à l’attribution de cette médaille. Ce qui n’empêche pas le conservateur du musée de Dresde d’acheter la série qui entre ainsi dans les collections publiques. La série est constituée de trois lithographies et trois eaux-fortes. 

 

Non
Feuille 1 du cycle Une révolte de tisserands - 1893/97
Lithographie à la craie, plume et pinceau, grattoir et aiguille grattoir, 15,4 x 15,3 cm
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Le désespoir d’une mère dont l’enfant est en train de mourir de faim, dans l’unique pièce qui sert de logement et d’atelier. A l’arrière, on voit probablement le père, au visage sombre, et un autre enfant, visiblement affamé lui aussi.

 

Mort
Feuille 2 du cycle Une révolte de tisserands - 1893/97
Lithographie à la craie, plume et pinceau, grattoir et aiguille grattoir, 22,3 x 18,5 cm
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

La mort va emporter une femme, entourée de son enfant et de son mari (de dos). L’enfant au regard fixe regarde la bougie comme si elle allait s’éteindre. La mort a l’air compatissant, elle vient soulager la femme de ses souffrances et comme elle tient aussi l'enfant, on se demande si elle ne va pas l'emporter également… 

 

Conciliabules
Feuille 3 du cycle Une révolte de tisserands - 1893/97
Lithographie à la craie, plume et pinceau, grattoir et aiguille grattoir, 27,4 x 16,8 cm
 Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Quatre hommes discutent à une table d’un café, leurs poings serrés en signe de détermination. Seuls leurs visages sont éclairés, ce qui accentue l’impression dramatique de la scène.


Le train des tisserands
Feuille 3 du cycle Une révolte de tisserands - 1893/97
Eau forte et émeri, 21,6 x 29,5 cm
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Armés de piolets et de haches, les tisserands aux visages émaciés marchent vers la maison de leur employeur. La masse compacte du groupe est renforcée par la ligne d’horizon qui paraît peser sur leurs têtes, comme s’ils marchaient dans un tunnel.

 

Tempête
Feuille 5 du cycle Une révolte de tisserands - 1893/97
Eau forte et émeri, 23,8 x 29,5 cm
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

La manifestation est arrivée devant la maison du patron. Une femme, un enfant et un homme descellent les pavés que les autres manifestants jettent vers le bâtiment, à travers la grille. On comprend toutefois que la porte restera fermée…


Fin
Feuille 6 du cycle Une révolte de tisserands - 1893/97
Eau forte au trait aquatinte et émeri
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

L’armée est intervenue, la révolte a été matée dans le sang. On allonge les morts par terre tandis qu’une femme pleure, assise sur le plancher près du métier à tisser. La fumée qui entre par la porte montre que les combats ne sont pas terminés. La femme debout illustre la douleur et l’abattement des combattants.

Plus tard, Käthe a indiqué qu’elle voulait également rendre hommage au poème Les tisserands silésiens de Heinrich Heine qui se serait lui-même inspiré d’une chanson sur la révolte des Canuts lyonnais, en 1831 (et non, ce n’est pas celle d’Aristide Bruant, lequel s’est inspiré de la pièce de Hauptmann !) :

 

Dans leurs yeux sombres, pas une larme,

Assis à leurs métiers, ils montrent les dents :

« Vieille Allemagne, nous tissons ton linceul,

Nous y tissons la triple malédiction !

Nous tissons ! Nous tissons !

 

Maudit soit le Dieu aveugle et sourd

Vers qui nous avons prié avec une foi filiale,

Nous avons en vain espéré, attendu,

Il nous a raillés, bernés, bafoués.

Nous tissons ! Nous tissons !

 

Maudit soit le roi, le roi des riches,

Que notre misère n’a pu fléchir,

Qui nous a soutiré le dernier sou,

Et nous fait abattre comme des chiens !

Nous tissons ! Nous tissons !

 

Maudite soit l’hypocrite patrie,

Où seuls prospèrent le mensonge et l’infamie

Où chaque fleur s’affaisse bientôt,

Où règnent putréfaction et odeur de mort.

Nous tissons ! Nous tissons !

 

La navette vole, le métier craque,

Nous tissons avec ardeur, et le jour, et la nuit

Vieille Allemagne, nous tissons ton linceul,

Nous y tissons la triple malédiction,

Nous tissons, nous tissons ! »

 

Autoportrait devant une table – vers 1893
Eau forte et aquatinte, 16,6 x 12 cm
Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam


Peu à peu, Käthe réussit à exposer ses œuvres, en particulier en 1901 à « l’Exposition noir et blanc » de la Sécession berlinoise. Elle commence à rencontrer un succès critique et à trouver des acheteurs puis obtient un poste d’enseignante à l’école des beaux-arts pour femmes, où elle enseigne le dessin et la gravure entre 1899 et 1903.

 

Tête d’enfant entre les mains de sa mère - 1900
(Dessin préparatoire de la composition en trois parties, Ecrasés)
Crayon sur papier, 20,8 x 20,8 cm
Kupferstich-Kabinett, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde


Ecrasés – 1901
Eau forte
Käthe Kollwitz Museum – Köln


Au tournant du siècle, Käthe prend le temps de voyager, en dépit de la présence de ses deux jeunes enfants, ce qui démontre la liberté dont elle bénéficiait au sein de son couple. Elle se rend même à Paris, en 1901 et 1904, fait des expériences de couleurs sur différentes sortes de papiers. Elle rencontre Pissarro et Rodin, découvre les Nabis et les néo-impressionnistes, prend des cours de sculpture à l’Académie Julian et dessine les bistrots enfumés où les artistes se retrouvent !

 

Femme à l’orange -1901
Impression combinée d’une plaque de cuivre gris-noir et d’une pierre litho orange avec aquatinte sablée,
contrecollée sur papier vergé gris violet, 23,1 x 11,2 cm
Kupferstich-Kabinett, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde


Deux hommes et un couple d’amoureux sur un banc - 1904
Graphite et encre, rehauts blancs sur papier de couleur crème
Käthe Kollwitz Museum, Cologne


Autoportrait de face - 1904
Lithographie au crayon et au pinceau en trois couleurs, 47,9 x 34 cm
Käthe Kollwitz Museum, Cologne


Käthe a exploré le thème de la mort des enfants dès ses premiers travaux. Ce thème, récurrent dans son œuvre, lui inspire des images parfois à la limite du soutenable. Et, lorsqu’en 1908 son fils Hans contracte la diphtérie, elle produit une nouvelle série sur le thème.

 

Mère et son enfant mort – 1904
Gravure au trait, pointe sèche, papier de verre et vernis mou
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Mort, mère et enfant – sans date
Fusain sur papier vergé Ingres, 48 x 63,8 cm
National Gallery of Art, Washington, D.C.


Tod, Frau und Kind (Mort, femme et enfant) - 1910
Gravure au trait et pointe sèche, 40,8 x 41,1 cm
Museum of Modern Art, New York



Autoportrait – 1910
Fusain sur papier Ingres bleu-gris
Käthe Kollwitz Museum, Cologne


Käthe s’intéresse ensuite à l’Histoire générale de la Grande guerre des paysans, (Allgemeine Geschichte des großen Bauernkrieges) de Wilhelm Zimmermann (1807-1878). Le thème en est la révolte des paysans de 1524/25, alors considérée comme le point de départ de la tradition révolutionnaire et comme une sorte de paradigme de la lutte pour la liberté. Elle envisage d’abord des lithographies en couleur, probablement à la suite de son séjour à Paris. Mais elle réalise finalement une série de gravures.

Le principe narratif est le même que celui de Révolte des Tisserands. Deux premières feuilles pour dénoncer la situation qui est l’origine de la révolte : les conditions de travail inhumaines et le despotisme, illustré par le droit de cuissage. Puis viennent les préparatifs de la lutte, ses débuts et la fin sanglante : une femme au milieu d’un champ de cadavres.

 

Les Laboureurs
Feuille 1 du cycle Guerre des paysans -1907
Gravure au trait, pointe sèche, aquatinte, réserve, papier de verre, 
faisceau d’aiguilles et vernis mou
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Il fallut six ans à Käthe pour arriver à la version finale de cette feuille, où deux paysans, dépourvus de bœufs, sont eux-mêmes attelés à la charrue.

 

Violée
Feuille 2 du cycle Guerre des paysans – 1907
Gravure au trait, pointe sèche, aquatinte, réserve, papier de verre, 
faisceau d’aiguilles et vernis mou
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

Une petite fille, derrière la barrière, regarde le corps de sa mère assassinée, abandonnée dans un jardin ravagé.

Ce qui différencie les deux séries, Tisserands et Paysans, est la présence d’Anna la Noire (Schwarze Anna), héroïne historiquement documentée, qui incite ses compagnons à la révolte. Käthe la présente de dos afin que le spectateur puisse s’identifier au personnage.

 

L’assaut
Feuille 5 du cycle Guerre des paysans -1902
Gravure au trait, pointe sèche, aquatinte, réserve, papier de verre, 
faisceau d’aiguilles et vernis mou
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

L’assaut (détail)
Source : Bibliothèque de l’INHA
© Photo Nathalie Muller

Dans une lettre de 1903, Käthe indique qu’elle considère l'Assaut, première feuille achevée du cycle, comme sa « meilleure œuvre à ce jour ». Elle l’expose à la Sécession berlinoise de 1902.


En 1908, Käthe commence son journal. Elle a 41 ans. Dès les premières pages, elle évoque la situation des patientes de son mari, réduites à la mendicité au moindre accident de la vie et dont la souffrance sociale est aggravée par leur condition de femmes. Elle en fait les Images de misère que l’hebdomadaire satirique Simplicissismus lui propose de publier. C’est un soutien important pour son travail car Simplicissismus, un magazine grand format en couleur, occupe alors une position très en vue au sein de la presse politique allemande. Elle y côtoie notamment Heinrich Zille, un illustrateur satyrique et caricaturiste inclassable, comme elle attaché à dépeindre avec empathie les conditions de vie du peuple de Berlin.

 

Heinrich Zille (1858-1929)
Devant le magasin de lait
Image Wikimedia Commons

 

Chez le docteur
Série Images de la misère – 1908/1909
Crayon noir sur papier
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

La suppliante – 1909
Fusain sur papier
Käthe Kollwitz Museum, Berlin


Femme enceinte allant se noyer – 1926
Fusain sur papier
Käthe Kollwitz Museum, Cologne


Les existences tragiques que Käthe dépeint dans son travail contrastent avec sa propre vie de famille de l’époque. En avril 1910, elle écrit dans son journal : « Cette période de ma vie me semble très belle. Il n’y a pas eu de grands malheurs irréparables, les garçons deviennent de plus en plus indépendants. [...] et je suis encore assez jeune pour avoir ma propre vie. »

Käthe crée aussi des affiches, notamment celle de « l’Exposition allemande de l’industrie artisanale » de 1906. Organisée par des syndicats, elle portait sur les conditions de travail des ouvriers et c’était la première exposition de ce type en Allemagne. Elle fut montrée à Unter den Linden, une avenue élégante du centre-ville, lieu de promenade de la bonne société berlinoise. L’impératrice, choquée par le visage épuisé de la Travailleuse à domicile, refusa de visiter l’exposition tant que l’affiche de Käthe Kollwitz n’en serait pas retirée.

 

La travailleuse à domicile – 1906
Affiche pour l’« Exposition allemande de l’industrie artisanale »
Lithographie au crayon et au pinceau avec technique de pulvérisation et de rayure
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

La deuxième affiche commandée à Käthe annonce une exposition sur la crise du logement à Berlin. Il y est écrit « 600 000 habitants du Grand Berlin vivent dans des appartements où chaque chambre est occupée par 5 personnes et plus. Des centaines de milliers d’enfants n’ont pas accès à une aire de jeux. » Cette affiche est également interdite pour « incitation à la haine de classe ».

 

Affiche pour l’exposition « Für Gross Berlin » – 1912
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Derrière les enfants, figure une pancarte alors fréquente : « il est interdit de jouer dans la cour et la cage d’escalier ».

 

A partir des années 1910, Käthe se consacre intensément à la sculpture et mène une quarantaine de projets dont 19 seulement nous sont parvenus. C’est l’époque où elle loue son premier atelier personnel.

 

Couple d’amants – 1913/15
Bronze,  H 710 x  L 472 x P 483.5
Käthe Kollwitz Museum, Cologne


Autoportrait – 1912
Eau forte
Käthe Kollwitz Museum – Cologne


Le « grand malheur irréparable » arrive en 1914. Les deux fils de Käthe s’enrôlent en octobre 1914 comme volontaires dans l’armée. Dix jours après leur départ pour le front, Peter, dix-huit ans, tombe en Belgique. En tant que mineur, il avait eu besoin d’une autorisation parentale pour s’enrôler et Käthe était intervenue auprès de son mari pour qu’il accepte de la lui accorder. Elle voulait soutenir son fils qui pensait que la guerre ébranlerait les fondements de la société bourgeoise et déboucherait sur un monde meilleur…

 

Peter Kollwitz, octobre 1914
Source : Les amis de Käthe Kollwitz


Käthe canalise sa douleur en se lançant dans un grand projet de sculpture et passera le reste de sa vie d’artiste à militer pour empêcher une nouvelle guerre.

 

Autoportrait – 1915
Lithographie
 Käthe Kollwitz Museum, Berlin

Les lettres de Käthe contiennent de multiples informations sur sa volonté désespérée de donner une expression plastique à sa souffrance. Elle commence par une forme couchée, avec le père près de sa tête et la mère à ses pieds. Ce n’est qu’en 1931 que deux blocs de granit sont sculptés sous sa supervision. Exposés plusieurs semaines à la Nationalgalerie de Berlin, ils seront installés ensuite dans le cimetière d’Esen/Roggenfeld (Belgique), où son fils était enterré.

 

Les parents éplorés - 1932
Granit de Belgique
Cimetière militaire allemand de Vladslo
Source : Bibliothèque de l’INHA


Malgré la dépression que reflètent ses journaux intimes, Käthe fait face. La reconnaissance officielle de son travail arrive en 1919 : elle est la première femme à être élue membre de l’Académie des beaux-arts et y devient professeur. Cette distinction a été interprétée par les autres femmes artistes comme une conquête pour l’égalité des droits des femmes au sein d’une société qui reste profondément misogyne.

Une autre femme artiste, Hannah Höch, elle-même confrontée à la misogynie des membres du mouvement Dada, le souligne dans son célèbre photomontage Coupé avec le couteau de cuisine dadaïste à travers la dernière époque Weimarienne de la culture de la bière en Allemagne (1919/20). Elle place le visage de Käthe Kollwitz au centre de sa composition (au-dessus du corps sans tête de la danseuse Niddy Impekoven déguisée en poupée Pritzel), en hommage à son rôle de pionnière.

 

Hannah Höch (1889-1978)
Schnitt mit dem Küchenmesser Dada durch die letzte
Weimarer Bierbauch-Kulturepoche Deutschlands – 1919 (détail)
Collage 114 x 90cm
Staatliche Museen zu Berlin

La photographie avait été découpée dans le magazine Berliner Illustrierte Zeitung, dont la légende disait « Käthe Kollwitz, peintre et graveuse, première femme membre de l’Académie des beaux-arts. »

 

En 1918, Käthe prend publiquement position contre la guerre dans deux journaux. Elle dénonce également l’assassinat de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht et, à la demande de sa veuve, le dessine à la morgue de Berlin le matin du 25 janvier 1919, jour où il fut enterré avec la trentaine d’autres victimes des unités Freikorps.

 

Karl Liebknecht sur son lit de mort – 1919
Etude au fusain
Käthe Kollwitz Museum – Berlin


Les funérailles de Liebknecht se transforment en manifestation de masse. Käthe conçoit une feuille commémorative comme une lamentation à résonnance chrétienne :

 

In Memoriam Karl Liebknecht – 1920
Gravure sur bois, 34.9 x 49.9 cm
Museum of Modern Art, New York

Käthe est considérée comme une autorité morale et, à ce titre, fortement sollicitée. Mais ses positions profondes sont beaucoup moins assurées qu’on a pu le croire. Dans son journal, elle écrit en 1920 : « On me prête une conscience politique avisée. J’ai pourtant beaucoup de mal à me forger une opinion. »

Pour autant, comme elle l’écrit le 5 janvier 1920, « Il faut [qu’elle] exprime la souffrance incessante des hommes, cette souffrance devenue aujourd’hui incommensurable. »  

Le slogan « Plus jamais la guerre » » (Nie wieder Krieg) est lancé en août 1919 par le Berliner Volks-Zeitung, un journal de grand tirage, dans son édition spéciale commémorant le début de la Première Guerre mondiale. La rédaction du journal se joint à des écrivains pour lancer l’initiative d’un « Mouvement pacifiste des combattants » (Friedensbund der Kriegsteilnehmer : FDK) et décide d’organiser tous les ans une manifestation de commémoration.

Le succès du premier grand rassemblement de 1920 incite les deux partis socialistes (MSPD, USPD), certains syndicats et les nombreuses associations pacifistes, à participer au rassemblement de 1921 qui réunit entre 100.000 et 200.000 manifestants à Berlin.

En 1924, la « Jeunesse ouvrière socialiste » sollicite Käthe pour la commémoration des dix ans du début de la guerre. L’affiche qu’elle dessine est utilisée lors d’une manifestation sur l’Augustusplatz de Leipzig, destinée à rappeler les « événements horribles des années de guerre sanglantes », mais aussi de dénoncer toute nouvelle guerre.

 

Plus jamais la guerre ! – 1924
Crayon et lithographie au pinceau
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

Il est possible que le motif de la main levée fasse référence à un événement réel : en 1920, lors de la première journée nationale de la « Jeunesse ouvrière socialiste d’Allemagne » à Weimar, le responsable du mouvement, Max Westphal, a levé le dernier bras qui lui restait après la guerre, en criant : « Plus jamais la guerre ! » Quoi qu’il en soit, cette célèbre affiche est devenue un symbole des mouvements pacifistes dans le monde et sera réutilisée de nombreuses fois.

Käthe s’implique aussi aux côtés du Parti communiste, et crée une affiche contre l’interdiction de l’avortement. A une époque où la contraception était inefficace, c’était le seul moyen de régulation des naissances pour les femmes accablées de misère et d’enfants :

 

Nieder mit den Abtreibungs Paragraphen (A basl’article sur l’avortement)
Affiche du Parti communiste allemand (KPD)
Lithographie, 52,5 x 48,4cm
Deutsches Historisches Museum, Berlin


La qualité graphique des affiches est parfois un peu discutable, comme celle d’une de ses productions les plus célèbres, commandée par le Workers International Relief (WIR) contre les privations d’après-guerre liées à l’inflation galopante. Mais le plus urgent était d’être bien compris du plus grand nombre…


Deutschland Kinder hungern (Les enfants allemands ont faim) – 1923
Crayon et lithographie au pinceau
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

Et Käthe ne pourra pas toujours maîtriser l’utilisation de ses propres images. Ainsi, son célèbre dessin Brot ! (Du pain !) sera réutilisé et publié sous une fausse signature, par le magazine féminin NSDAP Nationalsozialistische Frauenwarte (Guetteuses féminines du national-socialisme), pour dénoncer la faim causée par « la peste rouge » pendant la guerre civile en Espagne, en dépit de ses refus répétés de laisser les nazis récupérer son travail.

 

Brot !  - 1924
Publié dans le portfolio Inanition pour le Workers International Relief
 Ce portfolio contenait sept lithographies originales, notamment d’Otto Dix, George Grosz et Heinrich Zille
Käthe Kollwitz Museum – Cologne



George Grosz (1891-1969)
Hunger (Faim) - 1924
Lithographie, 34 x 24 cm
Collection particulière

Käthe continue son combat contre la guerre. Elle présente un nouveau cycle de sept gravures en 1922 Krieg (La guerre) qui représente son propre cheminement : après avoir d’abord craint la guerre tout en la considérant comme légitime, elle adopte progressivement une position pacifiste et en rejette l’idée.


Le sacrifice
Feuille 1 du cycle de La Guerre – 1922
Gravure sur bois
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

Une femme nue, sans protection, présente son fils. Ses yeux fermés symbolisent son aveuglement : elle ne voit pas qu’il sera sacrifié.

 

Les volontaires
Feuille 2 du cycle de La Guerre – 1922
Gravure sur bois
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

Cette seconde feuille s’inscrit dans la tradition des danses macabres médiévales : cinq jeunes gens suivent la mort (à gauche), certains avec aveuglement, d’autres avec passion, voire enthousiasme.

 

La veuve
Feuille 4 du cycle de La Guerre – 1922
Gravure sur bois
Käthe Kollwitz Museum – Cologne

Une jeune femme enceinte pose ses mains sur son ventre arrondi, dans un geste protecteur. La mort de son mari la laisse douloureuse et abandonnée.

 

Les mères
Feuille 6 du cycle de La Guerre – 1922
Gravure sur bois, 34.3 x 40 cm
Museum of Modern Art, New York

Des femmes unies forment un cercle, une forteresse, pour protéger leurs enfants, ce qui n’empêche pas certains d’entre eux de jeter un œil vers l’extérieur…

 

Le peuple
Feuille 7 du cycle de La Guerre – 1922
Gravure sur bois, 36 x 30 cm
Museum of Modern Art, New York

Au centre, une femme évoque l’image de la Vierge de la Miséricorde. Elle pose sa main devant l’enfant horrifié dans un geste de protection. Derrière elle, se serrent les survivants meurtris, aux visages désespérés.

 

En 1927, à l’occasion du soixantième anniversaire de Käthe, l’exposition d’automne de l’Académie des arts de Prusse expose une part très importante de son œuvre gravé. Elle se rend la même année à Moscou où elle est invitée pour la célébration des dix ans de la révolution d’Octobre. Son œuvre fut plusieurs fois exposé en U.R.S.S. par la suite.

L’année suivante, elle est la première femme à recevoir la croix du mérite des sciences et des arts. Elle est nommée professeur du département d’art graphique de l’Académie des beaux-arts et on lui attribue un grand atelier. 


Marie et Elisabeth – 1928
Gravure sur bois, 37,2 x 35 cm
Museum of Art, Toledo – Ohio


En 1931, Käthe est enfin rejointe à l’Académie par la sculptrice et graveuse Renée Sintenis (auteur du fameux ourson du festival du film de Berlin), qui vient d’y être élue. S’ouvre alors une courte période de complicité intellectuelle et artistiques pour les deux seules femmes qui siègent à l’Académie…

 

Renée Sintenis (1888-1965)
Scotch Terrier – 1928
Pointe sèche, image 14.8 x 12.1 cm
Museum of Modern Art, New York

La naissance de ses deux petites filles jumelles, inspire à Käthe une métaphore de l’amour maternel d'où l’angoisse de la perte ne paraît pas complètement absente…

 

Mère avec deux enfants – 1932
Bronze
Käthe Kollwitz Museum, Cologne


Inquiète de la montée du nazisme, Käthe signe la même année un manifeste appelant à l’unité contre le national-socialisme.

En janvier 1933, l’arrivée au pouvoir de Hitler modifie immédiatement les conditions de vie de Käthe : son mari perd son poste hospitalier, son fils est licencié de son poste de médecin scolaire et elle-même est exclue de l’Académie des beaux-arts. Elle perd son salaire, ses élèves et son atelier, tout comme Renée Sintenis, d’origine juive, qui est immédiatement considérée comme une représentante de « l’art dégénéré ».

 

Autoportrait – 1934
Lithographie
Käthe Kollwitz Museum, Berlin


Käthe continue cependant de travailler au sein de « l’Atelier communautaire de la Klosterstraße ». Ses sculptures de l’époque expriment clairement ses choix politiques. En 1936, la Gestapo qui la suspecte de sympathie communiste, perquisitionne son domicile et lui interdit d’exposer.

Pourtant, Käthe continue à se battre et montre La tour des mères – la seule de ses sculptures à avoir été coulée en bronze de son vivant - à l’exposition de Noël 1938 de l’Atelier communautaire de la Klosterstraße. 

 

La tour des mères – 1937/38
Bronze
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

L’œuvre est retirée de l’exposition par les nazis mais Käthe devient un modèle de résistance pour ses jeunes collègues.

Elle crée également en 1938, une série de 8 lithographies au crayon, sur le thème de la mort, qui se conclut par un autoportrait :

 

Appel de la mort
Planche 8 de la série Mort – 1937
Lithographie au crayon
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

La mort de son mari en 1940 et la souffrance morale que lui cause la guerre mettent peu à peu un terme à l’expression artistique de Käthe. La même année, l’aîné de ses petits-fils, Peter, est mort sur le front de l’Est, à 24 ans. La tombe familiale, qui abrite déjà le frère et le beau-frère de Käthe, est surmontée d’un relief funéraire que Käthe a créé en 1936.

 

Repose en paix entre ses mains - 1936
Relief de pierre tombale en bronze
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Käthe quitte Berlin en 1943 et, peu après, sa maison est détruite par un bombardement, faisant disparaître une grande partie des traces écrites relatives à son œuvre.

Au cours de l’été 1944, elle répond à l’invitation du prince Ernst Heinrich de Saxe qui est l’un de ses admirateurs. C’est dans le petit logement qu’il lui a alloué dans son château de Rüdenhof que Käthe s’éteint, le 22 avril 1945, quelques jours avant la fin de la guerre.

Ses cendres seront transférées dans le caveau familial au mois de septembre suivant mais le cimetière est en Allemagne de l’Est. Sa sœur Lisbeth, qui meurt à l’Ouest en 1963, ne pourra pas être inhumée avec les siens…

*

 

Après sa mort, l’œuvre de Käthe Kollwitz a été reconnue dans les deux Allemagnes, non sans quelques hésitations à l’Est où elle d’abord regardée comme une artiste trop bourgeoise pour être tout à fait acceptable, en dépit de son statut d’opposante et de victime du nazisme. Toutefois, son nom est donné à la rue de sa maison détruite et la Wörther Platz,,attenante est rebaptisée Kollwitz Platz dès 1949. Puis, au moment du centenaire de sa naissance, la RDA qui souhaite mettre l’accent sur « l’art prolétarien » comme composante d’une identité est-allemande, lui rend un hommage appuyé.

En Allemagne de l’Ouest, en revanche, elle est immédiatement célébrée sans réserve : un timbre à son effigie est édité en 1954 et, en 1993, un « Mémorial aux victimes de la tyrannie et de la guerre » est installé dans le bâtiment de Schinkel érigé sur Unter den Linden, pour y installer une Piéta de Käthe, Mère avec son fils mort. Aujourd'hui, de nombreux bâtiments publics, écoles et bibliothèques, portent son nom.

 

Mère avec son fils mort – 1937/39
Bronze
Neue Wache, Berlin

 

L'œuvre de Käthe est aujourd’hui présenté dans plusieurs musées allemands, notamment à Berlin et à Moritzburg, près de Dresde mais le musée Käthe Kollwitz de Cologne est celui qui dispose du fond le plus important.

Elle a fait l’objet d’expositions régulières, la dernière en France, « Je veux agir en ce temps », a été organisée par le musée d’art moderne de Strasbourg fin 2019, en partenariat avec le Kollwitz Museum de Cologne.

L’œuvre de Käthe Kollwitz, artiste représentative de l'expressionnisme allemand, est accessible mais parfois difficile à aborder émotionnellement. C’est sans doute parce qu’elle a voulu, avec une sincérité passionnée, explorer les effrois causés par la guerre et la violence sociale et qu’elle l’a fait avec une puissance rarement égalée…sauf par Otto Dix et George Grosz qui sont beaucoup plus célèbres qu'elle en France… peut-être parce que, plus jeunes, ils ont pu participer pleinement au mouvement de la Nouvelle Objectivité


Lamentation – 1938-40
Bronze
Käthe Kollwitz Museum, Cologne

Sculpture créée par Käthe Kollwitz à la mort de son ami, le sculpteur Ernst Barlach (1870-1938).

 


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